La Guyane française est depuis les années 1960 la principale base spatiale de la France et de l’Europe. Un emplacement lointain par rapport au Vieux Continent, mais qui ne doit rien au hasard. En fait, plusieurs atouts clés de la région ont pesé dans la balance.

C’est une réflexion que vous avez peut-être déjà eue : pourquoi l’Europe a-t-elle choisi de lancer ses fusées depuis la Guyane française, près de Kourou, et non pas depuis le continent ? Cela éviterait pourtant d’avoir à entretenir une base spatiale fort lointaine et d’avoir à traverser tout un océan pour acheminer à la fois le matériel et les hommes pour chaque tir.

En fait, le choix de s’installer non loin de la forêt amazonienne repose sur plusieurs facteurs. Le premier d’entre eux a un impact très direct sur les ambitions aérospatiales de la France et de ses partenaires du Vieux Continent. En effet, plus on est proche de l’équateur, plus on peut bénéficier de l’effet de fronde de la Terre.

L’effet de fronde de la Terre en rotation

L’effet de fronde est plus fort à l’équateur parce que c’est là que la vitesse linéaire de rotation est maximale : la Terre effectue un tour complet en 24 heures, donc tous les points effectuent la même rotation angulaire, mais ceux situés à l’équateur parcourent la plus grande distance en ce temps (environ 40 000 km par jour).

À l’équateur, cette vitesse est la plus grande (environ 1 670 km/h), ce qui rend l’effet de fronde maximal, alors qu’il est nul aux pôles, car il n’y a pas de déplacement circulaire. Notre planète bleue tourne sur elle-même d’ouest en est, ce qui procure une aide précieuse au lancement pour partir dans cette direction.

Cette force centrifuge due à la rotation de la Terre a été considérée dès les années 1960 lorsqu’il a fallu choisir un emplacement pour le centre spatial. Elle fait gagner aux lanceurs un complément de vitesse, sans avoir besoin d’embarquer et de consommer plus de carburant. Tout cela en raison d’un écart d’à peine 5 degrés au nord de l’équateur.

Ouverture sur l’océan

Autre argument qui a compté : le centre spatial guyanais est tout proche de l’océan Atlantique. C’est certes un paysage de carte postale, mais c’est aussi un bon moyen de lancer des engins potentiellement très inflammables et très explosifs dans des directions où le risque est minimal. Juste après le décollage, aucune terre n’est survolée.

Il y a évidemment une attention portée au trafic tant maritime qu’aérien, car le lanceur pourrait produire une nappe de débris en cas d’incident. Mais le péril est autrement plus réduit que si les trajectoires survolaient des zones habitées. Compte tenu de la position du centre spatial guyanais, les tirs vers le nord et vers l’est sont très dégagés.

Cela compte quand on veut accéder à l’espace : il faut en effet viser vers le nord pour atteindre une orbite polaire (c’est-à-dire une trajectoire survolant chaque pôle de la Terre). Et pour une orbite géostationnaire (qui permet de rester en orbite au-dessus du même point terrestre en permanence), il faut tirer vers l’est.

L'océan // Source : Pixabay
Le centre spatial guyanais est proche de l’océan, ce qui évite de survoler des zones habitées après le décollage. // Source : Pixabay

Risques minimaux pour les séismes et les cyclones

D’autres arguments ont également plaidé en faveur de la Guyane française. C’est ce que rappelait notamment Philippe Pujes, responsable programmes systèmes de lancement au Centre national d’études spatiales (CNES), l’agence spatiale française. Ces atouts étaient rappelés dans le dossier des 60 ans du centre spatial guyanais, célébrés en 2024.

Ainsi, la région n’est pas exposée à des risques sismiques particuliers — la plaque tectonique la plus proche est celle des Caraïbes, et se trouve assez éloignée de la Guyane. L’activité cyclonique est également inexistante dans les parages. Si d’autres aléas naturels peuvent advenir, cela en fait au moins deux risques critiques en moins.

Enfin, les environs de Kourou sont vallonnés, ce qui est pratique pour y installer des moyens de poursuite (radars et antennes de télémesure) et vérifier le bon comportement de chaque tir. De plus, des infrastructures (routes, télécoms, aérodrome, port…) existaient en partie. Cela a facilité le travail du génie civil pour les adapter et les dimensionner.

ESA centre spatial guyanais
Vue partielle du centre spatial guyanais. // Source : ESA
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