Face à la constellation Starlink de SpaceX, l’Europe manœuvre pour structurer ses forces. Trois entreprises sont proches de s’allier, pour créer une sorte d’Airbus des satellites. La structure réunirait Airbus, Thales et Leonardo.

C’est un tweet qui souligne toute l’envergure que le programme Starlink a fini par atteindre au cours des années. Samedi 13 septembre, SpaceX a annoncé avoir encore bouclé un autre déploiement de satellites pour sa constellation spatiale. 24 nouveaux engins ont été déployés, lors de la 300e mission du genre. Et ce n’est évidemment pas fini.

Starlink
Un récepteur Starlink. // Source : Starlink

Aujourd’hui, force est de constater qu’aucune autre constellation n’approche l’ampleur du réseau Starlink. Selon les données de Satmap, la constellation de SpaceX avoisine les 8 300 appareils. L’offre Eutelsat OneWeb arrive loin derrière, en deuxième place, avec 651 engins. Quant aux autres solutions, elles sont trop petites ou trop loin de leur objectif à long terme.

Alliance entre Airbus, Thales et Leonardo

Mais il n’est pas dit que cette hiérarchie perdure pour toujours. En tout cas, de grandes manœuvres sont en cours. Comme l’a indiqué le directeur général d’Airbus Defence and Space, Michael Schoellhorn, la perspective de créer un « Airbus des satellites » est en bonne voie en Europe. Le projet, s’il va à son terme, réunira Airbus, Thales et Leonardo.

Lors d’un entretien paru le 14 septembre 2025 dans les colonnes du journal italien Corriere Della Sera, l’intéressé a affirmé que les trois entreprises sont « sur la bonne voie » pour une alliance entre les trois grands fabricants de satellites du Vieux Continent, même « s’il reste encore plusieurs aspects à clarifier avant de franchir une étape aussi importante. »

Michael Schoellhorn // Source : Airbus
Michael Schoellhorn // Source : Airbus

Cette perspective d’un rapprochement entre ces trois piliers de l’Europe de la défense est discutée depuis longtemps. Mais la vitesse de déploiement de Starlink, les enjeux de souveraineté, d’indépendance et d’autonomie stratégique, et l’évolution radicale du contexte géopolitique ont, de l’aveu de Michael Schoellhorn, été de forts accélérateurs.

« Le succès de Starlink et la nature des risques à réduire en Europe ont été en grande partie les facteurs déclencheurs de cette discussion, à laquelle j’ai consacré beaucoup de travail ces derniers mois », a-t-il indiqué au quotidien transalpin. Et si la concrétisation est difficile, en raison de sujets complexes à la fois nationaux et transnationaux, la ligne d’arrivée ne serait plus très loin.

Un Airbus des satellites par simple à bâtir

Le partage du capital de la future entité reste un sujet délicat, même si des réussites existent, malgré des déséquilibres. Ainsi, Telespazio (industrie spatiale), réunit Leonardo (67 %) et Thales (33 %), tandis que MBDA (missiles et systèmes de défense) a dans ses rangs BAE Systems (37,5 %), Airbus (37,5 %) et Leonardo (25 %).

Autre sujet sensible : la gouvernance d’une entité multinationale. On sait que cela n’a pas toujours été simple chez Airbus entre Paris et Berlin. Plus récemment, le projet du prochain avion militaire via le programme SCAF (Système de combat aérien du futur) suscite des tensions similaires, cette fois entre Dassault Aviation et Airbus.

L'Airbus A380 s'envole vers d'autres cieux. // Source : Airbus
Les constructions transnationales ne sont jamais simples, mais paient parfois. // Source : Airbus

Des tensions récurrentes qu’il faudrait donc s’épargner entre Leonardo, société italienne, Thales, groupe français, et Airbus, multinationale européenne, dont le siège social est dans l’Hexagone. Car le challenge, pour beaucoup d’observateurs, n’est pas la rivalité et la compétition intra-européenne, mais bien la concurrence mondiale.

Reste que le mariage est ralenti par les sujets habituels : les retombées industrielles, les questions d’emploi, les contreparties et compensations à envisager selon les parts de chaque entreprise, les enjeux de concurrence en Europe, le coût des satellites ou encore la cession éventuelle d’actifs pour éviter un déséquilibre du marché : tout cela pèse dans la balance.

Une première signature dès 2025 ?

Mais les choses devraient se débloquer sans doute bientôt. D’après Michael Schoellhorn, une première signature politique pourrait advenir dès 2025 entre les trois groupes, avec le regard bienveillant des chancelleries, pour marquer un premier engagement à unir leurs forces.

Puis, dans un second temps, vraisemblablement début 2026, un accord effectif devrait être signé, afin de passer des paroles aux actes. « Cette alliance pourrait constituer une étape importante pour l’industrie européenne, tant en termes de taille que de compétitivité ». En somme, il n’y a plus qu’à.

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