« Louer un VE en France, c’est un peu un enfer. » C’est sur ce constat que tout commence.
De passage en France, Mathieu cherche à se procurer un véhicule électrique. Problème : impossible de connaître à l’avance le modèle exact qui lui sera attribué, et donc, de facto, l’autonomie réelle de la batterie. L’ancien CTO d’Humanoid finit par remettre en question sa réservation prévue chez le loueur Sixt et tente d’interpeller le compte officiel de l’entreprise sur X.
À peine plus d’un quart d’heure plus tard, un compte X réagit à sa publication : logo de Sixt en photo de profil, pseudo @sixtthelp, et un certain « Patrick Sixt Customer Service » qui se présente comme prêt à l’aider. Formule de politesse à l’appui, ce faux bon Samaritain lui propose rapidement de poursuivre l’échange par WhatsApp ou par e‑mail, en lui demandant de lui transmettre ses coordonnées pour trouver une solution à son problème. Classique, toutes les entreprises font ça.
Passage sur un canal privé
Mathieu s’exécute et envoie son numéro en message privé, sans vraiment vérifier s’il avait affaire au véritable support de la société de location. Il est ensuite contacté sur WhatsApp par un numéro britannique, via un profil sobrement nommé « Customer Support ».
L’appel commence de façon tout à fait banale : son interlocuteur lui demande de répéter ses coordonnées pour confirmer son identité : « J’y croyais pas mal, je lui ai filé mon mail et mon numéro de téléphone à l’oral pour confirmer la resa, jusqu’à ce qu’il veuille me faire télécharger une app pour annuler la resa et faire le remboursement », nous dit-il
Conscient du piège qui est en train de se refermer, Mathieu met fin à l’appel. Bon réflexe, mais d’autres n’auraient peut-être pas ses connaissances sur les rouages des arnaques en ligne.
L’application qu’on lui demande de télécharger est certes une solution de paiement parfaitement légitime, mais la suite est facile à imaginer : pousser la victime à effectuer un virement, à valider une opération distante ou à communiquer des informations bancaires sensibles, sous couvert de remboursement ou de confirmation de réservation.
Une tentative de phishing particulièrement sournoise
Ce type de phishing, basé sur l’usurpation de comptes de support sur les réseaux sociaux, est documenté depuis plusieurs années, et ce nouvel exemple illustre une fois de plus la modération très limitée actuellement à l’œuvre sur X.
À l’heure où nous rédigeons ces lignes, le 11 décembre 2025 à 17 h 36, le compte de « Patrick Sixt Customer Service » reste d’ailleurs actif.
Le profil ne compte qu’une poignée d’abonnés, a été créé en décembre 2025, mais se montre extrêmement réactif : l’acteur malveillant tente systématiquement de contacter les personnes qui mentionnent un support Sixt, quelle que soit leur langue ou leur pays.
Le fait que le compte WhatsApp associé ne fasse pas explicitement référence à Sixt laisse penser que ce mode opératoire peut être facilement répliqué pour usurper d’autres services clients.
D’où l’importance de vérifier l’authenticité des comptes qui répondent à vos plaintes sur les réseaux sociaux, avant de partager des coordonnées ou des informations de paiement. Soyez vigilants.
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