Harry Potter, Star Wars, Les Simpson, Friends, Pokémon, Mario et Luigi, Game of Thrones, mais également des célébrités : si vous avez déjà visité le sous-Reddit consacré à Midjourney, vous avez certainement croisé une ribambelle d’images générées par intelligence artificielle, qui reprennent des personnages tirés de la pop culture.
On en trouve d’ailleurs largement ailleurs sur le net et il est toujours d’une simplicité enfantine d’en obtenir avec cette IA générative — comme a pu le noter Numerama dans la journée du 12 juin. L’outil est capable de produire à la volée des images de Mario, Shrek ou encore Rey, l’héroïne de la troisième trilogie de Star Wars.
Ces possibilités sont évidemment très divertissantes pour les internautes, qui s’amusent à les réinventer dans d’autres styles artistiques, ou bien à créer des visuels inédits et proches des designs originaux. Mais cela amuse beaucoup moins les sociétés qui possèdent les licences des œuvres en question, car elles y voient du vol.
Une première à Hollywood
Et ce qui devait arriver arriva : Disney (qui possède ses classiques animés, comme Mickey, Aladdin ou La Reine des neiges, ainsi que des licences comme Star Wars, Pixar et Marvel) et NBCUniversal (Dragons, Shrek, Moi, moche et méchant ou encore Kung Fu Panda) ont finalement engagé une action judiciaire contre Midjourney.


La plainte déposée par Disney et NBCUniversal, longue de 110 pages et régulièrement illustrée d’exemples montrant la proximité entre les œuvres originales et les productions de Midjourney, argue que la jeune entreprise spécialisée dans l’IA générative viole très largement le copyright, car ces générations se font sans aucune autorisation.

Midjourney est notamment décrit comme la « quintessence du parasitisme en matière de droit d’auteur et un gouffre sans fond de plagiat », car l’outil « s’approprie les œuvres protégées par le droit d’auteur des plaignants, puis en distribue des images (et bientôt des vidéos) qui incorporent et copient de manière flagrante les célèbres personnages de Disney et d’Universal — sans avoir investi un centime dans leur création. »
« Le piratage est le piratage, et le fait qu’une image ou une vidéo contrefaite soit réalisée à l’aide de l’IA ou d’une autre technologie ne la rend pas moins contrefaite », poursuit la plainte, qui y voit une « violation classique du droit d’auteur ». Le service en fait même indirectement commerce, puisqu’il vend des abonnements qui permettent notamment ces générations.
Disney et NBCUniversal sont les premiers poids lourds de Hollywood à monter au front contre une entreprise d’intelligence artificielle générative. Mais leur action pourrait faire appel d’air outre-Atlantique et inciter d’autres titulaires de droits à réagir prochainement. Surtout si leur plainte permet de mettre un terme à l’infraction, ou de négocier un deal.
L’arbre qui cache la forêt de l’IA générative
Elle pourrait également faire tache d’huile, car Midjourney est l’arbre qui cache la forêt. D’autres outils d’IA permettent aussi de produire des visuels d’œuvres protégées par le copyright. On peut par exemple très facilement produire une image de Mario avec Grok, l’IA de xAI. Idem avec ChatGPT, le chatbot d’OpenAI.
Il est à noter que ChatGPT peut sortir une mise en garde avant de produire un visuel. L’outil a prévenu qu’il ne peut pas générer d’image exacte de Mario tel que dessiné par Nintendo pour des raisons de droits d’auteur, mais seulement créer une version inspirée de Mario. Reste que le résultat final est quand même très proche du plombier moustachu originel.


D’autres actions en justice ont commencé à émerger, notamment dans le milieu des médias. Là encore, ce sont des considérations de droits d’auteur qui ont été mobilisées. Getty Images a lancé une procédure contre Stable Diffusion pour reproduction illicite de son logo. Quant à Anthropic, qui a créé l’IA Claude, ce sont les paroles des chansons qui ont posé problème.
Ces quelques exemples de procédures en justice, parmi d’autres, illustrent le problème fondamental des IA génératives. Pour fonctionner, celles-ci ont eu besoin d’ingérer des quantités considérables de données, pour apprendre des informations et s’entraîner dessus, afin d’être en mesure de sortir des résultats cohérents.
Cette ingestion préliminaire de données ne poserait pas de difficultés si les données aspirées sur le web étaient libres de droits ou faisaient l’objet d’un éventuel accord pour une utilisation dans ce cadre. Or, en tout cas du point de vue des plaignants, les entreprises d’IA aspirent plutôt tout ce qu’ils ont à disposition sur le net, sans forcément faire un tri préalable.
Et ce qui vaut pour le texte vaut aussi pour les images. Ainsi, aux yeux de Disney comme NBCUniversal, il parait évident que Midjourney a récupéré sur la toile des centaines ou des milliers de visuels de leurs personnages, ce qui lui permet de les reproduire sans restriction ou de les détourner avec tel ou tel prompt.
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