Charles Darwin, père de nos connaissances sur l’évolution avec L’Origine des Espèces, estimait qu’il y avait un mystère « abominable » dans l’évolution des plantes à fleurs.

Il y a un mystère qui fut qualifié naguère d’« abominable » par Charles Darwin en personne, celui qui a bâti notre socle de connaissances sur l’évolution. Ce mystère qui perturbait tant l’auteur de L’Origine des espèces implique les plantes à fleurs.

Alors, oui, sans doute restez-vous perplexe face à la possibilité d’une terrible énigme autour des plantes à fleurs — ou « angiospermes » dans le vocable scientifique. Mais cette expression venait surtout, plus probablement, de la frustration de Darwin de ne pas avoir des pièces manquantes. Car du point de vue de l’évolution, il y a bien quelque chose d’étonnant au sujet de ces plantes : elles semblent s’être développées et répandues sur toute la planète en un temps record. C’est ce qu’a longtemps suggéré le catalogue de fossiles.

Darwin avait constaté que les traces fossiles des premières angiospermes étaient étonnement récentes. Pourtant, dès la fin du Crétacé, il y a 60 millions d’années, ces plantes à fleurs étaient partout. Elles représentent aujourd’hui 90-96 % de la biodiversité végétale. Pour la mécanique évolutive, cette chronologie apparaît bien rapide : il semblait manquer des pièces du puzzle.

Le mystère est-il un peu moins abominable aujourd’hui ?

Le puzzle n’est toujours pas pleinement résolu à notre époque. Toutefois, grâce à des découvertes fossiles, quelques pièces ont pu être ajoutées à l’ensemble. Le mystère semble moins abominable qu’avant. Une nouvelle étude, dans cette continuité, vient d’être publiée, en janvier 2022, dans les Geological Society Publications.

Dans les années 2010, deux fleurs angiospermes parfaitement fossilisées ont été découvertes en Chine. La première (Euanthusremonte) à quelque 145 millions d’années. La seconde (Nanjinganthus) est datée de 174 millions d’années. Mais ces découvertes ne font pas l’unanimité comme « chaînon manquant », puisqu’elles ne ressemblent pas tout à fait à des angiospermes. Dans l’état dans lequel elles ont été retrouvées, elles pourraient potentiellement être des gymnospermes, une autre espèce.

Mais l’étude publiée en janvier 2022 présente une plante fossilisée (Florigerminis) datée de 164 millions d’années et qui a tout le potentiel pour faire potentiellement consensus. Elle dispose d’un certain nombre d’éléments qui permettent de l’identifier comme angiosperme : « ce fossile comprend non seulement une branche feuillue mais aussi un fruit et un bouton de fleur physiquement connectés », un trio très précis.

Fossile d'un potentiel angiosperme daté d'il y a 174 millions d'années. // Source : Geological Society Publications / Da-Fang Cui & al.
Fossile d’un potentiel angiosperme daté d’il y a 174 millions d’années. // Source : Geological Society Publications / Da-Fang Cui & al.

Cette découverte suggère que « les fleurs des angiospermes étaient présentes au Jurassique, en accord avec les progrès botaniques récents ». En clair : cela semble peu à peu se confirmer que les plantes à fleurs existaient plus tard qu’on le pensait, c’est-à-dire dès le Jurassique et non au Crétacé. Pour les auteurs, cela implique de « repenser l’histoire évolutive des angiospermes ».

Et si cette nouvelle histoire évolutive des plantes à fleurs se confirme, le mystère abominable n’en sera plus un, car la propagation de cette espèce prend davantage de sens. Il faut attendre encore quelques découvertes supplémentaires pour réellement attester d’une histoire plus complète, mais on s’en rapproche.

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