Des biologistes proposent d’utiliser la méthode controversée CRISPR pour modifier génétiquement des tomates. En activant un élément présent dans le piment rouge, le fruit deviendrait plus épicé.

La méthode du « ciseau génétique », revenue sur le devant de la scène avec un essai clinique controversé sur des embryons à la fin de l’année 2018, pourrait désormais servir à modifier des tomates. L’objectif avancé est de les rendre plus épicées, en s’inspirant d’un composant du piment.

Le 7 janvier 2019, une équipe de biologistes a publié dans Cell une étude proposant de recourir à une manipulation génétique pour activer « les capsaïcinoïdes », des éléments présents dans le piment rouge.

Ils activent les récepteurs de chaleur

Lorsque vous mangez un piment, ce sont eux qui provoquent la sensation de brûlure dans votre bouche. Ils activent vos récepteurs de chaleur, donnant l’impression d’une élévation de la température. Le principal composé du piment rouge, la capsaïcine, est l’un des plus puissants capsaïcinoïdes.

Les capsaïcinoïdes du piment pourraient être activées chez la tomate. // Source : Pixabay/CC0 (photo recadrée)

Les capsaïcinoïdes du piment pourraient être activées chez la tomate.

Source : Pixabay/CC0 (photo recadrée)

Les chercheurs proposent d’utiliser une modification génétique qui permettrait d’ « activer la biosynthèse des capsaïcinoïdes chez la tomate ». Ce fruit contient en effet des « gènes inactifs » qui lui permettraient, s’ils sont sollicités avec la méthode CRISPR-Cas9, de développer la même caractéristique que le piment.

En quoi consiste la technique CRISPR ? Elle permet de réaliser une découpe dans l’ADN, à l’aide d’une enzyme baptisée Cas9. Le « ciseau génétique » réussit ainsi d’inactiver un gène. Il est même possible de guider la cellule pour qu’elle répare cette cassure d’une façon précise.

Des valeurs nutritionnelles qui justifieraient cette manipulation ?

Les biologistes justifient l’usage de cette technique en évoquant les valeurs nutritionnelles des capsaïcinoïdes. D’après eux, ces éléments ont des « propriétés anti-inflammatoires, antioxydantes, antitumorales et favorisant la perte de poids ».

Le souhait d’employer la technique CRISPR dans l’agro-alimentaire n’est pas une nouveauté. Le groupe américain Monsanto s’intéresse par exemple de près à cette innovation qui pose de nombreuses questions éthiques.


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