La Haute autorité de santé recommande une stratégie vaccinale « réactive » pour freiner les variants préoccupants comme le variant Delta. L’objectif est d’éviter à tout prix à la propagation de ces nouvelles souches pour ne pas dégrader la situation.

Freiner les variants du coronavirus représente un enjeu de taille pour freiner la pandémie elle-même. Il y a quelques mois, le variant Alpha est devenu majoritaire, alors qu’il s’avérait plus contagieux que la souche dite classique, jusqu’à la supplanter. Aujourd’hui, c’est le variant Delta qui inquiète. Plus contaminant à son tour, ce variant représente plus de 90 % des nouvelles infections au Royaume-Uni ; 31 % aux États-Unis ; 15 % en Allemagne ; autour de 6 % en France.

« Le variant Delta est en train de devenir dominant dans le monde (…), elle touche 75 pays et elle progresse en Europe. Il faut partir du principe qu’il faut mettre toutes les chances de notre côté pour éviter que ce variant Delta vienne dégrader la situation », a rappelé le ministère de la Santé lors d’une réunion avec la presse ce 22 juin 2021. « Cela veut dire que si l’on veut prendre de court l’évolution de ce variant, il faut aller à la vaccination. »

C’est pour cette raison qu’en juin 2021, la Direction générale de la Santé a saisi la Haute autorité de Santé (HAS) pour connaitre sa position sur la question. Cette dernière a rendu son avis le 21 juin, en préconisant une « stratégie de vaccination réactive ».

Une vaccination locale et rapide

Dans son avis, la HAS commence d’abord par exclure la stratégie « en anneau », consistant à vacciner les cas contacts des personnes touchées par un variant et les cas contacts de ces cas contacts. Elle préconise en revanche la stratégie réactive visant à vacciner l’ensemble de l’entourage, « c’est-à-dire l’ensemble des individus du foyer du cas détecté, des personnes à son lieu de travail et/ou à l’école/université ». Concrètement, cela signifie que si un cas survient dans un quartier, il s’agit de vacciner tout le quartier ; si un cas survient dans une université, on vaccine toute l’université.

Source : Numerama

En mutant, le coronavirus génère des « variants ». Il s’agit du même virus, mais avec des recombinaisons génétiques qui peuvent avoir un impact, par exemple sur sa transmissibilité. // Source : Numerama

Cette approche concerne plus particulièrement les variants « émergents », lorsqu’ils sont encore peu présents dans une collectivité. La présence de quelques cas signifie qu’il y a potentiellement quelques autres cas présents dans la collectivité ; la vaccination a alors pour but d’éviter sa propagation en toile de fond.

C’est une stratégie qui, validée a posteriori par la HAS, est appliquée depuis quelques semaines en France, alors appelée au début « vaccination ciblée ». L’une des premières occurrences de cette approche date d’il y a même quelques mois, lorsque le fameux « variant breton » avait été identifié. Toujours en Bretagne, en mai 2021, l’ARS du pays de Brest avait ouvert plus tôt qu’ailleurs la vaccination à tous les publics majeurs sans critère d’éligibilité, après l’apparition d’un variant dérivé du variant Alpha. À Bordeaux, fin mai 2021, 19 000 doses de vaccin ont été mobilisées, dans un centre éphémère, pour vacciner un quartier entier peu après la détection d’un variant.

Ceci étant, comme le précise la HAS, cette stratégie ne peut fonctionner qu’avec un critère clé : la rapidité. Cela signifie qu’il faut une mise en œuvre « dès la survenue d’un premier cas de variant détecté ». Trop tarder rendrait l’approche inopérante puisque le vaccin sert à prévenir les infections et les formes graves ; il s’agit donc de réagir lorsqu’il y a encore le moins de personnes possible contaminées.

Cette stratégie repose entièrement sur l’acceptation de la vaccination par le public concerné, puisque, lorsque cette stratégie se déploie, il ne s’agit pas d’imposer le vaccin, lequel n’est pas obligatoire en France, mais bien de permettre facilement et rapidement son accès aux personnes concernées. La HAS ne donne pas de solution particulière pour favoriser cette acceptation, mais insiste pour que soit favorisée une acceptation « optimale ».

Quels vaccins pour cette stratégie ?

Dans son avis, la HAS tend à recommander l’usage des vaccins à ARN messager dans la mise en place de cette stratégie, ce qui inclut Pfizer et Moderna, et exclut AstraZeneca et Janssen. L’autorité invoque deux raisons :

  • L’efficacité vaccinale des vaccins ARNm reste mieux conservée face aux variants Bêta, Gamma et Delta ;
  • Les vaccins ARNm offrent une « meilleure efficacité après une dose ainsi qu’un début de protection plus précoce », ce qui a un rôle déterminant à jouer dans une stratégie qui vise à freiner la propagation précoce d’un variant.

Le ministère de la Santé a indiqué qu’il appliquera toutes les préconisations fournies par la Haute autorité de santé. Il a ajouté que pour « étouffer » l’émergence des variants globalement sur le territoire, la campagne vaccinale s’axera sur la réalisation des deux doses de la façon la plus rapprochée possible, puisque l’efficacité la plus optimale s’obtient surtout après les deux doses.

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