Pour la plupart d’entre nous, une éruption solaire est un phénomène lointain, qui ne nous atteint que via de superbes lumières apparaissant dans le ciel : les aurores boréales. Mais pour les scientifiques, il s’agit aussi d’événements mystérieux, parfois même menaçants, qui nécessitent de déployer des moyens techniques pour les détecter, et tenter de les prévoir — ce qui n’a rien d’une science exacte.
Peut-on détecter les tempêtes solaires depuis la Terre ?
Observer le Soleil depuis le sol terrestre n’est pas la solution la plus optimale. Certains télescopes spécialisés existent bel et bien, notamment le télescope solaire Daniel-K.-Inouye, à Hawaï, qui fournit des images de notre astre en très haute définition.
Si ces travaux peuvent fournir d’importantes données scientifiques servant à comprendre le fonctionnement du Soleil, le comportement et l’évolution de son champ magnétique, ils souffrent d’une limitation importante pour ce qui est des événements qui s’y déroulent. Comme le Soleil n’est visible que la journée, et pas la nuit, il est impossible de procéder à un suivi continu de son activité depuis un point fixe au sol.

Si on ajoute à ça la couverture nuageuse, les données récoltées depuis le sol ne permettent pas de repérer à l’avance une tache solaire et de procéder à sa surveillance — surtout si elle grossit puis expulse un jet de matière lors de l’éjection de masse coronale. En conséquence, d’autres méthodes sont privilégiées pour observer ces événements.
Comment repère-t-on les éruptions solaires dans l’espace ?
Selon leur orbite, les satellites autour de la Terre peuvent être en capacité de voir en permanence, et ainsi assurer un suivi continu de l’étoile. Mais pour ne pas être dérangé par l’atmosphère terrestre, toujours résiduelle même à très haute altitude, le choix est parfois fait de s’éloigner de la Terre, afin de se ménager une vue aussi dégagée que possible.
C’est le cas par exemple de SoHo, l’observatoire solaire et héliosphérique de la NASA et de l’ESA, lancé en 1995. Placé au point de Lagrange L1, à 1,5 million de kilomètres de nous, il observe le Soleil depuis tout ce temps (sa mission doit toutefois s’achever en fin d’année 2025), sans relâche, et a pu fournir des informations précieuses sur les vents solaires et les éjections de masse coronale.
Depuis, d’autres engins sont entrés dans la danse, comme la sonde solaire Parker qui s’est approchée considérablement du Soleil en 2024, à une distance de « seulement » 6,1 millions de kilomètres de la surface, pour réaliser des observations sur les processus au cœur des tempêtes solaires.
Parmi celles encore actives en 2025, on peut également mentionner Solar Orbiter, l’observatoire de la dynamique solaire (SDO), ou bien, côté chinois, l’ASO-S (Advanced Space‑based Solar Observatory).

Au-delà de la qualité d’observation, ces sondes en orbite proches du Soleil ont un autre avantage : ce sont des sentinelles placées très en amont. Elles détectent les événements avant qu’ils n’atteignent la Terre.
Généralement, une éjection de masse coronale met jusqu’à 24 heures pour arriver jusqu’à la Terre (la distance au Soleil est d’environ 150 millions de km), ce qui peut laisser un peu de temps pour se préparer avant « l’impact » avec le champ magnétique terrestre, puisque les données envoyées par les sondes voyagent, elles, à la vitesse de la lumière.
Peut-on prédire ces tempêtes solaires ?
À force de récolter des données sur le Soleil, on pourrait croire qu’il est devenu possible de prédire l’arrivée d’une tempête solaire. C’est en partie vrai, car le Soleil obéit à des cycles de près de 11 ans et de plus ou moins forte activité. Pourtant, cela ne veut pas dire que nous sommes capables de connaître à l’avance chaque éjection qui arriverait vers nous.
Certains ont essayé en comptant sur l’intelligence artificielle, comme cette étude de 2022 parue dans la revue Advancing Earth and Space Sciences qui repose sur un algorithme d’apprentissage automatique pour prévoir les soubresauts stellaires en se basant sur des décennies d’observation et de modèles. Et si les outils développés sont performants, ils ne suffisent pas à assurer une prévision parfaite de cette météorologie stellaire, décidément bien difficile à cerner.

De son côté, l’Agence spatiale européenne développe actuellement un satellite nommé Vigil, dont le lancement est prévu lors de la décennie 2030 ; l’engin doit fournir des données en temps réel afin que les installations spatiales les plus proches de la Terre puissent anticiper le choc à l’avance.
Peut-on se protéger des tempêtes solaires ?
Ici, la réponse rapide est… non ! Si, en cas d’alerte aux orages, vous pouvez vous abriter chez vous ou trouver un endroit sécurisé pour éviter la foudre et la pluie, il n’existe pas d’équivalent face aux tempêtes solaires.
Les satellites orbitant autour de la Terre peuvent tenter de se placer sous sa protection, en réduisant autant que possible leur altitude, afin de profiter de la couverture atmosphérique. Pour ce qui est des avions et des fusées, il est possible d’attendre la fin de l’événement (c’est ce qu’a fait par exemple la fusée New Glenn) pour décoller.
Quant aux appareils et engins électriques et électroniques sur Terre, comme les transformateurs parfois soumis à des surchauffes lors de ces tempêtes. Il peut être avisé de les couper avant, mais cela implique une certaine gestion assez rapide des événements.
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