Les astronomes s’alarmaient de la pollution visuelle des méga-constellations de satellites comme Starlink ou Kuiper ? Ils ne sont pas au bout de leurs peines. Prochainement, une nouvelle angoisse pourrait les saisir : celle des « satellites miroirs » dont l’objectif sera de refléter la lumière du Soleil dans des régions où il fait nuit.
Cette future constellation de satellites miroirs, qui n’existe pour l’instant que sur le papier, compterait en théorie 4 000 engins disposés un peu partout en orbite autour de la Terre. Le jour où les premiers d’entre eux seraient lancés, ils rejoindraient alors une orbite héliosynchrone — ici, la surface est toujours vue sous le même angle d’illumination solaire.

Mais l’entreprise derrière ce projet, et qui s’appelle très opportunément Reflect Orbital, cherche à le concrétiser. En mai, elle a levé 20 millions de dollars puis, en juin, elle a décroché un contrat avec l’US Air Force à hauteur de 1,25 million de dollars. Par ailleurs, une demande de lancement de prototype en avril 2026 a été déposée.
Pour une entreprise qui entend lancer un service de « lumière solaire à la demande », il y a encore des zones d’ombre. En particulier, combien coûtera la réservation d’un créneau de lumière solaire ? Cette inconnue n’a de toute évidence pas dissuadé les premières demandes — le site dit avoir reçu plus de 260 000 réservations provenant de 157 pays.
Des usages industriels, agricoles, militaires, mais pas que
Sur son site, Reflect Orbital met en scène un usage impliquant des fermes solaires au sol. La nuit venue, les miroirs orbitaux pourraient prendre le relai et illuminer les panneaux photovoltaïques — si la couverture nuageuse n’est pas trop dense et étendue. Raccordés au réseau électrique, ils permettraient de continuer à alimenter les villes.
Mais d’autres possibilités sont avancées : défense nationale, sécurité civile, festivals, performance, évènement privé, agriculture industrielle, industrie… en somme tout ce qui peut nécessiter un éclairage important et sur une zone relativement large — avec, en outre, l’argument que tout cela repose sur une source d’énergie renouvelable.

La perspective de louer les services de Reflect Orbital par des particuliers n’est pas évoquée — on suppose que des restrictions devraient s’imposer. Il pourrait y avoir aussi des casse-tête : un individu vivant en ville ou dans une zone résidentielle aurait-il le droit de projeter une telle lumière sur lui, si cela « bave » aussi sur le voisinage ?
La question pourrait être cependant rapidement réglée par le coût d’accès à un tel service — d’ailleurs, la plupart des développements commerciaux concernent le secteur public, l’industrie ou l’agriculture. Tout le segment sur le divertissement suggère aussi que cela ne sera pas donné et qu’il faudra être fortuné pour en bénéficier à titre privé.
Des effets néfastes pour les astronomes et les animaux ?
La proposition, très futuriste, doit maintenant se confronter au mur du réel, car rien n’a été lancé.
En outre, pointe Space.com le 21 octobre 2025, cette initiative est fraichement accueillie par les astronomes. En premier lieu, il n’y a pas de bouton on / off pour le faisceau lumineux. La lumière sera toujours reflétée par les miroirs et il faudra donc diriger le rayon quelque part — car le satellite va bouger et la demande de luminosité ne sera pas toujours permanente.
Pour les activités astronomiques, ce sera « catastrophique », selon les mots d’un astronome cité par nos confrères. Les animaux, notamment nocturnes, risquent d’être perturbés, idem pour les insectes — dans la zone ciblée d’une part, mais aussi aux alentours, en raison d’une « diffusion atmosphérique » sur les zones environnantes.
Un porte-parole a nuancé les craintes, parlant de zones « hautement localisées », et ponctuellement éclairées. Par ailleurs, le faisceau réfléchi ne serait pas si intense (il était question d’un éclat quatre fois supérieur à ce que renvoie la Lune). Dans le ciel, l’éclat équivaudrait à une étoile brillante, et la zone au sol baignerait dans un clair de Lune.
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