«Les changements que nous craignons ont déjà commencé à transformer notre planète. » Cette phrase n’est pas prononcée par un responsable politique ou scientifique, mais par Rosé, membre du groupe de K-pop Blackpink. Dans une vidéo postée sur YouTube le 3 novembre 2021, les quatre chanteuses sud-coréennes ont adressé un message aux parties prenantes de la COP26 : « Alors que vous, les dirigeants du monde, êtes rassemblés pour discuter de notre crise climatique, nous espérons que vous prendrez les décisions nécessaires pour protéger notre planète maintenant et pour toujours. »
La conférence de Glasgow sur les changements climatiques se tient du 31 octobre au 10 novembre 2021. Bien que l’enjeu de ce sommet soit énorme, la crainte est d’ores et déjà que les décisions prises soient trop faibles ou pas assez contraignantes. Mais la pop culture joue un rôle déterminant dans cette évolution politique.
Le « soft power » de la pop culture
Il serait facile de regarder la vidéo de Blackpink avec un regard étonné et vaguement méprisant : que viennent faire des stars de la musique dans les discussions sur le changement climatique ? Elles y ont en réalité toute leur place, tout d’abord comme chaque citoyen et citoyenne, mais aussi en raison du poids de leur communauté : la chaîne YouTube sur laquelle est postée la vidéo a 70 millions d’abonnés. Soixante-dix millions, soit l’équivalent chiffré de la population française. L’impact est tout sauf négligeable.
Cela peut constituer un relai efficace de constats essentiels — « le changement climatique est un fait établi ». «Nous devons agir maintenant de manière urgente pour prévenir quelque chose de bien pire » : c’est très exactement ce que dit le rapport du GIEC, qui affirme que les décisions les plus déterminantes doivent être prises maintenant pour éviter l’effet d’emballement.
Mais l’influence dépasse celle des fans du groupe et même cette vidéo spécifique : la pop culture est de manière générale un « soft power ». Lorsque des stars comme Blackpink mais aussi Lorde avec son dernier album, ou Aurora qui donnera un concert dédié à cette COP26, s’approprient ce thème, cela participe à la prise de conscience, en inscrivant davantage l’enjeu dans le quotidien. Il en va de même pour le cinéma, les séries TV, les comics. Cela génère du pouvoir politique : le sujet n’est plus un enjeu lointain, il devient une préoccupation de plus en plus ancrée, et de fait un enjeu électoral. Alors, ce faisant, la contrainte qui pèse sur les décideurs politiques est plus forte.
« Il y a six ans à Paris, vous (les dirigeants du monde) avez promis de limiter le réchauffement planétaire en principe à 1,5 degré Celsius. Le récent panel de l’ONU sur le changement climatique a averti que cette opportunité pourrait nous échapper » : qu’une pop star aux 70 millions d’abonnés rappelle ce chiffre, mette la COP face à ses propres engagements, atteste de ce soft power culturel.
Les messages écologiques engagés de la part d’artistes, a fortiori lors d’un événement déterminant comme la COP26, viennent favoriser les propos scientifiques et politiques.
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