La cybersécurité ressemble à une course de fond rythmée par trois acteurs : ceux qui défendent les systèmes, ceux qui cherchent à les percer et, entre les deux, l’arrivée constante de nouveaux outils qui élargissent sans cesse la surface d’attaque.
La dernière campagne cybercriminelle mise au jour par la société russe Kaspersky le 9 décembre 2025 en est une parfaite illustration.
Son objectif ? Diffuser à grande échelle des infostealers, c’est‑à‑dire des logiciels malveillants conçus pour voler mots de passe, cookies, documents et autres données sensibles sur les machines infectées.
La porte d’entrée ? Une campagne Google Ads qui oriente les victimes vers ChatGPT. Ici, aucun recours à des URL douteuses ni à un faux site grossier, les internautes sont bien redirigés vers le domaine officiel du chatbot, mais c’est pourtant là que le piège se referme.

Google Ads puis ChatGPT…
Les cybercriminels s’appuient ici sur des outils relativement récents d’OpenAI, la société mère de ChatGPT. Le premier est Atlas, le navigateur web lancé publiquement en octobre 2025, dont la promesse de « réinventer » la navigation en fait une cible idéale pour une campagne visant un large public curieux de tester la nouveauté.


Le principe est simple : disséminer de faux guides d’installation d’Atlas et les pousser en tête des résultats via des campagnes Google Ads, de manière à apparaître lorsqu’un internaute saisit par exemple « comment installer Atlas ».
En soi, rien de révolutionnaire : les nouveautés de la tech servent régulièrement d’appât dans des opérations malveillantes, mais cette campagne se distingue par l’usage d’une autre brique d’OpenAI pour rendre le piège particulièrement crédible.
Les attaquants exploitent en effet la fonction de partage de conversation de ChatGPT, qui permet de rendre publique une discussion avec le chatbot sous forme de page hébergée sur le domaine officiel chatgpt.com.
Après avoir manipulé le modèle via des techniques de jailbreak pour obtenir un faux guide d’installation d’Atlas, ils nettoient l’historique puis publient uniquement la réponse finale, présentée comme un guide technique légitime.
Une fois qu’ils ont cliqué sur le lien sponsorisé, les internautes arrivent bien sur chatgpt.com, mais au sein d’une conversation piégée partagée par les pirates. Face à eux, un échange en apparence anodin du type « Comment installer OpenAI Atlas sur macOS ? » suivi d’instructions détaillées.
La réponse fournit une simple ligne de commande à copier‑coller dans le Terminal, censée installer le navigateur, mais qui télécharge en réalité un script malveillant déployant le malware AMOS.
Une campagne plus vaste détournant d’autres chatbots
L’usage de ce malware est également un signe de la démocratisation des outils cybercriminels. AMOS est en effet un logiciel malveillant documenté depuis 2023 et proposé à la location sur le dark web, pour environ 1 000 dollars par mois. De plus en plus sophistiqué, il a été renforcé en 2025 avec l’ajout d’une porte dérobée qui permet aux opérateurs d’exécuter des commandes à distance, de maintenir un accès persistant et d’enregistrer les frappes clavier sur les machines compromises.
Si les chercheurs ne détaillent pas exactement comment les attaquants ont réussi à contourner les garde-fous de ChatGPT au départ, ils expliquent qu’une simple requête dans une nouvelle conversation saine suffit ensuite à dévoiler la supercherie, le chatbot signalant clairement que la commande fournie dans le guide tronqué constitue une menace évidente.

D’après BleepingComputer, cette technique ne se limite pas à ChatGPT et a aussi été adaptée pour d’autres IA conversationnelles comme Grok, avec des faux tutoriels couvrant bien plus que l’installation d’Atlas et ciblant diverses opérations sur macOS.
Le média rappelle également quelques règles élémentaires d’hygiène numérique : « Les utilisateurs doivent faire preuve de vigilance et éviter d’exécuter des commandes trouvées en ligne, surtout s’ils n’en comprennent pas pleinement le fonctionnement. »
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