Les activités d’Elon Musk, fondateur de SpaceX et Tesla, sont particulièrement concernées par la présidence de Donald Trump. Avec SpaceX, Musk pousse la echerche en ingénierie spatiale et souhaite créer le premier service de transport multi-planétaire, aussi bien pour les entreprises que pour les particuliers. Avec Tesla (et notamment depuis l’acquisition de SolarCity), Musk souhaite propulser les énergies renouvelables, notamment en lien avec la mobilité, dans un grand plan qui va de la collecte de l’énergie grâce au solaire jusqu’à la recharge des véhicules.
Ces deux missions ne sont pas exactement des priorités pour Trump, tout à la fois peu enclin à favoriser les sciences, peu soucieux du réchauffement climatique et de ses causes et particulièrement proche des géants des hydrocarbures. Sans parler du fait que les groupes lobbyistes qui soutiennent le président ont déjà mis Elon Musk sur la liste des ennemis. Et pourtant, contrairement à d’autres chefs d’entreprises américains, Musk reste particulièrement réservé depuis l’élection du président.
On le sait : comme d’autres, le milliardaire doit jouer le rôle de consultant extérieur pour Trump. Un poste non officiel que l’administration Trump a donné à des géants de l’industrie avant même l’investiture du président.
La semaine suivant l’investiture, Musk a fait un pas vers le président élu — ou tout du moins son administration — en affirmant qu’il trouvait que Rex Tillerson avait « le potentiel pour être un excellent secrétaire d’état ». Tillerson, ancien CEO du groupe pétrolier Exxon Mobil, a en effet été nommé à ce poste par Trump, ce qui n’a pas manqué de susciter quelques réactions du côté des défenseurs de l’environnement, qui y voient un danger évident pour l’avenir de la planète. Musk réagissait alors à un article de The Economist qui estimait que Tillerson était une personne intègre qui pourrait tempérer Trump.
C’est également la ligne de Musk sur ce sujet : « Rex est un dirigeant compétent qui comprend la géopolitique et qui sait comment faire gagner son équipe. Son équipe, désormais, ce sont les USA ». Avant d’ajouter, pragmatique : « Laissons-lui le bénéfice du doute jusqu’à ce que ses actions prouvent le contraire ». Tillerson s’est déjà exprimé en faveur d’une taxe carbone et a estimé que les États-Unis devaient « rester dans la conversation sur les risques posés par le changement climatique qui demandent une réponse globale ». Deux choses auxquelles Musk ne peut que se rallier.
La même semaine, le CEO s’est rendu à une réunion organisée par Trump sur l’industrie américaine, organisée pour réaffirmer les vœux du président américain de nationaliser la production industrielle des entreprises locales. La Gigafactory de Musk, qui doit employer plusieurs milliers de travailleurs quand elle sera terminée, s’accommoderait bien, par exemple, de la réduction de taxes de 75 % promise par Trump pour les entreprises créant des emplois sur le sol américain. Même si Musk aurait à l’idée de construire également une usine en Europe.
Musk veut amender le MuslimBan
La dernière sortie politique d’Elon Musk date du dimanche 29 janvier. Comme d’autres CEO de la Silicon Valley, Musk a condamné la décision de Trump de bloquer l’immigration aux États-Unis des résidents de plusieurs pays musulmans, estimant que ce « n’était pas la meilleure manière de résoudre les problèmes du pays ». Mais très vite, Musk a renchérit, rappelant alors le rôle de conseiller que lui a attribué la Maison Blanche : « Lisez s’il vous plaît le décret sur l’immigration. Donnez-moi vos idées d’amendements. J’irai chercher un consensus avec les conseillers et le présenterai au président ».
Cette proposition peut paraître un peu faible, quand on la compare à celle des juristes qui estiment le décret hors la loi, celle des associations qui le trouvent particulièrement discriminant et contraire aux principes fondateurs des États-Unis ou, tout simplement, celle des Américains réunis dans les aéroports pour manifester en faveur des personnes retenues par les forces de l’ordre et menacées de rejet du sol américain.
Musk, de son côté, joue encore la carte du pragmatisme : « Il n’y a aucune possibilité qu’il retire ce décret, mais il est possible de le modifier. Ce que je propose, c’est une possibilité qui n’est pas nulle ». Répondant à ceux qui affirment que Musk cherche à faire en sorte que ce décret soit acceptable, il avance qu’une telle situation ne risque pas de bouger radicalement — il faudra donc trouver un juste milieu avec les propositions du président.
Ce faisant, le CEO de SpaceX et de Tesla semble avoir adopté une attitude réaliste, aussi bien économique que politique, dans la mesure où il faudra qu’il développe ses entreprises avec Trump et son administration pendant encore 4 ans. Reste à voir combien de temps encore il lui sera possible de jouer la modération face à des propositions radicales. Et c’est bien toute la difficulté aujourd’hui, des entreprises américaines : la politique de Trump divise et oblige les uns et les autres à choisir un camp.
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