Le fondateur d’Epic Games révèle avoir tenté d’approcher Apple après le procès entre les deux entreprises, pour envisager un retour de Fortnite sur iPhone. Les choses ne se sont pas passées comme prévu.

Pour jouer à Fortnite sur mobile, mieux vaut posséder un smartphone Android. À court terme, il n’y a en effet pratiquement aucune chance de voir le célèbre jeu vidéo faire son retour sur iOS. Apple a pris la décision, le 21 septembre 2021, de l’exclure pendant toute la durée de la querelle judiciaire qui l’oppose avec Epic Games, le studio qui en est à l’origine. En clair, Fortnite pourrait ne pas revenir sur l’iPhone avant des années.

Cette perspective d’une exclusion de longue durée de l’écosystème mobile d’Apple a été révélée par Tim Sweeney, le fondateur d’Epic Games. Sur Twitter, il a publié une série de messages très remontés contre la firme de Cupertino, avec qui il est conflit. Le cœur du problème entre les deux entreprises concerne le niveau de commission qu’Apple prélève sur chaque achat in-app.

Epic Games a cherché à sortir de ce mécanisme, pour éviter cette commission, qui atteint 15 ou 30 % de la valeur de l’achat, en fonction de divers paramètres. Cette tentative de passer outre les règles de l’App Store, qui interdisaient jusqu’à présent tout système de paiement alternatif, a provoqué une réaction immédiate et radicale d’Apple : Fortnite s’est retrouvé banni de l’iPhone. L’affaire s’est ensuite judiciarisée.

Une tentative de rapprochement qui tourne mal

« Tard hier soir, Apple a informé Epic que Fortnite sera mis à l’index de l’écosystème Apple jusqu’à l’épuisement de tous les recours judiciaires, ce qui pourrait prendre jusqu’à 5 ans », a dénoncé le 22 septembre Tim Sweeney, en joignant à son tweet une capture montrant un courrier annonçant la mise à l’écart de Fortnite le temps de la procédure judiciaire, justifiée également par le fait qu’Epic Games a enfreint les règles de l’App Store.

L’envoi de ce message survient douze jours après le verdict d’un procès entre Apple et Epic Games. Le verdict apparaît partagé : si le studio de jeu vidéo a réussi à obtenir le fait que le système de paiement in-app d’Apple n’est plus incontournable, il n’a pas réussi à prouver par exemple le caractère monopolistique du géant de l’électronique grand public. Epic a annoncé qu’il faisait appel du jugement.

L’agacement de Tim Sweeney fait suite à la tentative ratée de compromis initiée par Epic Games à l’égard d’Apple. Dans un autre message, il partage un courrier qu’il a envoyé à Phil Schiller, le patron de l’App Store : « Epic a demandé à Apple de réactiver notre compte de développement Fortnite. Epic promet qu’il adhérera aux directives d’Apple à chaque fois que nous publierons des produits sur les plates-formes Apple. »

« Si nous récupérons le compte, nous ramènerons Fortnite sur Mac dès que possible […] Epic soumettra à nouveau Fortnite sur l’App Store si vous respectez la lettre de la décision du tribunal et autorisez les applications à inclure des boutons et des liens externes qui dirigent les clients vers d’autres mécanismes d’achat sans conditions onéreuses ou obstacles à une bonne expérience utilisateur », ajoute la missive.

Ce terrain d’entente, suggère Tim Sweeney, aurait permis de circonscrire la dispute : s’il avait été accepté par Apple, « notre différend portera sur les boutiques concurrentes [de l’App Store, ndlr], et je crois sincèrement que nous pourrions trouver un terrain d’entente sur le sujet si la position d’Apple est fondée uniquement sur la sécurité et la vie privée des utilisateurs, plutôt que sur des intérêts commerciaux.»

Apple reste sur ses positions jusqu’à la fin de la bataille

Mais la lettre des avocats d’Apple montre que l’arrangement esquissé par Epic Games a été repoussé. Tant que des recours ont lieu, comme des appels, il n’est pas question pour la firme de Cupertino d’étudier quoi que ce soit. L’entreprise estime être dans son bon droit d’agir ainsi, citant des passages du verdict rendu par le tribunal et pointant « l’attitude trompeuse » d’Epic, qui ne l’incite pas à lui faire confiance.

Cette fin de non-recevoir est, considère Tim Sweeney, une preuve justement de l’attitude anticoncurrentielle de la marque américaine. « Il s’agit d’une nouvelle mesure anticoncurrentielle extraordinaire de la part d’Apple, qui démontre son pouvoir de remodeler les marchés et de choisir les gagnants et les perdants », a-t-il écrit dans un autre de ses messages.

« C’est aussi une perte de concurrence et pour le choix des consommateurs », a-t-il ajouté, avant d’accuser Apple d’avoir menti en affirmant publiquement qu’Epic serait le bienvenu dans l’écosystème s’il acceptait les règles. « Epic a accepté, et Apple est revenu sur sa parole », s’est insurgé Tim Sweeney. Des déclarations qui de toute évidence signent la fin de toute conciliation entre les deux parties.

Source : Numerama

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