Aux bornes de recharge, la saturation vient souvent des conducteurs eux-mêmes. Certains se croient seuls au monde. L’éditorial de la newsletter Watt Else du 17 juillet relance le débat.

En cette période de grands départs, un débat fait rage au sein de la communauté des électromobilistes : doit-on bloquer/sanctionner les recharges au-delà de 80 % lorsque les stations de recharge sont saturées ? À chaque grande période de chassé-croisé, la même scène se répète sur certaines aires d’autoroute : des voitures chargent lentement au-delà de 90 %, pendant que d’autres attendent en file (et que les esprits s’échauffent). Rappelons qu’il faut généralement autant ou plus de temps pour réaliser le 80 à 100 % qu’il n’en faut pour faire le 10 à 80 %.

Si l’on croyait les pionniers de l’électrique plus malins que les autres, c’est la douche froide. La recharge nous ramène à une triste réalité : le comportement égocentré est commun à tous les automobilistes et, non, la voiture électrique n’y déroge pas. Ce n’est pourtant pas faute de disposer de planificateurs pour optimiser les trajets et la recharge dans une majorité de véhicules récents : autant donner de la confiture aux cochons.

Des comportements qui doivent changer

L’excuse du « je ne savais pas » ne tient plus. Aujourd’hui, tout le monde ou presque a accès à l’information, même ceux qui vivent dans une grotte. Entre les « gilets bleus » postés sur les grands axes lors des journées noires — pour aider à gérer le flux et faire de la pédagogie — et les affichages dans les stations concernées, invitant les automobilistes à ne charger qu’à 80 %, le message est plus que clair. Cependant, rien n’y fait.

Affichage en station sur autoroute  // Source : Montage Raphaelle Baut pour Numerama
Affichage en station sur autoroute : difficile de faire plus clair // Source : Montage Raphaelle Baut pour Numerama

Forcément, ce genre de comportement exaspère. J’en ai encore été témoin au mois de juin. Sur 6 bornes Ionity, 3 véhicules étaient à 97 %, 93 % et 97 % — branchés depuis plus de 40 minutes. Pendant ce temps, il y avait un peu d’attente pour plusieurs véhicules (dont moi, j’ai dû patienter 5 bonnes minutes). Non, ce n’était pas l’heure du déjeuner, et non, il ne s’agissait pas de familles avec des enfants en bas-âge à gérer. Ces conducteurs n’étaient absolument pas pressés et, surtout, peu soucieux d’autrui. 

Bien sûr, certaines situations peuvent justifier une recharge à 100 % : véhicules qui tractent, ceux qui ont des vélos ou coffres de toit, ceux qui ont des toutes petites batteries (Dacia Spring, Fiat 500e, Renault Twingo, etc)… Ce comportement est également toléré dans une station complètement vide. Pour tous les autres, ce n’est qu’un gaspillage de temps — et vous perdez le droit de vous plaindre « que les trajets en électrique sont trop longs ». 

Une perte pour les réseaux de recharge

Même les réseaux de recharge n’ont rien à gagner à avoir des voitures qui ventousent leurs bornes inutilement. Pour eux, plus une borne est utilisée, plus elle est rentable. Forcément, un véhicule qui reste deux fois plus longtemps qu’il ne devrait, parce qu’il ne veut pas se contenter de récupérer ce dont il a besoin pour continuer sa route, est un problème de rentabilité (même si la borne délivre du courant). 

Station Ionity sur l'A6  // Source : Raphaelle Baut pour Numerama
Station Ionity sur l’A6 ; beaucoup trop limitée en borne pour le trafic // Source : Raphaelle Baut pour Numerama

Certains avanceront que les réseaux de recharge n’ont « qu’à mettre plus de bornes ». À environ 100 000 euros la borne ultra-rapide, il faut comprendre que l’investissement est mesuré et que les points de recharge ne vont pas se multiplier comme des champignons dans une même station, à moins d’être sur un axe stratégique. Il est vrai qu’il existe encore des aires d’autoroutes avec 4 points de charges rapides, et c’est trop peu. Néanmoins, l’automobiliste a désormais plus que l’embarras du choix en matière d’opérateurs, à la fois sur des aires de services, des aires de repos ou à proximité des autoroutes. Si une station est pleine, il y en a peut-être une autre, dans un périmètre raisonnable, qui sera moins saturée.

Puisqu’on ne peut pas compter sur le bon sens collectif, les opérateurs vont sans doute sévir : limiter les recharges à 80 % lors des grands départs, ou facturer le temps d’occupation injustifié au-delà d’un certain pourcentage ou d’une durée — ce que font déjà Tesla et Total — et l’addition peut vite devenir très salée. Ce n’est pas ce qu’on souhaite. Mais, si c’est le prix à payer pour fluidifier les trajets, alors la manière forte pourrait bien être la seule issue pour que le message passe.

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