Ce sont de premières mesures encourageantes pour l’avenir de la 5G. Une campagne a été conduite sur une prochaine bande clé de l’ultra haut débit mobile, dont l’arrivée n’est pas prévue avant quelques années. Cet essai révèle que l’exposition du public aux ondes de cette bande (26 GHz) est particulièrement basse, ce qui est positif sur le plan sanitaire.
Nouvelle génération pour la téléphonie mobile, la 5G exploite plusieurs portions du spectre électromagnétique pour transporter des informations d’une communication, par exemple entre les antennes-relais et les smartphones. En France, trois bandes (700 MHz, 2,1 GHz et 3,5 GHz) sont utilisées, chacune ayant des caractéristiques propres en termes de portée, de débit et de pénétration dans les bâtiments.
D’autres fréquences serviront à terme à transporter les signaux de la 5G, à commencer par la bande 26 GHz. Or, cette tranche du spectre électromagnétique est atypique : elle s’avère très éloignée des autres bandes de la 5G, à tel point qu’elle est la seule qui figure dans une catégorie appelée « ondes millimétriques » (ce nom s’explique par le fait que l’écart entre deux crêtes d’onde est de quelques millimètres).
Des ondes millimétriques plus énergétiques
Cette réalité physique a des conséquences : les rayonnements électromagnétiques qui ont une longueur d’onde plus courte transportent davantage d’énergie que ceux qui ont des fréquences plus basses, avec une longueur d’onde plus allongée. C’est pour cela que la bande 26 GHz est très prometteuse pour améliorer les débits : comme elle a une longueur très courte, elle véhicule plus d’énergie, plus vite.
La bande 26 GHz va être la plus élevée jamais utilisée pour la téléphonie mobile, à moyen terme. Or, les particularités de cette portion du spectre soulèvent légitimement des interrogations sur la santé humaine, puisqu’elle est par nature plus énergétique, car elle rayonne plus intensément. La bonne nouvelle, cependant, est que l’exposition du public aux signaux en 26 GHz devrait être très faible.
C’est en effet ce qui ressort d’une campagne de mesures menée par l’Agence nationale des fréquences, un établissement rattaché au ministère de l’Industrie, dont l’une des prérogatives consiste à vérifier que les niveaux constatés ne dépassent pas les seuils réglementaires, qui sont eux-mêmes établis en ménageant une marge de sécurité par rapport aux effets du rayonnement constatés expérimentalement.
Dans le cas de la bande 26 GHz, la valeur limite réglementaire est fixée à 61 volts par mètre (V/m). Elle se fonde sur les travaux de l’ICNIRP, la commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants. Cette organisation internationale non gouvernementale rassemble des experts scientifiques. Les seuils ont été établis en 1998 et peuvent être révisés si nécessaire.
Or, les mesures obtenues à la gare de Rennes — alors que des expérimentations étaient en cours entre l’opérateur Orange et la SNCF, qui est très intéressée par cette 5G pour ses activités — oscillent entre 0,4 V/m à 3,2 V/m selon les configurations de tests, rapporte l’Agence nationale des fréquences. Ainsi, même pour la valeur la plus élevée, elle reste dix-neuf fois inférieure à la valeur limite de 61 V/m.
Dans son compte-rendu, l’ANFR explique avoir réalisé trois scénarios : sans trafic, avec un trafic maximal et continu dans un faisceau de l’antenne bloqué (cas majorant), et enfin en provoquant le téléchargement de fichiers de 1 Go (cas le plus réaliste). De ces trois mises en situation, il ressort que les faisceaux de l’antenne 5G en bande 26 GHz ont une portée en fait extrêmement limitée.
C’est en effet une autre caractéristique physique du rayonnement : plus la longueur d’onde est courte, moins elle porte. Inversement, plus la longueur d’onde est grande (en clair, si la fréquence est basse), plus elle se diffuse. C’est pour cela, par exemple, que la bande 700 MHz a été surnommée la bande en or de la 4G, car sa fréquence, plus basse que les autres (1800 MHz, 2,1 GHz, 2,6 GHz), couvre plus de distance.
« Dès que l’on s’éloigne de quelques mètres du cœur du faisceau, la contribution de la 5G devient négligeable », dit l’ANFR. « Dans le cas d’usage réaliste, les niveaux d’exposition maximum relevés ne dépassent pas 1 V/m, ce qui est de l’ordre de la moyenne de l’exposition relevée dans le cadre des quelques milliers de mesures effectuées chaque année par l’ANFR sur le territoire français ».
Une campagne de mesures dédiée à la 5G
Ces premiers résultats, très inférieurs aux limites réglementaires, sont encourageants en prévision de la future attribution des fréquences 26 GHz en France, qui doit avoir lieu à une date encore indéterminée. Des travaux sur cette bande sont en cours depuis 2019, mais ce n’est vraisemblablement qu’autour de 2023 qu’elle deviendra un sujet pour les opérateurs et, à travers eux, pour le public.
Ces mesures sont aussi relativement rassurantes dans le cadre du débat sur les effets des ondes sur la santé humaine. Au mois d’avril 2021, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail a rendu un rapport général sur la 5G, en concluant n’avoir constaté aucun risque nouveau pour la santé. Elle regrettait quand même une littérature scientifique insuffisante pour cette bande.
Avant le lancement de la 5G en France, des mesures d’exposition étaient déjà menées sur les sites expérimentaux et les conclusions montraient une très faible exposition du public. En général, l’ANFR note que la population est très peu exposée. Cependant, vu les craintes sanitaires, un effort de transparence a été entrepris, et des mesures additionnelles ont lieu pour informer au mieux le public.
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