L’ouragan Irma menace les Caraïbes, avec des vents à 295 km/h et des rafales qui peuvent grimper jusqu’à 360 km/h. Comment s’est formé ce super-cyclone, dont on redoute l’impact sur les zones menacées ? De quelle manière évalue-t-on sa puissance ? Est-elle liée au changement climatique ? On fait le point.

Les Caraïbes sont sous le coup du puissant ouragan Irma, dont les vents peuvent souffler jusqu’à 295 km/h et les rafales atteindre les 360 km/h.

Dans la nuit du mardi 5 au mercredi 6 septembre, Irma a frappé l’île de Barbuda, tandis que les îles des Petites Antilles sont placées, depuis cette nuit, en vigilance violette par Météo-France. Irma pourrait ensuite poursuivre son parcours dévastateur vers Haïti et la Floride.

Comment Irma a pris forme

Irma s’est formée au large du Cap Vert la semaine dernière, en pleine saison cyclonique — de juin au 1er novembre 2017 — avant de gagner en puissance au fur et à mesure de son avancée, suivie de près par l’Organisation météorologique mondiale, comme par le Centre national américain des ouragans ou Météo-France.

Comme tous les ouragans — selon le terme attribué aux cyclones qui sévissent dans l’Atlantique nord et dans le Pacifique nord-est –, Irma a pu voir le jour grâce à l’air chaud et humide généré par la mer lorsqu’elle atteint ou dépasse 26 ° C sur au moins 60 mètres de profondeur. Les flux d’air se mettent ensuite à tourbillonner et à former des nuages. C’est cet air réchauffé qui, en continuant de monter, alimente le tourbillon en vapeur. Celui-ci gagne ainsi en puissance au fil de sa progression, à un rythme d’environ 20 ou 30 km/h.

Les ouragans provoquent aussi des changements maritimes importants, et notamment une « surélévation anormale du niveau de la mer, connue sous le nom de ‘marée de tempête’ » qui reste « le phénomène le plus meurtrier associé aux cyclones », comme le rappelle Météo-France. Une fois arrivés sur les terres, « où ils ne sont plus alimentés en eau chaude », les ouragans ont tendance à faiblir, même s’ils restent destructeurs.

Irma, plus puissante qu’Harvey

Selon la classification opérée par l’échelle de Raffir-Simpson, qui sert à mesurer la force des ouragans, Irma fait partie du niveau 5, soit la catégorie des super-cyclones, supérieurs à 249 km/h. Elle est même plus puissante qu’Harvey, l’ouragan qui vient de frapper le Texas et la Louisiane, provoquant la mort de plus de 30 personnes.

L’échelle de Saffir-Simpson a été créée en 1971 et révélée au public en 1973, sur une initiative de l’ingénieur Herbert Saffir et avec l’aide du météorologue Robert Simpson. L’Organisation météorologique mondiale souhaitait en effet parvenir à mesurer les dégâts potentiels des ouragans sur les infrastructures, jusqu’alors difficilement évaluables.

La force des cyclones est mesurée en enregistrant la vitesse des vents soutenus pendant une minute, ce qui permet de les classifier en 5 niveaux différents. Le premier est le moins dangereux, avec des vents soutenus entre 119 et 153 km/h.

Des zones potentiellement inhabitables pendant des mois

Le cinquième, le plus puissant, comprend tous les ouragans soufflant à plus de 249 km/h, dont les conséquences potentiellement catastrophiques sont résumées par le Centre national américain des ouragans : « Un pourcentage important de maisons construites en bois peut être détruit, marquées par l’effondrement du toit et des murs. Des arbres et des poteaux électriques abattus [par le vent] peuvent isoler des zones résidentielles. Des coupures électriques peuvent durer des semaines voire des mois. L’essentiel de la zone sera inhabitable pendant des mois ou des semaines. »

Météo France établit pour sa part 5 couleurs de vigilance pour les cyclones. L’alerte violette, maximale, déclenchée pour les îles de Saint-Barthélémy et de Saint-Martin, appelle au confinement de la population en raison des risques d’« impacts majeurs associés à l’ouragan ». Certaines zones, parmi les plus à risque, ont déjà été évacuées.

L’alerte rouge, en vigueur pour la Guadeloupe et la Martinique, appelle à se « protéger » en raison des « conditions de forte tempête ou d’ouragan ». Après le passage de l’ouragan, le prochain niveau attendu devrait être le gris, signe que le pire est passé mais que la vigilance reste de mise : « L’ouragan s’éloigne mais tout danger n’est pas écarté. »

L’impact du réchauffement climatique

S’il est encore trop tôt pour pouvoir affirmer que le changement climatique contribue à la formation plus fréquente d’ouragans — on en compte chaque année près de 80 au-dessus des eaux tropicales -, celui-ci a en revanche un impact sur la force de ces cyclones.

C’est ce qu’expliquait fin août au Parisien la climatologue Valérie Masson-Delmotte, membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) : « Des cyclones d’une intensité plus grande sont l’une des conséquences attendues du changement climatique ». Météo-France dresse le même constat : « Depuis les années 1970, une tendance à la hausse [des cyclones] est apparue dans l’Atlantique nord, mais le changement climatique n’est pas le seul facteur en jeu. Les simulations du climat pour le XXIe siècle indiquent que les cyclones ne devraient pas être plus nombreux. En revanche, les cyclones les plus forts pourraient voir leur intensité augmenter. »

Selon l’organisme météorologique, le réchauffement climatique aurait même tendance à diminuer le nombre de cyclones, mais à renforcer leur impact : « En l’état actuel des connaissances, il n’est pas possible d’évaluer quelle est l’influence des activités humaines sur les changements de l’activité cyclonique observés au cours du XXe siècle. Par contre, pour le XXIe siècle, les simulations effectuées par les modèles climatiques montrent une possible baisse de la fréquence des cyclones tropicaux sur l’ensemble de la planète. »

Météo-France poursuit : « Les experts estiment aussi que les plus gros cyclones seront probablement plus puissants, avec des vents maximum plus élevés. Les précipitations liées aux systèmes cycloniques devraient être également plus intenses. »

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