L’astéroïde 2020 QG est passé à proximité de la Terre le dimanche 16 août 2020. Il n’a été identifié que 6 heures avant de passer au plus près de notre planète. Pourquoi certains astéroïdes ne sont-ils pas repérés ?

On peut dire qu’il a frôlé la Terre : ce dimanche 16 août 2020, un astéroïde de 3 mètres de large est passé à 2 900 kilomètres de notre planète, sans représenter un danger. C’est 132 fois plus près que la Lune. Baptisé 2020 QG, l’objet n’a été identifié que 6 heures après son passage au plus près de la Terre. Mais pourquoi les scientifiques ne sont-ils pas parvenus à anticiper le passage de cet astéroïde ?

D’autres objets sont presque passés inaperçus

Ce n’est pas la première fois que cela se produit : le 25 juillet 2019, un autre astéroïde passait à 70 000 kilomètres de la Terre (soit 5 fois moins que la distance entre la Terre et la Lune). La présence de cet astéroïde, baptisé 2019 OK, n’avait été correctement identifiée que quelques heures avant son croisement avec notre planète.

« C’était inhabituel car il s’approchait de nous et parce qu’il venait pratiquement en direction du Soleil », expliquait alors Kris Stanek, astronome à l’université d’État de l’Ohio auprès de Public Radio International. 2019 OK n’avait, semble-t-il, pas été identifié plus tôt en raison de sa taille réduite et de la direction dans laquelle il arrivait vers nous. Pour 2020 QG, l’explication est semblable : l’objet s’approchait lui aussi de la Terre dans la direction du Soleil.

Autre exemple : en décembre 2018, une explosion de météorite était presque passée inaperçue au-dessus de la mer de Béring, en Russie. L’objet a explosé à 25,6 kilomètres d’altitude, entrainant une déflagration équivalente à 10 fois celle provoquée par la bombe atomique à Hiroshima. Il avait fallu 3 mois que pour que l’événement soit enfin détecté.

Les restes du météore qui s'est fragmenté au dessus de la mer de Bering. // Source : NASA/GSFC (photo recadrée)

Les restes du météore qui s'est fragmenté au dessus de la mer de Bering.

Source : NASA/GSFC (photo recadrée)

Pour comprendre pourquoi des corps célestes semblent échapper à notre vigilance, il faut rappeler comment sont repérés les astéroïdes dans l’espace. « Un astéroïde plus grand réfléchira plus de lumière solaire et paraîtra par conséquent plus lumineux dans le ciel — à une distance donnée de la Terre. Ainsi, plus l’objet est petit, plus il doit être proche de la Terre avant que nous puissions le repérer », expliquait Jonti Horner, astronome à l’université de Southern Queensland (Australie), dans un article publié sur The Conversation en mars 2019. Le météorite tombé au-dessus de la mer de Béring devait faire entre 10 et 20 mètres de diamètre. L’astéroïde qui a frôlé la Terre en juillet 2019, de même que 2020 QG, semble aussi avoir été trop petit pour être repéré par les télescopes qui surveillent le ciel à la recherche d’objets potentiellement dangereux.

Ces impacts étranges, plutôt la norme que l’exception

« La grande majorité du temps, [ces objets] sont simplement indétectables. Par conséquent, avoir des impacts comme ceux-là, qui semblent sortis de nulle part est la norme, plutôt que l’exception ! », poursuit le spécialiste, reprenant l’exemple du météore qui a explosé en Russie.

En février 2013, un autre météore s’est fragmenté dans le ciel russe. Baptisé le superbolide de Tcheliabinsk, l’objet mesurait entre 15 et 17 mètres et a explosé à une altitude de 30 à 45 kilomètres. Ce bolide avait un point commun avec 2019 OK et 2020 QG: il venait de la direction du Soleil. « En se déplaçant sur son orbite autour du Soleil, il s’est approché de nous dans le ciel de jour, totalement caché par la lumière du Soleil », note Jonti Horner.

La trace laissée par le superbolide de Tcheliabinsk. // Source : Wikimedia/CC/Uragan. TT (photo recadrée)

La trace laissée par le superbolide de Tcheliabinsk.

Source : Wikimedia/CC/Uragan. TT (photo recadrée)

À l’heure actuelle, d’importants moyens sont déployés pour chercher dans l’espace les débris et objets qui pourraient potentiellement menacer la Terre, avant qu’un tel événement ne se produise. Le programme ASAS-SN (« All Sky Automated Survey for SuperNovae », signifiant Relevé automatisé sur tout le ciel de supernovas), dont fait partie Kris Stanek, déploie ainsi 20 petits télescopes pour observer le ciel. Les instruments sont installés à Hawaii, au Texas, au Chili et en Afrique du Sud et un logiciel permet de détecter les éléments lumineux inhabituels dans le ciel.

Si l’objet est détecté tôt, meilleure sera la prédiction

De son côté, la Nasa a répertorié les différents objets géocroiseurs découverts, dont 901 sont des objets qui ont une taille de plus d’un kilomètre et 9 251 mesurent moins de 140 mètres. Lorsque ces objets sont repérés, il est possible d’estimer leurs orbites et de savoir si un impact est probable. « Plus nous pouvons observer longtemps un objet donné, meilleure sera la prédiction », écrit Jonti Horner dans The Conversation.

Mais il reste de nombreux objets qui ne sont pas détectés suffisamment tôt. « Si nous découvrons qu’une collision est prévue dans les prochains jours, nous pourrons déterminer où et quand la collision se produira », explique Jonti Horner. Si l’objet est repéré plus tôt, les scientifiques peuvent plus aisément dire s’il est dangereux ou s’il se fragmentera « de façon spectaculaire mais inoffensive » en arrivant.

Que se passerait-il si nous détections un jour un objet représentant une menace sérieuse ? La stratégie pourrait consister à détourner la course de ce corps. Tenter de le détruire ne serait pas forcément la solution, ont prévenu des scientifiques dans une étude publiée l’année dernière. D’ici 2022, la Nasa a l’intention de s’entraîner à dévier un astéroïde : l’agence visera le système formé par Didymos et Dimorphos, qui ne représente pas de danger pour la Terre.

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