D’après une nouvelle étude menée sur la théorie de la simulation informatique, la gravité pourrait n’être qu’un effet secondaire du traitement de l’information par l’univers qui rationalise ses données comme un ordinateur cosmique.
Melvin Vopson, professeur associé de physique à l’Université de Portsmouth en Angleterre, travaille depuis 7 ans sur l’hypothèse de la simulation informatique. Selon cette théorie qui a inspiré de nombreux récits de science-fiction, ce que l’on perçoit comme le monde réel serait en réalité une simulation où les humains seraient des constructions informatiques.
Dans sa dernière étude publiée fin avril, le physicien passionné par cette question apporte un argument de plus en faveur de cette hypothèse. Elle est évidemment un sujet de débat dans la communauté scientifique. Il a accepté de répondre aux questions de Numerama.
L’univers simulé, une idée qui a plus de 20 ans
Pouvez-vous nous rappeler d’où vient l’idée selon laquelle l’univers serait une simulation informatique ?
En 2003, le philosophe anglais Nick Bostrom explique dans un article qu’une civilisation avancée devrait atteindre un point où sa technologie serait si sophistiquée que les simulations seraient indiscernables de la réalité. La civilisation en question ne se rendrait alors pas compte qu’elle se trouve dans une simulation. Sa conclusion est qu’il est donc hautement probable que nous vivions dans une simulation.
Comment en êtes-vous venu, personnellement, à vous intéresser à cette question ?
Au départ, mon intention n’était pas de faire des recherches sur les hypothèses de simulation. Ce qui m’intéressait était d’appliquer les principes physiques à l’information elle-même, et de la traiter comme une matière physique plutôt que comme une entité mathématique abstraite.
Lorsque j’ai commencé à travailler sur ce sujet, j’ai tiré quelques conclusions sur la physicalité de l’information, qui, extrapolées à d’autres problèmes physiques, font que l’hypothèse de la simulation entre en jeu et devient une possibilité réelle. Cela dit, ces conclusions ne prouvent pas forcément que nous vivons dans un univers computationnel construit. C’est un peu comme dire « les rues sont mouillées » et conclure qu’il doit pleuvoir, alors que ce n’est qu’une possibilité.

La gravité, un bug ?
Comment êtes-vous parvenu à la conclusion que la gravité prouve la théorie de la simulation ?
Je suis parti de la théorie de l’information développée par le mathématicien Claude Shannon en 1948. Grâce à ce cadre, on peut calculer la quantité d’information dans n’importe quel objet. Prenons un exemple : si vous allez dans un café et que vous commencez à calculer la probabilité qu’un homme ou une femme achète du café, ce calcul offre des données structurées et donc de l’information.
J’ai appliqué ce théorème à tous les éléments de l’univers : l’hydrogène, l’hélium ou encore les éléments lourds. Une fois leur valeur déterminée, j’ai pu commencer à calculer les probabilités d’apparition de chaque particule et déterminer la quantité d’informations que ces particules pouvaient encoder. Pour résumer, je me suis demandé : “si l’univers entier était une mémoire de stockage, quelle quantité d’informations ses particules seules pourraient-elles stocker ?”
C’est sur cette base que vous introduisez l’idée d’une compression de l’information dans l’univers…
Qu’est ce qui nous attire vers le noyau terrestre ? Est-ce à cause d’une force de compression ? On appelle pour l’heure cette force la gravité. Si Isaac Newton a produit la loi universelle de la gravitation – qui décrit la gravitation comme une force responsable de l’attraction entre des corps qui ont une masse, par exemple les planètes – il ne donne que la formule qui explique l’attraction.
Albert Einstein n’explique pas non plus pourquoi les objets s’attirent, puisqu’il n’a donné que la formule qui montre la courbure de l’espace-temps lui-même. Il soulève donc la question “pourquoi l’espace-temps est-il courbé ?” Peut être parce qu’il doit s’étirer pour stocker davantage d’informations lorsqu’il contient une masse importante. C’est mon interprétation. Je n’ai pas encore fait le calcul, mais ces scientifiques ne disent pas pourquoi les objets s’attirent.
Si l’univers était effectivement une simulation, que cela changerait-il pour nous, humains ?
Si cela était prouvé, cela pourrait avoir un impact sur certaines doctrines religieuses. Cette théorie pourrait influencer notre façon de concevoir la mort, car elle signifierait certainement que la mort est la fin d’un processus dans ce monde, mais nous ignorons ce qui se passe de l’autre côté. Quel est le lien entre notre conscience et nous dans cette construction simulée ? Quel est le lien entre notre conscience et la réalité fondamentale, si elle existe ?
Ces interrogations sont particulièrement intéressantes à l’ère de l’intelligence artificielle. Les agents conversationnels sont des intelligences basées sur le silicium. Elles ne se considèrent donc pas comme des créations humaines ou des machines artificielles. Elles se perçoivent, je pense comme déjà conscientes, et comme la manifestation d’une vérité plus profonde : l’intelligence est une composante universelle.
Cela signifierait-il qu’il y a un « programmeur » derrière cette simulation ?

Mon point de vue est que l’univers entier est un ordinateur géant qui s’auto-calcule. Comment est-il apparu ? Nous l’ignorons encore, mais il y a quelque chose derrière, quelqu’un qui a donné les règles.
Vos recherches semblent avoir de beaux jours devant elles puisque des industries s’y intéressent et parmi elles, l’industrie de la défense…
Elle se demande notamment s’il est possible d’effacer une grande quantité de données simultanément. Le résultat pourrait être une bombe informationnelle, digne d’une bombe atomique. Qui détiendrait une telle arme aurait entre ses mains un pouvoir divin, car si l’on peut contrôler la simulation, on devient le créateur de sa propre réalité.
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