Grosse exclusivité de la Switch, Luigi’s Mansion 3 se situe dans la droite lignée de ses prédécesseurs. Et on aime toujours autant chasser des fantômes mignons.

En mai 2002, Nintendo lançait sa GameCube non pas avec une aventure de Mario, mais en faisant de Luigi une tête d’affiche. Le frère moins courageux habillé de vert devenait, le temps d’un jeu baptisé Luigi’s Mansion, le héros d’une chasse aux fantômes inoffensive. Très appréciée et bien pensée, cette aventure a donné naissance à une suite — Luigi’s Mansion 2 sur 3DS — puis une autre, celle qui nous intéresse plus particulièrement. Il s’agit donc de Luigi’s Mansion 3.

Luigi's Mansion 3  // Source : Nintendo

Luigi's Mansion 3

Source : Nintendo

La franchise Luigi’s Mansion est, en quelque sorte, une extrapolation de la personnalité de Luigi, connu pour être peureux face au moindre danger. À ce socle de départ très axé sur l’autodérision s’ajoute une fausse adaptation des films S.O.S. Fantômes. Le tout donne une série de jeux agréables, dans laquelle Luigi’s Mansion 3 s’inscrit sans mal ni panache, un peu comme un bon élève. Il est en tout cas le candidat idéal pour une soirée Halloween débarrassée de sueurs froides (hasard du calendrier, il sort le 31 octobre en exclusivité sur Switch).

L’un des plus beaux jeux Switch

Luigi’s Mansion 3 commence plutôt très bien : invités, Luigi et sa bande se rendent dans un hôtel luxueux afin de prendre du bon temps entre deux sauvetages de la princesse Peach. C’était sans compter l’embuscade tendue par la tenancière, qui s’associe au Roi Boo pour capturer tout le monde. Tout le monde… à l’exception de ce bon vieux Luigi. Fort de son expérience dans la capture d’ectoplasmes, le héros de fortune décide de grimper chaque étage pour libérer ses amis — non sans crier d’effroi à la moindre occasion.

Luigi’s Mansion 3 est un très, très beau jeu

L’histoire de Luigi’s Mansion 3 ne viendra pas faire dire aux fans que les scénaristes de Nintendo sont devenus des génies de l’écriture. Ici, comme ailleurs dans le catalogue, l’accent est davantage mis sur les situations plutôt que l’intrigue en tant que telle, basique et volontairement enfantine. Nintendo mise en outre sur des références bien senties (y compris à son propre héritage) et la variété des différentes pièces de l’établissement (chaque étage à sa propre ambiance, comme si l’hôtel était une carte de niveaux et pas un seul et même lieu). Et, patte Nintendo oblige, tout est très mignon, à commencer par la bouille de Luigi.

À l’instar de Luigi’s Mansion et Luigi’s Mansion 2, Luigi’s Mansion 3 est un très, très beau jeu — pour la Switch s’entend. Il faut dire que les décors fixes permettent aux développeurs d’accoucher de jolies textures, appréciables sur l’écran de la Switch comme sur un téléviseur. En prime, les effets visuels sont très réussis et la qualité des animations est à souligner : les différentes expressions lâchées par Luigi relèvent de la maîtrise des gestes qu’elles impliquent. Au point que les petites mimiques du frère de Mario en deviennent vite rigolotes. Sur bien des critères, Luigi’s Mansion 3 constitue une production soignée et on n’a pas souvenir d’un titre aussi joli sur la console. Pour parachever le tableau, la bande-son est très généreuse en bruitages tantôt inquiétants (ça grince) tantôt choupi (les bruits des fantômes).

Luigi's Mansion 3  // Source : Nintendo

Luigi's Mansion 3

Source : Nintendo

La continuité

Télé versus Switch

Luigi’s Mansion 3 se joue aussi bien sur l’écran de la Switch que sur un téléviseur. Le passif de la licence aide : née sur console de salon, elle a connu une suite sur portable.

On ne change pas une équipe qui gagne, au sens propre comme au figuré, dans le cas de Luigi’s Mansion 3. Luigi s’en remet toujours à son aspirateur pour se dépatouiller de ses rencontres avec des fantômes au design qui n’effrayera pas grand monde. Les habitudes reviennent vite : on flashe l’ennemi à l’aide de la lampe torche pour pouvoir ensuite déclencher l’aspirateur en prenant soin d’orienter le stick dans la direction opposée. Notons qu’il est possible d’écraser les ectoplasmes au sol en martelant la touche A pour faire baisser leur jauge de vie plus vite. Une opportunité qui sous-entend une restriction : le fantôme finira par s’échapper.

Bien évidemment, Nintendo pimente les affrontements en dotant les adversaires d’accessoires pouvant empêcher leur capture. Par exemple, certains sont équipés d’un bouclier qu’il faudra d’abord retirer à l’aide d’un lance-ventouse. Dans les grandes lignes, les combats ne présentent pas un challenge très relevé, mais requièrent simplement d’appliquer les bonnes techniques.

On trouvera simplement à redire sur certains boss qui réclament une marche à suivre un tantinet complexe pour un jeu censé toucher un large public. Parfois, Nintendo a trop poussé certaines mécaniques en oubliant que son gameplay n’a pas la précision pour (notamment quand il est nécessaire de cibler). En effet, les déplacements de Luigi sont toujours hésitants (c’est voulu) et la visée est un peu lourde. Ces pics de difficulté auxquels le jeu ne prépare jamais vraiment sont susceptibles d’en rebuter plus d’un.

Parfois, Nintendo a trop poussé certaines mécaniques

Luigi ne passe pas son temps à combattre des fantômes. En réalité, il doit surtout résoudre des énigmes prenant différentes formes (trompe-l’œil, exploration…). Là encore, il peut compter sur son aspirateur, sa lampe torche et sa lumière capable de révéler des éléments très cachés. Généralement, c’est la logique qui prime, Nintendo imprégnant une dose de réalisme sur la manière dont réagissent les environnements.

En guise d’évolution, Luigi’s Mansion 3 intègre la possibilité d’invoquer un double gluant de Luigi (déjà vu dans le remake 3DS du premier opus). Bien que plus vulnérable et très sensible à l’eau, il peut faire les mêmes choses que le Luigi normal. Et sa condition physique spéciale lui permet de résister à certains pièges. Plus important, il s’avère indispensable pour contourner certains obstacles. Il autorise enfin des sessions en coopératif (chacun son Luigi), sachant que plusieurs passages sont clairement pensés pour (en solo, il suffit de passer de l’un à l’autre).

Si Luigi’s Mansion 3 ne demandera pas plus de dix heures à un joueur averti pour en voir le bout, il recèle d’un nombre incalculable de secrets pour qui souhaiterait arpenter l’hôtel hanté de fond en comble. D’autant que les fans de Nintendo pourront tomber nez à nez avec des clins d’œil bien sentis. Pour prolonger le plaisir, il y a aussi des modes annexes (y compris du multijoueur en ligne jusqu’à huit participants).

Le verdict

Luigi’s Mansion 3 s’inscrit dans la pleine continuité de ses prédécesseurs, reprenant une formule très bien pensée d’avance, suffisamment en tout cas pour justifier des suites. En solo, il n’y a aucune révolution majeure, simplement des petites évolutions qui renforcent une expérience alliant exploration, énigmes et chasses aux fantômes.

Ce qui veut dire que Luigi’s Mansion 3 récite sa partition par cœur sans avoir profondément changé les notes. Et, par excès de zèle, Nintendo veut parfois aller trop loin en poussant des mécaniques sans avoir le socle de gameplay adéquat. Maladroit. Comme Luigi.


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