Axelle Lemaire a annoncé lundi 27 février sa démission du gouvernement. Elle a occupé pendant près de trois ans le poste de secrétaire d’État chargée du numérique et de l’innovation. À cette occasion, Numerama fait le bilan de son action politique.

Clap de fin pour Axelle Lemaire. Celle qui a occupé pendant près de trois ans le poste de secrétaire d’État chargée du numérique et de l’innovation dans le gouvernement a décidé de plier bagage pour rallier l’équipe de campagne de Benoît Hamon, candidat du Parti socialiste pour l’élection présidentielle française de 2017. Une démission qui a été commandée par l’impossibilité de concilier à la fois action gouvernementale, militantisme et vie personnelle, explique-t-elle à Libération.

Le départ surprise d’Axelle Lemaire est l’occasion de faire une rétrospective générale de son bilan politique, car son poste l’a naturellement amenée à être en première ligne sur tous les sujets directement liés au numérique et aux nouvelles technologies. Retour donc sur quelques-uns des chantiers qui l’ont occupée depuis le 2 avril 2014, date à laquelle elle a rejoint l’équipe gouvernementale dirigée par François Hollande, sous la tutelle d’Emmanuel Macron puis de Michel Sapin.

Loi pour une République numérique

Au sein du gouvernement, son principal fait d’armes reste l’adoption de la loi pour une République numérique, dont la conception s’est fondée sur une consultation publique destinée à impliquer les citoyens dans un exercice assez rafraichissant de démocratie participative, même si les espérances initiales suscitées par une démarche législative ouverte n’ont pas pu être complètement satisfaites au cours du processus. Bien qu’imparfait, c’était un premier pas positif.

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Que trouve-t-on dans cette loi ?

L’accès sécurisé aux données pour les chercheurs et statisticiens publics, la loyauté de l’information à destination des consommateurs, la portabilité des données, L’ouverture par défaut des données publiques et d’intérêt général, la neutralité du net, le libre accès aux résultats des travaux de recherche publique et autorisation de la fouille de textes et de données, la protection des données personnelles ou encore la lutte contre la revanche pornographique.

Le texte prévoit aussi une reconnaissance officielle de l’eSport en tant que pratique professionnelle compétitive des jeux vidéo, l’accélération de la couverture numérique du territoire, la mort numérique, le droit au maintien de la connexion à Internet, la facilitation des campagnes de dons par SMS, une stratégie de développement des usages et services numériques à l’échelle territoriale ou encore l’accessibilité du numérique.

French Tech, très haut débit, IA…

Axelle Lemaire s’est aussi distinguée sur le dossier de la French Tech, une initiative qui vise à promouvoir en France à l’étranger les produits et les services développés par les startups françaises. Elle a ainsi accompagné la labellisation de certaines villes, soutenu les sociétés lors de la période de Noël ou, plus récemment, dévoilé le French Tech Visa pour attirer les talents étrangers, de façon à ce qu’ils apportent à l’économie française en créant et en faisant prospérer des startups dans l’Hexagone.

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L’ex-secrétaire d’État s’est aussi impliquée dans le plan « France très haut débit », ce qui a d’ailleurs causé quelques frictions avec la Cour des comptes sur le chiffrement du projet qui consiste à couvrir tout le territoire en très haut débit (30 Mbit/s) d’ici 2022. L’an passé, elle a ainsi assisté à l’inauguration de l’Agence du numérique, qui réunit les responsabilités de la mission France Très Haut Débit, du label French Tech et de la Délégation aux usages de l’internet.

À son poste, elle a aussi contribué à la mise en place de la « Grande École du Numérique » qui vise à former des jeunes pour les amener à occuper près de 50 000 postes vacants dans le secteur du numérique. Le dispositif implique des écoles et des formations pour créer des voies d’accès vers ces emplois. Plus récemment, elle a aussi lancé la stratégie nationale en intelligence artificielle pour « identifier et fédérer les acteurs de ce secteur » et faire en sorte que l’IA serve au plus grand nombre.

Opposée au fichier TES

Si l’action d’Axelle Lemaire au poste de secrétaire d’État chargée du numérique et de l’innovation a indéniablement permis de faire progresser un certain nombre de sujets, sa capacité politique à influencer certains sujets au sein du gouvernement a rapidement atteint ses limites. Ainsi, Lionel Maurel, membre du conseil d’orientation stratégique de la Quadrature du Net, une association se consacrant à la défense des libertés individuelles dans l’environnement numérique, pointe les dossiers sur lesquels elle n’a rien pu faire.

La loi de programmation militaire, la loi relative au renseignement ou encore la loi renforçant la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement, et améliorant l’efficacité et les garanties de la procédure pénale sont autant de sujets sur lesquels Axelle Lemaire, qui aurait songé à démissionner lors des débats sur la loi relative au renseignement, n’a quasiment pas eu voix au chapitre, ces derniers étant pilotés au plus haut niveau de l’État, notamment par les ministères régaliens.

Quant au fichier TES (Titres Électroniques Sécurisés), Axelle Lemaire assure dans les colonnes de Libération avoir « joué mon rôle de lanceuse d’alerte », en référence à son hostilité marquée à l’égard de ce dispositif, et avoir contribué à pousser Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur, à concéder quelques aménagements. Aménagements qui aux dernières nouvelles ne semblent plus d’actualité, alors que le déploiement du nouveau fichier TES, lui, est en cours sur tout le territoire métropolitain.


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