Un confinement local a été annoncé en France dans 16 départements jusqu’à, au moins, la mi-avril. Depuis les débuts de la pandémie, plusieurs pays adoptent cette stratégie. Mais les mesures de confinement local sont-elles aussi efficaces que les confinements nationaux ?

Il est largement prouvé que les mesures de confinement sont efficaces, d’un point de vue épidémiologique, pour freiner la propagation d’un pathogène comme le coronavirus SARS-CoV-2. Elles le sont d’autant plus lorsqu’elles sont associés à une fermeture des écoles, ou encore à des campagnes de dépistage.

Mais qu’en est-il des confinements locaux — sur une ville, un département, une région ? Ils ont été adoptés à plusieurs reprises par différents pays face à l’apparition de foyers préoccupants, comme en Allemagne. La France, quant à elle, est longtemps restée timide sur cette échelle de confinement, préférant le couvre-feu. Toutefois, récemment, des confinements le weekend ont été décrétés, puis, finalement, ce 18 mars 2021, le gouvernement a annoncé que 16 départements passent en confinement local.

Numerama a épluché la littérature scientifique, et il en ressort que les confinements locaux obéissent globalement aux mêmes règles que les confinements nationaux : ils sont efficaces, mais doivent être accompagnés de mesures telles que du dépistage massif et rapide. La fermeture des écoles contribue également à l’efficacité.

Quelques études de cas, en Italie et au Canada

L’un des premiers cas de confinement local en Europe a eu lieu dans la ville de Vo, en Italie. Dès la survenance d’un décès provoqué par la maladie Covid-19, le 21 février 2020, les autorités locales ont décrété un confinement local de 14 jours à l’échelle de la municipalité. Dans une étude publiée dans Nature en juin 2020, il apparaît que ce confinement local a permis « de réduire substantiellement la transmission, avec le taux de reproduction passant d’une valeur initiale de 2,49 avant le confinement, à 0,41 après le confinement. »

Une simulation vient ensuite montrer que si 4,9 % de la population a été infectée par le coronavirus en présence du confinement local, ce serait 86,2 % des habitants qui auraient été contaminés en l’absence d’une mesure de confinement sur la ville. Les auteurs de cette étude insistent bien sur l’importance d’une combinaison entre une mesure de confinement, mais aussi de dépistage.

Le crise sanitaire liée au coronavirus SARS-CoV-2 a chamboulé notre quotidien, mais elle a aussi provoqué une déferlante d'informations et de désinformation. Un contexte qui peut créer du stress. // Source : Pixabay

Le crise sanitaire liée au coronavirus SARS-CoV-2 a chamboulé notre quotidien, mais elle a aussi provoqué une déferlante d'informations et de désinformation. Un contexte qui peut créer du stress.

Source : Pixabay

Un travail de recherche basé sur une étude épidémiologique de l’Ontario (Canada), publié dans PNAS en septembre 2020, va plus loin en allant jusqu’à affirmer que les confinements locaux — à l’échelle des comtés, équivalent de nos départements ou métropoles — peuvent faire preuve d’une plus grande efficacité encore qu’au niveau national. « L’approche comté par comté provoque moins de jours de fermeture et a moins d’impact sur la population qu’une stratégie qui ouvre ou ferme toute la province. C’est vrai même si les habitants commencent à se rendre plus fréquemment dans les comtés réouverts. La stratégie comté par comté est plus efficace lorsque les critères sont coordonnés. »

On trouve dans cette étude l’idée qu’un confinement local a un impact socioéconomique plus faible, car la mesure ayant lieu rapidement et sur un territoire restreint, la restriction dure moins longtemps. Un constat très proche est à trouver dans EClinicalMedicine. Cette étude, publiée le 6 janvier 2021, en arrive à la conclusion que les stratégies régionales sont un « moyen adaptatif de contenir l’épidémie avec moins de restrictions globales ». Les auteurs estiment que des mesures locales de confinement doivent être déclenchées dès que la courbe locale montre la possibilité d’un pic, pour réduire rapidement les contaminations avant que cela se propage. « Un contrôle aussi strict peut entraîner davantage de restrictions à court terme, mais les restrictions liées à un confinement à long terme pourraient être réduites d’un facteur allant jusqu’à 10. »

Les confinements locaux « fonctionnent »

L’épidémiologiste Lakshmi Manoharan s’inquiète quant à elle d’une mesure « imparfaite » qui peut générer de fortes inégalités sur un territoire. Mais « ils fonctionnent », rappelle-t-elle, s’appuyant notamment sur l’étude réalisée dans la ville italienne de Vo. Lakshmi Manoharan pose alors des conditions pour amoindrir les risques socioéconomiques posés par cette mesure, et que celle-ci soit par ailleurs réellement efficace :

  • Les confinements locaux « doivent être mis en œuvre le plus rapidement possible afin de perturber le moins possible la vie des gens », affirme-t-elle, rejoignant alors les constats d’autres études ;
  • Une solide stratégie de dépistage et de contact tracing doit accompagner le confinement local, avec des tests accessibles facilement à tout le monde et aux résultats rapides. L’isolement qui en découle, en cas de test positif, doit être soutenu économiquement ;
  • « Une communication claire et un partage des données entre tous les niveaux de gouvernement », estime enfin l’épidémiologiste. Les données doivent être ouvertes, accessibles rapidement, afin notamment d’identifier les foyers, car agir rapidement permet de circonscrire la propagation et limiter l’impact, comme la durée, du confinement.

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