Le régulateur russe des télécommunications s’adapte. Conscient qu’il est difficile de neutraliser Telegram en bloquant les adresses IP, c’est désormais au niveau des sociétés gérant les boutiques d’applications que la pression est exercée. Apple a ainsi un mois pour bannir l’application.

Changement de tactique pour le régulateur russe des télécommunications dans son bras de fer avec Telegram. Le Roskomnadzor a adressé une requête à Apple pour qu’il neutralise l’application de messagerie instantanée en Russie. Il est demandé à la firme de Cupertino de ne plus permettre de télécharger Telegram dans le pays depuis l’App Store et de bloquer les notifications

L’entreprise américaine a un mois pour s’y conformer. Il n’est pas précisé quelles sont les mesures auxquelles elle s’exposerait si elle refuse de tenir compte de la demande du régulateur. Ni l’AFP ni Interfax, qui ont eu connaissance de cette requête, ne mentionnent Google ou Microsoft, qui gèrent pourtant chacun une boutique d’applications sur laquelle on peut trouver Telegram.

Il est arrivé qu’Apple prenne des dispositions au sujet d’applications figurant dans sa plateforme. Dans le cas de Telegram, la société a temporairement retiré le programme parce que des contenus pédopornographiques avaient été repérés. Apple a ensuite alerté Telegram et les autorités compétentes puis, une fois que des protections ont été installées, accepté le retour de l’application.

Telegram

Bataille sur fond de chiffrement

La demande du Roskomnadzor fait suite au jugement d’un tribunal moscovite rendu à la mi-avril. Celui-ci a ordonné le blocage de l’application en Russie, et parce qu’elle est très difficile à neutraliser, ce sont des millions d’adresses IP qui ont été censurées, sans que cela ne permette de bannir complètement le service. En effet, Telegram a un stratagème anti-censure pour passer entre les mailles du filet.

À l’origine de ce conflit se trouve le chiffrement des communications. Le régulateur a lancé un ultimatum à Telegram pour qu’il transmette aux autorités les moyens permettant de lire en clair les échangés chiffrés qui transitent par sa plateforme. La demande vient du service fédéral de sécurité, le FSB (ex-KGB). Depuis, Pavel Durov, le fondateur de Telegram, s’est mué en résistant numérique.

En mars, il déclarait ainsi que « les menaces de bloquer Telegram s’il ne communique pas les données privées de ses utilisateurs ne porteront pas leurs fruits. Telegram se dressera en faveur de la liberté et de la vie privée ». Quant au lanceur d’alerte Edward Snowden, c’est clair : s’ils « retirent l’appli de leur boutique en ligne, ils sont des collaborateurs conscients dans une campagne de censure, et non des victimes de celle-ci ».

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