Les projets audacieux menés par le patron de SpaceX et de Tesla lui valent de nombreux ennemis. Les sites anti-Elon Musk apparus ces derniers mois multiplient les attaques mensongères à l’encontre de l’entrepreneur.

« Elon Musk continue de piller l’argent des contribuables avec le Falcon 9 », « Comment Elon Musk a dérobé 5 milliards aux contribuables », « Elon Musk : faux libéral et honte nationale »… Début septembre, un dénommé Shepard Stewart signe plusieurs articles à charge contre le patron de SpaceX et de Tesla, sur différents sites conservateurs américains, dont le Liberty Conservative.

Problème : ces attaques espacées de quelques jours ont été rédigées par un homme qui n’existe pas, comme a fini par le reconnaître Gavin Wax, rédacteur en chef du Liberty Conservative : « C’est clairement un imposteur. Il a disparu juste après la parution de son article. »

Wax aurait ensuite découvert, à son grand regret, que la photo de Stewart avait été volée sur le profil LinkedIn d’un ancien cadre de Twitter.  Deux de ces trois articles ont depuis été supprimés de leur site respectif. Elon Musk n’a pas manqué de réagir à ces attaques dans un tweet ironique : « Qui saurait identifier ceux qui écrivent ces faux articles ? Ça ne peut pas être skankhunt42 [un hacker de la série South Park], il aurait fait bien mieux que ça. »

Si l’entrepreneur américain aux mille projets — les voitures électriques avec Tesla, les fusées et la colonisation de Mars avec SpaceX… — a toujours divisé l’opinion publique, les attaques à son encontre font désormais l’objet de campagnes mensongères très organisées.

Ses opposants s’appuient sur deux plateformes anti-Musk aux titres évocateurs

Ainsi, le site à charge « Qui est Elon Musk ? », a fait son apparition au moment précis où l’entrepreneur négociait des contrats avec le gouvernement.  Les attaques récurrentes de ses détracteurs — parmi lesquels Laura Ingraham, une animatrice radio conservatrice pressentie pour devenir la nouvelle porte-parole de la Maison Blanche — sont aussi compilée sur le site « Empêchez Elon Musk d’échouer à nouveau », qui se présente comme « la base de données incontournable pour arrêter Elon Musk ». Il y est ouvertement comparé à Bernard Madoff, le courtier de Wall Street resté tristement célèbre pour avoir escroqué des sommes astronomiques à de nombreux clients.

Les différentes plateformes anti-Musk le dépeignent comme un voleur qui empoche le maximum de subventions du gouvernement américain sans jamais faire aboutir ses projets. Un mensonge parmi d’autres démonté par le site spécialisé Electrek, qui explique notamment que la somme de 4,9 milliards soi-disant dérobée aux contribuables américains repose sur des allégements fiscaux potentiellement recevables par Tesla d’ici 20 ans, sur des prêts avantageux qui ont été remboursés par l’entreprise depuis longtemps ou encore sur des avantages réservés aux seuls clients de Tesla.

elonmusk-1920

Le vide laissé par Hillary Clinton pourrait bien faire d’Elon Musk la nouvelle cible privilégiée des milieux conservateurs

Electrek rappelle au passage que ces attaques sont majoritairement menées par des conservateurs liés aux industriels du pétrole, du charbon ou du gaz, qui sont donc par nature hostiles aux projets écologiques de Musk.

Pour Sam Jaffe, directeur d’un cabinet d’étude sur le stockage d’énergie, Elon Musk marche droit dans les pas de l’ancienne cible privilégiée des milieux conservateurs : « Il y a un précédent à cette situation : Hillary Clinton. »

Si les attaques contre Elon Musk se multipliaient déjà avant la défaite de la candidate démocrate, il reste convaincu qu’elles vont aller en s’intensifiant, à cause d’une peur bien précise : que l’entrepreneur se lance dans la politique.

Ainsi, après avoir violemment critiqué Hillary Clinton pour ses emails comme pour l’affaire de l’ambassade de Benghazi, ces groupes emploieraient la même stratégie pour dépeindre Musk comme une personnalité sournoise : « Toute une partie du monde politique est clairement effrayée à l’idée que Musk s’engage dans le milieu. Ils le considèrent comme une menace, c’est pour ça qu’ils ont commencé cette pratique. »


Abonnez-vous à Numerama sur Google News pour ne manquer aucune info !