SpaceX n’a déployé qu’une grosse centaine de satellites pour son programme Starlink. Ces appareils font toutefois l’objet de critiques à cause de la pollution visuelle qu’ils engendrent. Un souci qui s’est manifesté de façon criante lors d’une pluie d’étoiles filantes.

C’est un rendez-vous que les amateurs d’astronomie connaissent certainement : vers la deuxième moitié de novembre se produit une pluie d’étoiles filantes appelées les Alpha monocérotides. D’ordinaire, l’évènement n’implique que quelques météores par heure. Cependant, il existe parfois des sursauts d’activité qui en mêlent des dizaines, voire des centaines ou des milliers.

Un tel pic a eu lieu justement cette année, le 22 novembre, confirmant les prédictions de deux astronomes, Peter Jenniskens (Ames Research Center, NASA) et Esko Lyytinen (Finnish Fireball Network). En croisant l’orbite d’une comète, la Terre a traversé une zone poussiéreuse, ce qui a fait entrer de nombreuses particules dans l’atmosphère et ainsi donné lieu à un spectacle assez rare.

Passage des satellites Starlink

Une animation qui montre le passage des satellites Starlink, en accéléré.

Source : iStream

Une traversée remarquée

Malheureusement pour certains observateurs, le spectacle a pu être quelque peu gâché par les activités de SpaceX. Comme le montre l’animation ci-dessus, les traits lumineux qui passent en file indienne dans le ciel ne sont pas les Alpha monocérotides : ce sont des satellites évoluant à très basse altitude, opérés par l’entreprise américaine dans le cadre de son programme Starlink.

Starlink est le nom qu’a choisi SpaceX pour baptiser son projet de FAI depuis l’espace. L’entreprise souhaite proposer un accès à Internet par les satellites Starlink, dans les régions mal ou pas desservies par les infrastructures classiques — mais pas uniquement. À terme, ce sont des milliers de satellites qui seront en vol : la première phase du projet implique environ 7 000 satellites, mais il pourrait y en avoir 42 000.

Aujourd’hui, il n’y a que 120 satellites Starlink autour de la Terre (deux vols ont eu lieu, un en mai, avec une première grappe de 60 engins, et l’autre en novembre, avec la même quantité d’appareils). Pourtant, ils suscitent déjà de l’agacement chez les astronomes, amateurs comme professionnels. Des critiques avaient ainsi éclaté ce printemps, poussant Elon Musk à promettre de les rendre moins visibles.

Bien sûr, on peut arguer que les satellites ne restent pas très longtemps à l’image et qu’il ne s’agit en conséquence que d’un souci très ponctuel. Toutefois, ce souci pourrait peut-être s’aggraver avec le temps, à force de surcharger toujours plus l’orbite terrestre. Cité par SpaceWeather, Bill Cooke, le responsable du Meteoroid Environment Office à la NASA, cela aura des répercussions sur la détection des météores.

étoiles ciel

Filaments d'étoiles au-dessus d'un désert.

Source : ESO/B. Tafreshi

Adaptation à prévoir

« Ce genre de chose pourrait nous forcer à changer notre façon d’écrire des logiciels pour détecter automatiquement les météores », a-t-il expliqué, afin de savoir distinguer ce qui relève d’une activité naturelle de celle induite par les humains. Pour aider les astronomes, peut-être faudra-t-il que SpaceX communique la trajectoire et l’heure de passage de ses satellites Starlink, pour qu’ils ne soient pas confondus avec autre chose.

Selon SpaceWeather, la trainée lumineuse que l’on voit dans la vidéo a été provoquée par les satellites issus du deuxième tir : on dénombre 90 météores et 50 satellites. Or, ce sont ces derniers que l’on aperçoit le plus dans la séquence. Ils sont particulièrement brillants. Elon Musk s’était pourtant engagé, après le premier envoi, à prendre des dispositions — manifestement, si elles ont été prises, elles sont insuffisantes.

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