Les États-Unis envisagent de renforcer leurs contrôles des visiteurs des étrangers. Une refonte en profondeur de la procédure ESTA, l’autorisation électronique de voyage qui permet d’effectuer de courts séjours sans visa, a été proposée le 10 décembre 2025 dans le Federal Register.
Problème : ce projet prévoit une collecte de données personnelles et biométriques bien plus étendue qu’auparavant, incluant notamment un examen systématique des comptes de réseaux sociaux du voyageur sur les cinq dernières années. Ce changement fait énormément réagir en ligne.

Ce que change cette réforme de l’ESTA pour les Français
Pour rappel, l’ESTA est une autorisation de voyage automatique permettant de se rendre aux États-Unis dans le cadre du programme d’exemption de visa. Réservé à de nombreux pays européens, dont la France, il autorise à effectuer un séjour touristique ou professionnel de 90 jours maximum. Une fois accordée, cette autorisation est valable jusqu’à deux ans et peut être utilisée pour plusieurs voyages de moins de 90 jours (sauf expiration du passeport).


La mention des identifiants réseaux sociaux dans l’ESTA était déjà présente depuis plusieurs années, mais il s’agissait de champs optionnels. Plusieurs associations militent depuis des années pour faire retirer cette option que beaucoup de visiteurs remplissent par peur d’être refusés.

Dans une prochaine version de l’ESTA, les contrôles pourraient se renforcer. Selon les documents publiés par l’agence des douanes et de la protection des frontières, plusieurs changements importants sont prévus, y compris pour les visiteurs français.
D’un point de vue pratique, la demande d’ESTA ne devrait plus pouvoir se faire que via l’application mobile officielle (Esta Mobile), le CBP voulant mener un basculement progressif. Le site web ne servirait donc plus qu’à consulter des informations et vérifier l’état des dossiers. En parallèle, l’administration veut également rendre obligatoire l’envoi d’une photo du visage pour comparer à la photo du passement du demandeur.
Concernant les réseaux sociaux des voyageurs, il ne serait bientôt plus possible d’indiquer « none » (aucun) ou de laisser le champ vide. Si la proposition venait à être finalisée, ce champ deviendrait obligatoire et impliquerait de déclarer ses identifiants (username ou nom de compte) sur les principales plateformes au cours des cinq dernières années (par exemple X/Twitter, Facebook, Instagram, TikTok, LinkedIn…) Les mots de passe et les messages privés ne sont évidemment pas concernés (ouf) : l’objectif est de vérifier l’identité que vous utilisez en ligne.
Une collecte de données biométriques renforcée
La durée — cinq ans — n’a clairement pas été choisie au hasard : elle permet de remonter suffisamment loin pour suivre l’évolution d’un profil et croiser ces informations avec d’autres fichiers. Les autorités pourraient ainsi repérer des propos jugés problématiques, même si l’utilisateur a changé de compte entre-temps. Officiellement, le document explique vouloir se conformer au décret présidentiel 14161 de janvier 2025, intitulé « Protection des États-Unis contre le terrorisme étranger et autres menaces à la sécurité nationale et à la sécurité publique », ainsi qu’à une note du 4 avril 2025 (mise à jour de tous les formulaires pour la collecte de données biographiques de base).
Outre les réseaux sociaux, la nouvelle demande d’ESTA intégrerait :
- Centralisation via l’application mobile : le passage par l’app officielle faciliterait la récupération de métadonnées techniques supplémentaires.
- Téléphones et e-mails sur plusieurs années : numéros de téléphone utilisés au cours des cinq dernières années, et adresses mail pouvant remonter jusqu’à dix ans. Les autorités pourraient également collecter les adresses IP associées aux connexions et demandes.
- Données familiales élargies : informations plus détaillées sur plusieurs membres de la famille (noms complets, dates et lieux de naissance, liens de parenté, coordonnées).
- Biométrie renforcée, notamment via un selfie « en direct ».
À ce stade, la note a été publiée dans le Federal Register comme projet de révision des formulaires ESTA/I-94, dans le cadre des « Agency Information Collection Activities ». Elle ouvre une période de commentaires publics durant laquelle le Service des douanes et de la protection des frontières est censé recueillir avis et remarques avant d’adopter une version finale. Si la mise en application dépendra du calendrier administratif américain, le ton est donné : se rendre aux États-Unis pourrait devenir plus compliqué si vous avez eu, au cours des cinq dernières années, le malheur de tenir des propos jugés problématiques. Reste néanmoins une réalité : comme avec le précédent système, la vérification des messages n’était pas systématiquement réalisée. Il est difficile d’assurer avec certitude que les États-Unis contrôleront systématiquement tous les comptes.
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