Passer du moteur d’aspirateur à l’hypercar électrique paraît évident pour Dreame Technology. Mais prétendre dépoussiérer Bugatti ou Bentley avec une voiture électrique haute performance et luxueuse, c’est sans doute pousser le bouchon un peu loin.

Il n’y a apparemment qu’un pas entre le moteur d’aspirateur et celui des voitures électriques. C’est en tout cas ce que l’on peut conclure en observant qu’après la tentative avortée de Dyson et celle réussie de Xiaomi, il a peut-être finalement une place pour un nouvel acteur qui n’a pas froid aux yeux.

C’est en tout cas l’ambition du fabricant Dreame Technology. Ce spécialiste chinois des aspirateurs et du petit électroménager vient d’officialiser ce 28 août son introduction dans le milieu de la voiture électrique. La marque a annoncé le développement d’un modèle électrique visant l’ultra luxe « capable de rivaliser avec la Bugatti Veyron ». Vraie folie vouée à l’échec ou nouvel acteur à surveiller du coin de l’œil ? Difficile de trancher pour l’heure.  

De l’aspirateur domestique à la Bugatti électrique

Dreame n’est pas forcément une start-up en mal de notoriété, même si elle n’a que 8 ans d’existence (fondée en 2017). C’est un acteur solide du marché de l’électroménager connecté, déjà soutenu par Xiaomi. Même si cette communication prête à sourire depuis l’Europe, elle n’est pas forcément à prendre à la légère. La force de l’entreprise réside déjà dans des moteurs électriques ultra-performants capables d’atteindre 200 000 tr/min, une prouesse dans le monde des aspirateurs. De quoi, selon l’entreprise, constituer une base technique crédible pour se lancer dans l’automobile.

Dreame technology exposant ses produits // Source : Dreame Technology
Dreame exposant ses produits au salon  IT Show 2025// Source : Dreame Technology

Le projet n’est apparemment pas qu’un caprice soudain du patron de l’entreprise, il y pense depuis des années. Il a commencé à constituer une équipe de près de 1 000 personnes pour son équipe dédiée au projet automobile.  « Le secteur automobile de luxe manque cruellement d’une marque d’hypercar électrique véritablement intelligente », a déclaré Dreame dans sa communication précisant aussi que : « soit on ne le fait pas, soit on est le meilleur au monde », ce qui donne l’état d’esprit conquérant de la marque.

Même si l’on sait que les Chinois sont capables d’avancer très vite sur les projets automobiles, le calendrier avancé apparaît un peu trop audacieux. Dreame vise un lancement en 2027, cela laisse deux ans pour développer un produit bien plus complexe qu’un robot-aspirateur. Xiaomi nous a démontré que rien n’était impossible, mais là on parle d’un véhicule de luxe à très haute performance qui, sans rougir, veut dépasser un symbole du luxe et des performances comme Bugatti. La marque chinoise semble d’ailleurs oublier que Rimac occupe déjà le créneau qu’elle vise. Surtout que ce marché de niche n’est pas extensible, même en visant l’international.  

Bugatti Rimac // Source : Rimac
Bugatti et Rimac // Source : Rimac

Dreame a décidé de développer en interne le design et la technologie clé, mais confier le reste à des sous-traitants pour l’homologation et la production. Il est fort probable que, comme Xiaomi (lors de ses premières annonces), l’entreprise se soit vu refuser la licence nécessaire pour se lancer dans la fabrication maison de voitures électriques. À moins que l’externalisation soit une manière d’éviter le gouffre financier qui a englouti d’autres rêveurs. Sauf que ce n’est pas vraiment comme ça que marche le monde du luxe automobile.

Un pari risqué mais révélateur

L’hypercar électrique promise par Dreame n’est pas seulement un projet ambitieux, c’est aussi un symbole. Celui d’une industrie chinoise qui brouille les frontières entre secteurs. Mais après tout, même les constructeurs historiques ont tous débuté dans des secteurs très variés, on l’a juste oublié au fil des décennies. 

Les atouts de Dreame sont réels, l’entreprise dispose : d’une expertise en moteurs haute vitesse, de technologies avancées de communication entre les équipements, des capitaux solides, et un écosystème industriel chinois capable de fournir batteries, électronique et partenaires de fabrication. C’est une bonne base pour démarrer, néanmoins se lancer dans l’automobile électrique en 2025, c’est devoir affronter des coûts faramineux de développement, se frotter à une concurrence locale féroce (Nio, BYD, Xiaomi, Huawei, sans oublier les historiques européens), et un marché de l’hypercar électrique embryonnaire.

La Yangwang U9 de BYD a battu le record de vitesse maximale pour une voiture électrique en atteignant les 472,41 km/h // Source : BYD
La Yangwang U9 de BYD a battu le record de vitesse maximale pour une voiture électrique en atteignant les 472,41 km/h // Source : BYD

Flop annoncé ou coup de maître ?

La question n’est pas seulement de savoir si Dreame réussira à produire son hypercar, mais si quelqu’un voudra vraiment l’acheter. Il est relativement facile de faire rouler un prototype pour marquer son entrée sur le marché, il est autrement plus compliqué de convaincre une clientèle fortunée habituée à Bugatti, Ferrari, Rimac ou Yangwang de confier un chèque à une marque… d’aspirateurs.

Voiture électrique Dyson // Source : Sunday Times
Voiture électrique Dyson // Source : Sunday Times

Il serait quand même assez dingue d’imaginer que Dyson a abandonné proche du but et après plusieurs millions dépensés dans sa voiture électrique, alors qu’un fabricant dix fois moins connu pourrait réussir avec des investissements moindres.

Si le projet réussit, il pourrait marquer une rupture et prouver que l’automobile est devenue une extension naturelle du savoir-faire industriel des fabricants d’électroménager chinois. Mais si Dreame échoue, il rejoindra Dyson dans la liste des rêves avortés d’industriels qui ont cru que fabriquer un véhicule électrique était « juste » une question de moteurs et de design.

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