Que se passe-t-il avec les lancements de fusées aux États-Unis ?

La mission ESCAPADE aurait dû partir dimanche 9 novembre en direction de Mars, mais elle a dû être repoussée pour cause de mauvais temps… ce qui pourrait être une nouvelle bien pire que ce qui semblerait.

En effet, l’administration de l’aviation civile aux États-Unis (Federal Aviation Administration, ou FAA) a pris la décision de limiter les vols commerciaux de fusées aux États-Unis pour une durée indéterminée, en attendant la fin du shutdown.

Malgré son nom qui pourrait prêter à confusion, les prérogatives de la FAA ne se limitent pas aux avions, mais couvrent tous les engins qui occupent l’espace aérien américain, ce qui l’amène très régulièrement à émettre des autorisations pour les lanceurs orbitaux.

À partir du 10 novembre, ces lancements sont autorisés uniquement entre 10 heures du matin et 18 heures du soir. Une décision prise pour assurer la sécurité des aéroports, puisque la présence de fusées demande une restriction de l’accès à l’espace aérien, ce qui était devenu difficilement gérable avec la réduction du personnel dû aux blocages des fonds fédéraux.

Il y aura dorénavant moins de vols, et donc moins de difficultés de gestion pour le personnel restant. Le site Space.com souligne qu’il est difficile, à ce stade, d’évaluer à quel point cela aura un impact sur le trafic aérien global du pays, mais les premiers concernés vont forcément voir une baisse forcée de l’activité.

Coup dur pour SpaceX, mais pas seulement

C’est le cas de SpaceX en particulier, puisque la société a la cadence de lancement la plus élevée au monde. Depuis le début de l’année, ce sont déjà 140 envois de satellites Starlink qui ont été mis en place, et il en reste encore 7 de programmés uniquement pour le mois de novembre — certains sont d’ailleurs prévus en dehors des plages horaires autorisées.

Dans ces conditions, si le shutdown se poursuivait, cela pourrait avoir des conséquences sur l’activité de l’entreprise. Cela, alors que la FAA ne promet pas un retour à la normale dès la fin du blocage, mais « pour une durée indéterminée », ce qui peut s’expliquer par un délai incompressible requis pour remonter en puissance, jusqu’à retrouver une activité normale.

Outre SpaceX, le lancement de la fusée Atlas V de United Launch Alliance a déjà été repoussée deux fois récemment après des soucis sur le lanceur, et pourrait souffrir également de ces nouvelles restrictions.

L’incertitude pour cette mission martienne

Dans tout cela, la pire victime pourrait être la mission ESCAPADE de la Nasa. Après deux reports, la fusée de Blue Origin est toujours clouée au sol et une nouvelle tentative est prévue mercredi soir. Vraisemblablement, elle ne pourra pas avoir lieu à nouveau, car la fenêtre de tir ne rentre pas dans les heures prévues. Comme les missions en direction de Mars sont soumises à d’autres contraintes, notamment la position des planètes, si le vol est trop retardé, la sonde pourrait mettre des semaines, voire des mois de plus, à atteindre sa cible.

Depuis le 7 novembre, d’autres contraintes de la FAA concernent aussi les aéroports eux-mêmes, forcés de baisser la cadence de leurs vols pour les plus actifs d’entre eux.

Reste à savoir jusqu’à quand cette situation va durer, sachant que le bras de fer entre démocrates et républicains tournent à l’avantage de ces derniers. Des élus démocrates ont en effet fini par céder dans les négociations, et ont assuré être prêts à voter le budget avec leurs rivaux. Si cela advient, alors une majorité pourrait émerger et ainsi provoquer la fin du shutdown.

Dans tous les cas, le retour à la normale risque d’être long à la Nasa. Près de 95 % des employés ont été arrêtés pendant cette période, à l’exception de ceux jugés indispensables pour la sécurité des astronautes et des satellites Le redémarrage ne se fera pas sans peine.

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