Les deux premiers accords pris lors de la COP26 ne remplissent pas les critères définis par le dernier rapport du GIEC pour lutter efficacement contre la crise climatique.

Des décisions déterminantes peuvent — et doivent — être prises à l’occasion de la COP26, la conférence de Glasgow 2021 sur les changements climatiques. À ce stade, au 3 novembre 2021, alors que le sommet bat son plein, déjà deux accords ont été annoncés :

  • Une déclaration commune pour freiner la déforestation à l’horizon 2030.
  • Un accord sur la réduction de 30 % des émissions de méthane d’ici 2030 par rapport aux émissions de 2020.

Ce sont deux sujets absolument cruciaux. Pour autant, ces deux décisions posent déjà problème : elles ne sont pas à la hauteur, au-delà de l’effet d’annonce.

L’enjeu des deux premières annonces de la COP26

Lutter contre la déforestation est un enjeu de la crise climatique, car les forêts et autres surfaces boisées sont des puits de carbone — leur biomasse emmagasine énormément de dioxyde de carbone. C’est encore plus le cas pour les forêts tropicales comme l’Amazonie, dont les incendies à répétition sont une véritable menace pour l’écosystème local et la planète. Lorsque ces biomasses forestières brûlent, le dioxyde de carbone est libéré et contribue au réchauffement planétaire.

« Un cinquième des émissions de gaz à effet de serre dues aux activités humaines provient de la destruction des forêts », rappelle WWF.

La déforestation génère un dérèglement de l'écosystème local. // Source : Ibama / Wikimedia

La déforestation génère un dérèglement de l'écosystème local.

Source : Ibama / Wikimedia

Le méthane, de son côté, est un gaz qui reste moins longtemps dans l’atmosphère que le dioxyde de carbone. Il n’en est pas moins problématique, car il est bien plus « puissant » : pendant environ 20 ans après son relâchement dans l’atmosphère, il piège 32 fois plus de chaleur par unité de masse que le dioxyde de carbone. Un quart du réchauffement de la planète est causé par les émissions humaines de méthane.

Des fuites de méthane dans l'air, invisibles sauf avec une caméra infrarouge. // Source : Clean Air Task Force

Des fuites de méthane dans l'air, invisibles sauf avec une caméra infrarouge.

Source : Clean Air Task Force

Accord non contraignant et grands absents

Il était donc essentiel que la COP26 se penche sur ces problèmes majeurs. Toutefois, chaque accord comprend une limite de taille :

  • L’accord visant à lutter contre la déforestation d’ici 2030 n’est pas contraignant. Ce faisant, il vient seulement remplacer un accord préexistant, celui de la Déclaration de New York sur les forêts. Cette déclaration indiquait : « l’objectif commun est de réduire les pertes forestières naturelles de moitié d’ici 2020, en s’efforçant d’y mettre fin d’ici 2030 ». Nous sommes en 2021 et les pertes forestières naturelles n’ont pas été réduites de moitié.
  • L’accord sur le méthane est quant à lui un peu plus solide, mais plusieurs pays n’ont pas souhaité prendre d’engagement : la Chine, l’Inde et la Russie. Or, les émissions de méthane de la Chine n’ont cessé de croître lors de la précédente décennie. Quant à l’Inde, 70 % de son électricité provient du charbon, combustible émetteur de méthane.

Des accords contre la déforestation et pour limiter les émissions de méthane pourraient bel et bien changer la donne. Mais l’engagement doit être réel, et le dernier rapport du GIEC montre que le temps n’est plus aux promesses : le groupe d’experts indiquait que les décisions doivent être immédiates, de grande ampleur et concerner la planète entière. Ces deux premiers accords ne remplissent pas encore ces critères.

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