Tesla est en difficulté : la justice américaine enquête sur les tweets d’Elon Musk concernant son plan avorté de retirer le constructeur automobile de la bourse. Celui-ci disait que le financement de son projet était assuré, ce qui n’était pas le cas.

L’horizon judiciaire s’assombrit pour Tesla, à cause de l’improbable séquence qui a eu lieu cet été sur un éventuel retrait du constructeur automobile de la bourse. Alors que le gendarme boursier (Securities and Exchange Commission) a ouvert une enquête pour déterminer si les propos d’Elon Musk constituent une manipulation du cours de l’action, c’est au tour du département de la justice d’entrer dans la danse.

L’agence de presse Bloomberg rapporte qu’une enquête pénale — qui est encore à un stade préliminaire — a été enclenchée contre le fabricant de voitures électriques. La procédure a été confirmée par l’industriel, qui explique avoir reçu dès août — mois où ont été publiés les tweets controversés d’Elon Musk sur ses projets extra-boursiers — une demande d’information de la part des autorités.

« Tesla a reçu une demande volontaire de documents de la part du département de la justice et a coopéré pour y répondre », déclare la société, qui a ensuite pris soin de minorer l’ampleur de la procédure. « Nous n’avons pas reçu de citation à comparaître, de demande de témoignage ou de toute autre procédure officielle. […] Nous croyons que la question devrait être réglée rapidement », ajoute-t-elle.

Le projet d’Elon Musk de sortir de la bourse, annoncé le 7 août, et abandonné depuis, était accompagné d’explications sur la marche à suivre pour que tout se passe bien. Ce retrait devait permettre au groupe de se dégager d’obligations réglementaires — comme la publication des comptes trimestriels — et de ne plus être soumis aux aléas des marchés, des commentaires des analystes et des actions des spéculateurs.

Financement incertain

L’intéressé avait même évoqué un « financement sécurisé » au moment d’évoquer un appui potentiel de la part d’un fonds souverain saoudien. Mais quelques jours plus tard, il a fallu se rendre à l’évidence : Elon Musk s’était trop avancé. Aucun financement n’était vraiment arrêté. Seuls des contacts à des stades plus ou moins avancés avaient été pris avec divers interlocuteurs, dont le fonds souverain.

Pour mener cette sortie de Wall Street, il aurait fallu procéder à un montage financier de très grande ampleur. En promettant 420 dollars par action, soit un montant bien plus haut que le cours au moment de l’annonce, Elon Musk se devait de trouver plusieurs dizaines de milliards de dollars — les estimations évoquaient alors… 66 milliards de dollars — pour les racheter toutes.

Dans son communiqué annonçant la fin du projet, il est dit que ce retournement de situation a été motivé par des discussions avec les actionnaires. Mais l’abandon de l’idée a sans doute été rendu nécessaire par un constat implacable : aucune des banques d’affaires mandatées par le groupe n’a réussi à résoudre cette impossible équation, faute d’avoir trouvé à temps des investisseurs fiables.

Une publicité pour Tesla Model 3 // Source : Tesla

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Cet épisode est désastreux pour la crédibilité d’Elon Musk, déjà remise en cause par ses frasques — comme cette séquence dans laquelle on le voit fumer du cannabis à la radio — et ses accusations infondées — un plongeur britannique qui a participé au sauvetage des enfants coincés dans une grotte en Thaïlande a porté plainte contre le milliardaire, qui l’accuse d’être un pédophile.

Cette double enquête, du département de la justice et du gendarme boursier, est en tout cas une mauvaise nouvelle pour Tesla, qui est justement à la croisée des chemins : en effet, le constructeur automobile doit encore prouver sa capacité à être rentable (ce qui n’est pas gagné, au regard de l’ampleur de ses pertes) et la viabilité de sa stratégie, qui a été mise en place dans la douleur.

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