Enfilez votre plus belle tenue gothique, révisez vos claquements de doigts et apprenez à tisser les meilleures tresses du monde : Mercredi Addams débarque sur Netflix. Sur le papier, on pouvait difficilement imaginer plus séduisant que ce concept : Tim Burton rencontre la Famille Addams. Le réalisateur de Beetlejuice, Charlie et la Chocolaterie et Edward aux mains d’argent semblait être le candidat idéal pour redonner vie à cette fratrie macabre. Il aurait même dû réaliser le premier film, sorti en 1991, avant de devoir abandonner pour se consacrer à Batman : Le Défi.
Avec Mercredi (ou Wednesday), ces deux monstres de la pop culture se mélangent enfin dans une série disponible sur Netflix. Problème : cette première saison de huit épisodes possédait davantage d’intérêt morbide dans notre esprit que sur nos écrans. Sans être un désastre total, Mercredi ressemble trop à un concentré maladroit de références pour réellement nous captiver jusqu’au bout.
Jenna Ortega à la rescousse
Mercredi Addams est une ado comme les autres : elle adore torturer son frère sur des chaises électriques, elle est expulsée de son lycée pour avoir lâché des piranhas dans une piscine remplie de sportifs et elle rejette toute activité technologique. La base, quoi. Lorsque ses parents, Morticia et Gomez Addams, décident de l’envoyer à Nevermore, l’institut où ils se sont rencontrés, sa vie va prendre une nouvelle tournure. Et elle pourrait bien enquêter sur quelques meurtres au passage…
Accompagnée de son doux timbre sarcastique en voix-off, Mercredi repose sur un personnage atypique, connu pour sa joie de vivre inexistante et ses tresses parfaites. Pour cette nouvelle série, elle est incarnée par la formidable Jenna Ortega, déjà remarquable dans Jane the Virgin. La comédienne est clairement l’atout majeur de Mercredi, portant toute la série sur ses épaules. L’actrice a même appris à jouer du violoncelle pour l’occasion, pour donner davantage de réalisme aux scènes musicales (par ailleurs très réussies).
Grâce à son jeu sincère, Mercredi dévoile une large palette de punchlines féministes, gothiques et grinçantes à souhaits, que l’on réutiliserait avec plaisir dans notre propre quotidien. Personnage iconique de la pop culture, l’ado prend des airs de Daria et de Veronica Mars avec sa répartie bien sentie et sa volonté à toutes épreuves. Christina Ricci (Yellowjackets), qui l’interprétait dans les films de la Famille Addams, se joint même à la fête dans un clin d’œil étonnant.
Harry Potter à l’école de Scooby-Doo
Mais dans cette série Netflix, Mercredi prend parfois des airs plus insipides, à notre grand désespoir. Si son tempérament engendre des situations jouissives, il est aussi progressivement lissé au fil de cette première saison. L’aînée de la famille Addams devient alors plus sympathique, plus humaine et moins cynique, comme si elle devait absolument changer pour déboucher sur un happy end satisfaisant. Le personnage est ainsi souvent réduit à une simple rebelle en pleine crise d’ado, au lieu de légitimer sa personnalité comme une originalité fascinante.
Il faut dire que Mercredi n’est pas aidée par son environnement : à Nevermore, son nouveau lycée réservé aux marginaux, les triangles amoureux et les compétitions puériles sont légion. Dans cet immense château, plusieurs « maisons » cohabitent, entre vampires, loups-garous et sirènes. Clairement, l’influence d’Harry Potter se fait constamment sentir dans les huit épisodes de la saison. La voisine de chambre de Mercredi, Enid, ressemble ainsi à une Luna Lovegood colorée et surexcitée, tandis que les « marginaux » sont opposés aux « normaux », telle une division entre sorciers et humains.
En soi, ces influences pourraient être bénéfiques à Mercredi, sauf que la série finit par ressembler à un mélange indigeste entre Harry Potter, Scooby-Doo et Riverdale.
Où est Tim Burton ?
Les meurtres, parallèles à l’intégration de Mercredi Addams à Nevermore, sont ainsi trop prévisibles pour espérer être crédibles. Et ils sont si nombreux que même une saison de Game of Thrones fait pâle figure en comparaison. Les intrigues, elles, deviennent de plus en plus invraisemblables, à mesure que la saison avance, jusqu’à une conclusion beaucoup trop dégoulinante d’amour pour convaincre. On voit venir les twists à des kilomètres, les situations sont constamment surexpliquées et les personnages mystérieux n’ont finalement aucune chance de nous surprendre.
À force de tout combiner, entre fantômes, visions mystiques, monstres et maisons hantées, Mercredi se révèle trop codifiée, trop banale pour sortir du lot. Évidemment, elle constitue tout de même un divertissement convenable pour ados, mais, même dans ce registre, on peut aisément trouver plus palpitant.
Et la touche de Tim Burton dans tout ça ? Le cinéaste peine à exister dans cette création beaucoup trop plate, dont il signe les quatre premiers chapitres. Il est pourtant accompagné de son fidèle compositeur de toujours, Danny Elfman, dont les notes gothiques élaborent un générique plus que pertinent. Le cinéaste retrouve d’ailleurs des thématiques qui lui sont chères : la différence, les discriminations et la tyrannie des codes sociaux.
Mais il faut attendre le quatrième épisode pour déceler un esprit réellement burtonien dans l’exécution de ces épisodes plutôt insipides. Il convoque ainsi de grandes références du cinéma d’horreur pour des séquences plutôt savoureuses. Et ironiquement, la série prend un tournant encore plus sombre lorsque Tim Burton n’est plus derrière la caméra, sur la deuxième partie de la série.
Une série ado trop classique
Pour autant, n’allez pas croire que l’autrice de ces lignes déteste les séries ados, loin de là. Mais à l’ère d’Euphoria, Yellowjackets, Stranger Things, Shadow and Bone ou même Heartstopper, les huit épisodes de Mercredi ne font malheureusement pas le poids. Les créateurs de la série, Alfred Gough et Miles Millar, qui avaient pourtant officié sur l’excellente Smallville, semblent bloqués dans un schéma beaucoup trop classique.
Même l’esprit irrévérencieux de la Famille Addams, dont les claquements de doigts iconiques font tout de même leur apparition, a plutôt trouvé sa place aux oubliettes. Si des personnages que l’on connaît bien font leur grand retour, on attendait vraiment davantage de ce combo de choc entre Tim Burton et ce monument de la pop culture gothique. Espérons que Netflix fasse, pour une fois, le bon choix dans ses annulations et laisse Mercredi dormir en paix dans son cercueil.
Le verdict
Mercredi (Wednesday)
Voir la ficheOn a aimé
- Un humour décapant
- Des punchlines savoureuses
- Jenna Ortega, une Mercredi de génie
On a moins aimé
- Des triangles amoureux inutiles
- Des personnages inutiles
- Des épisodes inutiles
- Depuis quand Mercredi a des sentiments amoureux ?!
On l’attendait tous sans le savoir : une version de la Famille Addams imaginée par Tim Burton. C’est chose faite avec Mercredi, une nouvelle série Netflix. Mais ces huit épisodes, centrés sur l’aînée blasée de la fratrie, tombent malheureusement à plat. La réalisation est banale, les intrigues sont prévisibles, les personnages sont inintéressants et même certains comédiens semblent perdus. Seule la géniale Jenna Ortega, qui redonne parfaitement vie à Mercredi, sort victorieuse de cette série laborieuse, clairement destinée aux ados en manque de bonnes fictions à dévorer. Sauf si vous cherchez de savoureuses punchlines à sortir dans la cour de récré ou à la machine à café, vous pouvez passer votre chemin.
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