Les autorités chinoises ont mené leur enquête sur les travaux du scientifique He Jiankui, qui a utilisé la méthode CRISPR sur des embryons. L’une des volontaires de cette expérience est actuellement enceinte.

Les autorités chinoises ont mené leur enquête sur le scientifique He Jiankui, qui prétend avoir donné naissance aux premiers bébés dont l’embryon aurait été génétiquement modifié. Le 21 janvier 2019, la controversée agence de presse nationale chinoise Xinhua a annoncé qu’une autre grossesse était bien en cours.

Le média indique que le chercheur a bravé les interdictions du gouvernement chinois pour mener cette expérience. Sur les 7 couples qui ont accepté les tests (un 8e s’est retiré avant la fin du processus), l’un d’eux a donné naissance aux bébés Lulu et Nana. Une autre volontaire est enceinte. Les 5 couples restants n’attendent pas d’enfant.

Un « ciseau génétique » controversé

En novembre 2018, la Southern University of Science and Technology, installée à Shenzhen, assurait avoir utilisé la technique CRISPR sur des embryons, dans le but d’éliminer un gène baptisé CCR5. He Jiankui, responsable de ce projet, y voyait une manière d’immuniser les futurs enfants au VIH (responsable du sida) lorsqu’un de ses parents est séropositif.

La méthode CRISPR-Cas9, connue sous le nom de « ciseau génétique », pose des questions éthiques : elle consiste à couper dans l’ADN en utilisant une enzyme, Cas9. Cette technique permet d’éteindre un gène donné.

Un faux certificat présenté aux volontaires

D’après l’enquête des autorités chinoises, le projet a été lancé en juin 2016. He Jiankui a recruté les 8 couples volontaires, formés par des hommes séropositifs et des femmes séronégatives. Le scientifique leur aurait présenté un faux certificat d’examen éthique. Les expériences ont été menées entre mars 2017 et novembre 2018.

Les embryons ont été modifiés génétiquement. // Source : Pixnio/CC0 (photo recadrée)

Les embryons ont été modifiés génétiquement.

Source : Pixnio/CC0 (photo recadrée)

De faux tests sanguins

Le média chinois note que le scientifique a contourné l’interdiction pour les personnes séropositives de recourir à la procréation médicalement assistée en Chine : He Jiankui a demandé à d’autres personnes de faire des tests sanguins, à la place des véritables participants.

He Jiankui et les autres personnes suspectées d’être impliquées dans ces tests de modifications génétiques devraient rendre compte de leurs actes. Les sanctions qu’ils encourent ne sont pas claires, comme le relève The Verge. Quant aux enfants déjà nés et à la femme volontaire enceinte, ils seront suivis médicalement.

De nombreux scientifiques ont mis en garde contre les effets possibles d’une utilisation de CRISPR-Cas9 : la santé des bébés Lulu et Nana a pu être compromise par ces manipulations.


Abonnez-vous à Numerama sur Google News pour ne manquer aucune info !