L’entreprise américaine Specialized, fondée par un passionné de vélo en 1974 et ayant commencé son aventure par la production d’un pneu est aujourd’hui un mastodonte dans l’univers du cyclisme. Ses vélos très haut de gamme pour la compétition côtoient des modèles grand public pour la route, une large gamme d’accessoires techniques et, bien entendu, des vélos électriques.
Sur ce terrain, Specialized a voulu transmettre son expertise et sa passion pour le cyclisme. Ses vélos électriques, entièrement conçus par la marque avec une partie électrique confiée au géant Brose côté production, portent une ambition claire : offrir à tous les cyclistes, débutants ou confirmés, une expérience complète. La gamme Turbo de Specialized touche à tous les secteurs, du VTT au vélo de ville en passant par des motorisations ultra-légères, permettant au constructeur de faire des vélos à l’intersection entre la puissance musculaire et la puissance électrique.
Le Turbo Vado 3.0, millésime 2022, est le vélo électrique le plus classique de Specialized : à 3 400 €, il se positionne dans les premiers vélos haut de gamme, généralement bien équipés pour des trajets urbains sans effort. Mais la marque américaine a-t-elle de quoi se distinguer sur un secteur si concurrentiel ?
Design et composants du Specialized Turbo Vado 3.0 (2022)
Payer un vélo électrique moins cher ?
Mairies et collectivités ont de nombreuses aides à l’achat d’un vélo à assistance électrique. En Île-de-France, l’aide de la région s’élève par exemple à 500 €.
Le Turbo Vado est un gros vélo, équipé de roues de 27,5 pouces et de pneus Pathfinder Sport Reflect (évidemment piochés dans le catalogue Specialized). La version testée présente un cadre haut qui reste facile à enjamber, le tube le plus haut étant légèrement incliné pour finir bien en-dessous de la tige de selle — une version à cadre ouvert est également vendue par Specialized.
Les gros pneus typés gravel du Turbo Vado, combinés à une fourche suspendue Suntour, permettent d’encaisser les aspérités du bitume sans que les chocs soient transmis au conducteur. C’est le type de configuration que nous affectionnons le plus sur des vélos électriques, car il est faux de croire que les routes des villes sont uniformément plates… et bien entretenues. Ce grand vélo, pensé pour le confort, n’a que faire des nid de poules et autres dégradations de la chaussée.
Côté sécurité, chaque roue est freinée par des freins à disques hydrauliques de Shimano, suffisamment puissants pour encaisser les décélérations que demande un environnement urbain. Sur la chaussée mouillée, c’est le top pour ne pas avoir à craindre un freinage absent ou des patins qui glissent. Specialized a également fait d’excellents choix en terme d’éclairage, répondant à la nécessité d’être vus sur la route quand on est cycliste : le feu arrière rouge est très large et monté directement sur le porte bagage (compatible MIK HD, bagages jusqu’à 27 kg). Cela donne du style et de la visibilité.
Le feu avant a la particularité de projeter un cône de lumière très large, sans être trop éblouissant pour les personnes arrivant en face. C’est une disposition excellente pour voir sur les côtés même dans la nuit noire : le Turbo Vado 3.0 est clairement à l’épreuve d’une défaillance de l’éclairage public, ou des chemins de campagne ou de sous-bois non éclairés. Tout le vélo, aussi noir soit-il, est peint avec des marques réfléchissantes pour compléter cette visibilité si essentielle pour la sécurité des cyclistes.
Pour accompagner le coup de pédale, on compte sur 9 vitesses classiques pour des vélos de ville (11-36 sur la cassette, ce qui ne permettra pas de faire du franchissement type VTT). Mais c’est la motorisation qui va le plus nous intéresser sur ce Turbo Vado 3.0 : Specialized conçoit son propre moteur et le fait produire par Brose — équipementier allemand concurrent direct de Bosch. Pour ses vélos électrifiés de 2022, la marque américaine équipe la version « 2.0 » de son moteur. Sur le Turbo Vado 3.0, c’est la version 2.0E qui est équipée, c’est-à-dire celle pensée pour l’économie d’énergie — au détriment de la puissance brute.
En effet, dans sa version normale, ce moteur est capable de fournir 70 Nm de couple (250 W de puissance). La version E est bridée à 50 Nm de couple (250 W de puissance), mais permet d’avoir une autonomie élevée. En clair, vous pompez moins sur la batterie de 530 Wh au démarrage, ce qui permet d’aller plus loin. Ce moteur 2.0E, dans son mode le plus puissant, ressemble un petit peu à ce que fait Bosch sur son mode eMTB (moteurs Performance) : on a vraiment l’impression de travailler avec le vélo. Chaque coup de pédale est répliqué et une augmentation de l’intensité se traduit par une plus grande assistance, jusqu’aux 25 km/h.
Le Specialized Turbo Vado 3.0 sur la route : un VAE pour les amoureux de cyclisme
Qu’on se le dise : cet ensemble électrique est un vrai régal sur la route. Il n’a pas la puissance brute du mode Turbo d’un moteur Bosch, mais offre des sensations non moins grisantes. Elles entrent parfaitement dans la philosophie de la marque qui sait parler aux professionnels : même sur un vélo aussi accessible pour le grand public qu’un Turbo Vado, Specialized invite à pédaler. Cela se voit d’emblée sur l’ordinateur de bord qui, dans sa configuration par défaut, affiche les tours par minute du pédalier sur un système de jauge qui vous permettra de voir si vous sous-accompagnez ou sur-accompagnez le moteur. L’idéal étant d’être dans le vert pour économiser de l’énergie.
Pour les amatrices et amateurs de subtilités techniques et de données, Specialized a mis le paquet. L’ordinateur de bord est configurable à volonté, avec jusqu’à 6 informations affichées en temps réel. La liste de ce que vous pouvez avoir sous les yeux est interminable : vitesse max, vitesse moyenne, autonomie, dénivelé, heure, distance parcourue, tours de pédale par minute, consommation, consommation lissée, altitude, odomètre… Vous pouvez combiner toutes ces infos ou avoir plusieurs écrans thématiques que vous pouvez changer avec un bouton sur la commande déportée au guidon.
L’ordinateur de bord permet aussi de jouer finement avec les réglages d’assistance du vélo, de 10 % en 10 %, pendant que vous conduisez. Hors conduite, vous pourrez configurer avec précision les différents modes, afin qu’ils répondent à vos besoins sur la route. On peut même donner une destination à l’ordinateur de bord qui se chargera d’ajuster la puissance moteur au mieux, afin de vous offrir de la batterie sur tout le trajet. Vous n’aurez probablement pas tous les potentiomètres à fond, mais vous pourrez faire votre trajet sans être à sec — dans la limite de l’autonomie maximale du vélo, autour de 130 km.
L’ordinateur permet enfin d’activer un verrou numérique qui désactive le moteur et empêche l’appairage du vélo avec un autre smartphone. Il est censé aussi déclencher une alarme, mais ne comptez pas dessus : nous avons dû faire quelques mètres avec le vélo pour qu’elle se déclenche et elle est loin d’être audible pour des passants ou décourageante pour un voleur.
Ce qui est particulièrement agréable en revanche, c’est que tout ce que vous venez de lire est optionnel. Si vous n’avez que faire de ces détails, vous pourrez très bien appuyer sur le bouton On du vélo et démarrer votre trajet, en n’utilisant que les modes par défaut. La personnalisation ou la connexion avec un smartphone et une app ne sont ici que des plus — que vous auriez tort de ne pas utiliser — et non un passage obligatoire comme sur de nombreux vélos connectés.
Et ce côté optionnel permet de profite d’un vélo sur lequel on se sent vraiment libres. Le moteur capte en permanence les contraintes (pédale, route, inclinaison, vitesse, etc.) et va ajuster sa puissance en fonction de ces informations, dans le but de ne pas vous faire souffler. L’arbitrage est souvent très bon et le fait de mettre un peu plus de patate dans le pédalage permet des accélérations explosives très rapides, idéales pour se sortir d’une situation présentant un danger — le démarrage à un feu rouge par exemple. On a sur ce vélo des sensations très proches d’un modèle musculaire, auquel on aurait ajouté des jambes en plus qui pédalent à nos côtés. C’est moins décoiffant qu’un moteur Bosch de la même gamme, mais très agréable côté pédalage. Le résultat est le même : on arrive à notre destination sans transpirer et les énormes garde-boue font le travail pour ne pas nous mouiller.
C’est en pente très inclinée que l’on pourra constater la différence avec un moteur avec un couple plus élevé : quand un Bosch Performance permet d’aller à 20/22 km/h avant de forcer, on est plus entre 17 et 20 km/h sur ce modèle 2.0E. En revanche, le « E » n’est pas galvaudé : c’est un des vélos avec lesquels nous avons fait le plus de kilomètres sans recharger, dans le mode le plus haut. Quand un moteur Performance de Bosch, en mode Turbo quasi constant, permet de faire 40 à 60 km en une charge, on tournait plus autour de 70-90 km avec ce Turbo Vado 3.0. Un argument pour celles et ceux qui n’ont pas envie de monter la batterie amovible tous les jours à la maison.
En tout cas, avec ce Turbo Vado, Specialized a les cartes en main pour étendre sa réputation auprès d’un grand public qui connaît moins cette marque appréciée des cyclistes.
Le verdict
Specialized Turbo Vado 3.0 (2022)
Voir la ficheOn a aimé
- La personnalisation du moteur
- L’autonomie élevée
- L’assistance très agréable
On a moins aimé
- L’alarme trop faible
- Personnalisation impossible sans connexion au vélo
- Couple un poil léger pour les grosses côtes
Le Specialized Turbo Vado 3.0, édition 2022 est un excellent vélo électrique, proposant des composants et des caractéristiques qui justifient assez largement le prix demandé de 3 400 €. Polyvalent, il saura vous conduire sur tous les terrains bitumés, accidentés ou mouillés, mais sera aussi à l’aise sur les chemins ou les sous-bois mal éclairés. Son moteur estampillé E est particulièrement endurant avec sa batterie de 540 Wh et les sensations de pédalage qu’il propose sont vraiment très proches de celle d’un vélo musculaire. En contrepartie, ses 50 Nm de couple lui donnent moins de patate que chez la concurrence à ce tarif.
On se retrouve également avec un vélo qui peut être utilisé sans se prendre la tête par des débutants, mais qui ravira surtout les cyclistes plus confirmés. Les options de personnalisation du moteur et des écrans de l’ordinateur de bord sont très nombreuses et très poussées : ce serait dommage de passer à côté. En tout cas, avec quelques heures au guidon, quelqu’un d’un peu bidouilleur peut faire de ce vélo un vélo personnalisé et ajusté à ses besoins. Comme quoi, Specialized a bien réussi à transmettre son ADN à sa gamme électrique.
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