Après des siècles à observer le ciel, des décennies à envoyer des engins dans l’espace et à fureter dans le cosmos pour trouver le moindre signal, aucun signe démontrant l’existence d’une civilisation extraterrestre n’a jamais pu être trouvé. Cela veut-il dire que nous sommes seuls dans l’Univers ? Ce questionnement est la base du paradoxe de Fermi, du nom du physicien Enrico Fermi, qu’il a formulé dans les années 1950.
Depuis, de multiples hypothèses ont tenté de résoudre ce paradoxe.
Certaines postulent qu’il n’existe simplement pas d’extraterrestres, d’autres qu’ils sont bien là, mais qu’ils ne tiennent pas à communiquer avec nous pour une raison quelconque. Quelques-uns pensent qu’ils sont bien parmi nous et qu’ils nous ont laissé des indices pour nous prévenir de leur présence.
Même la littérature de science-fiction s’y essaie, à l’image des romans de Liu Cixin (Le Problème à trois corps) qui ont popularisé la théorie de la forêt sombre.
Ici, on part du principe que les civilisations aliens deviennent paranoïaques à cause de la taille de l’Univers. En effet, on ne peut pas savoir en temps réel ce que font les autres (même à la vitesse de la lumière, tout prend du temps dans le cosmos). Cela empêche donc de percer les vraies intentions. Dès lors, tout le monde craint de se faire attaquer et, par souci de survie, il vaut mieux soit attaquer en premier, soit rester silencieux (d’où la notion de forêt sombre, où tout le monde est tapis dans l’ombre).
Des aliens avec des iPhone 42
Mais dans une nouvelle étude pas encore revue par des pairs, mais publiée sur le serveur ArXiv, Robin Corbet propose une solution à la lisière de ces possibilités. L’astrophysicien de l’Université du Maryland établit une théorie selon laquelle les extraterrestres existent bel et bien, mais ne nous cherchent pas.
Selon lui, ces hypothétiques aliens ont bien une technologie supérieure à la nôtre, mais pas renversante non plus. Il résume ainsi auprès du Guardian : « Ils en sont certainement à l’iPhone 42 au lieu de l’iPhone 17. »
Cela peut paraître très caricatural présenté ainsi, mais le fait est qu’une partie des recherches extraterrestres se concentre sur les techno-signatures. C’est notamment le rôle du SETI (search for extraterrestrial intelligence, soit recherche d’une intelligence extraterrestre en français) qui scrute le ciel à la recherche d’un signal émis par une sonde spatiale inconnue, ou une structure artificielle qui dépasserait nos technologies les plus folles. Sans succès jusqu’à présent.
Mais, selon la théorie de Corbet, ces technologies n’existent pas. Ces civilisations intelligentes ont pu développer leur recherche spatiale et ont sans doute visité les astres les plus proches de leur planète, mais sans pour autant aller plus loin. Leur technologie a atteint un plateau qu’elles ne peuvent dépasser et elles ont donc possiblement abandonné depuis un moment.
Une théorie rassurante, mais difficilement vérifiable
Cela contraste avec d’autres explications au paradoxe qui, elles, reposent sur des technologies extrêmement avancées. Des trouvailles qui leur permettraient de voyager à travers les trous noirs, de se servir de la matière noire ou de rester absolument invisibles à nos yeux.
La théorie est séduisante, car elle a un aspect rassurant. Nous ne sommes pas entièrement seuls dans l’univers, mais nous ne sommes pas non plus une civilisation arriérée observée par des aliens infiniment supérieurs. Elle implique aussi qu’il y a potentiellement une infinité de planètes qui peuvent accueillir la vie, avec quelques-unes dans le lot qui accueillent une civilisation avancée.
Mais malgré tout son intérêt intellectuel, l’étude reste malheureusement impossible à vérifier. De plus, d’autres astrophysiciens interrogés par le Guardian y voient des failles, à l’image de Michael Garrett, astrophysicien au centre Jodrell Bank : « Cela projette une apathie très humaine sur le reste du cosmos. Je trouve difficile de croire que toutes les formes d’intelligence sont uniformément ennuyeuses. »
Autrement dit, si l’humanité pourrait se décourager d’ici quelques décennies ou quelques siècles infructueux, ce n’est pas forcément le cas d’autres civilisations extra-stellaires ou extra-galactiques, peut-être plus persévérantes ou talentueuses que nous.
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