L’ADN de deux patients a été modifié avec la technique CRISPR. Ces individus, touchés par le cancer, participent à un essai clinique mené par une université américaine. Les résultats de cette manipulation sont encore inconnus.

La technique du « ciseau génétique » vient d’être utilisée sur deux individus. L’université de Pennsylvanie, à Philadelphie (États-Unis) a confirmé le 15 avril 2019 que cette manipulation fait partie d’une étude sur le cancer, a révélé NPR le lendemain.

L’étude est répertoriée sur le registre d’essais cliniques tenu par la bibliothèque nationale de médecine des États-Unis. Elle a commencé le 5 septembre 2018. D’après le document, les chercheurs estiment avoir besoin de 18 participants pour mener à bien leurs travaux.

En quoi consiste la technique CRISPR ?

La technique CRISPR-Cas9 consiste à faire une modification génétique en entaillant le ruban de l’ADN. Cette coupure est réalisée en utilisant une enzyme, Cas9 : elle est guidée par un brin d’ARN (une autre molécule chimiquement proche de l’ADN, présente chez presque tous les êtres vivants), pour éteindre un gène donné.

Les deux personnes sur lesquelles vient d’être employé cette technique sont chacune atteintes d’un cancer. L’une d’elles est atteinte du myélome multiple, un cancer de la moelle osseuse (un globule blanc anormal prolifère dans cette zone). L’autre patient est atteinte d’un sarcome, une tumeur développée depuis des tissus de soutien de l’organisme (qui peut toucher de nombreux endroits du corps, dans des tissus mous ou durs). Ces deux patients ont fait une rechute après un précédent traitement, informe NPR.

Des flacons dans un laboratoire. // Source : Flickr/CC/ibbl (photo recadrée)

Des flacons dans un laboratoire.

Source : Flickr/CC/ibbl (photo recadrée)

La conséquence de la manipulation génétique sur ces deux personnes n’est pas encore connue. Les scientifiques estiment que leur étude ne prendra fin qu’en janvier 2033 — probablement le temps de trouver les autres participants et de mener d’autres tests. Si les résultats sont présentés dans une publication scientifique, il sera sans doute possible d’en apprendre davantage.

Une manipulation controversée

La technique du ciseau génétique a été particulièrement médiatisée à la fin de l’année 2018, lorsqu’un essai clinique chinois a eu pour objectif de modifier l’ADN d’embryons. L’expérience avait suscité d’inévitables questions éthiques, allant de la mise en danger des enfants nés à la manière dont ces tests avaient été menés en contournant des interdictions.

L’expérience de l’université de Pennsylvanie soulève elle aussi des interrogations : bien que CRISPR y soit utilisé pour tenter de soigner des patients, les conséquences de cette manipulation sur leur organisme sont incertaines. Néanmoins, il y a une différence notable avec l’expérience menée sur les embryons : cette dernière entraîne le risque que les modifications soient transmises à leur propre descendance. Ici, les modifications ne concernent que l’ADN des patients.

D’autres expériences sont en cours. CRISPR Therapeutics, une entreprise suisse spécialisée dans l’édition de gènes, a annoncé en février le traitement d’un patient atteint de bêta-thalassémie, une maladie génétique qui touche le sang. L’étude pourrait concerner 45 participants à l’horizon 2022.

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