Ubisoft est le premier éditeur de jeux vidéo à intégrer des NFT dans ses jeux vidéo. Cette nouveauté est à peine annoncée qu’elle crée déjà un tollé.

Il fallait bien qu’un premier acteur majeur s’engouffre dans la brèche et, sans surprise, c’est Ubisoft. Dans un communiqué publié le 7 décembre, l’entreprise a officialisé Quartz, qui introduit les NFT dans l’un de ses jeux vidéo : Ghost Recon Breakpoint (qui a d’abord été un immense échec). Ils prennent la forme d’éléments cosmétiques à obtenir avec une cryptomonnaie, et que les propriétaires pourront arborer fièrement en jouant.

L’arrivée des NFT dans Ghost Recon Breakpoint a suscité une réaction prévisible : les joueuses et les joueurs n’en veulent pas. Comme le souligne VideoGamesChronicle dans un article publié le 8 décembre, la vidéo de présentation a récolté tellement de ‘dislikes’ qu’Ubisoft l’a retirée de sa chaîne (on peut toujours la voir en cliquant sur ce lien). Le ratio est édifiant : 1 200 ‘likes’ pour 31 000 ‘dislikes’ (plus de 96 %).

Les premiers NFT du jeu vidéo Ghost Recon Breakpoint // Source : Capture d'écran
Les premiers NFT du jeu vidéo Ghost Recon Breakpoint // Source : Capture d’écran

La stratégie NFT d’Ubisoft est incompréhensible

Avec son initiative Quartz, Ubisoft lance donc des DLC 2.0 pouvant être échangés — lire : revendus — sur des plateformes annexes. En apparence, l’idée est de permettre à certains fans d’obtenir des éléments cosmétiques disponibles en quantité très limitée (avec un numéro assorti d’un certificat de propriété). Le slogan ? « Être unique. Contrôler. Jouer » On y voit surtout un énième moyen pour certains spéculateurs de s’enrichir avec du vent. Ubisoft promet « une meilleure connexion entre les joueurs et les univers des jeux qu’ils aiment », tout en se désolidarisant du contrôle des NFT (puisque c’est l’essence des NFT, en l’absence d’une régulation claire). Tout juste l’entreprise se permet-elle de ne pas attribuer les NFT à n’importe qui (il faut avoir 18 ans et, surtout, avoir joué plusieurs heures à Ghost Recon Breakpoint pour être éligible à l’acquisition).

On peine à discerner pourquoi Ubisoft tient à se lancer dans les NFT, sinon par volonté d’utiliser les buzzwords du moment et d’être le pionnier d’une tendance qui pourrait, il est vrai, se développer à l’avenir. En l’occurence, il n’y a pas besoin de passer par la blockchain pour proposer des objets virtuels désirables dans un jeu vidéo, objets virtuels susceptibles d’être échangés/revendus au sein même de la communauté. Dans Magic: The Gathering Online, les utilisateurs peuvent facilement troquer des cartes (y compris avec une monnaie virtuelle). Dans Diablo III, Blizzard Entertainement avait introduit un hôtel des ventes, avec le principe des enchères (qui a été abandonné). « Il est apparu qu’il devenait progressivement un détournement de la mécanique de jeu principale de Diablo », précisait Blizzard dans un communiqué publié… en septembre 2013

« Ce qui nous intéresse, c’est la décentralisation. Pas de faire du NFT pour le NFT, mais bien d’explorer ce que la décentralisation peut apporter », explique Nicolas Pouard, vice président du laboratoire d’innovation stratégique d’Ubisoft, dans les colonnes de Gamekult. « Le deuxième aspect, c’est qu’à partir du moment où le NFT est créé sur la blockchain, il est à l’extérieur de notre système. D’autres développeurs peuvent décider de faire quelque chose avec, et potentiellement, l’acheteur peut l’utiliser dans plusieurs jeux. C’est un peu ça l’espoir. » Ubisoft entrevoit donc un avenir où le pistolet en or massif limité à 100 exemplaires de Rainbow Six pourra aussi être utilisé dans Call of Duty. Mais quel intérêt d’ajouter un NFT pour cela ? Personne ne le sait. Il faudra quoi qu’il arrive un accord commercial, des éléments graphiques compatibles, des serveurs qui parlent entre eux… bref, rien qu’un NFT ne rend « plus simple ». D’autant que les licences qui se répondent existent déjà : il n’y a qu’à voir le jeu vidéo Super Smash Bros. et ses personnages multi-univers pour s’en rendre compte.

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