« Les rumeurs sont sans fondement », a déclaré le patron de Nio, William Li, concernant un possible rachat de l’usine Audi de Bruxelles par le constructeur. L’information s’est rapidement répandue jusqu’en Chine après la publication, le 18 septembre 2024, d’un article du média belge De Tijd. Selon les sources de cet article, une délégation de Nio se serait rendue à l’usine de Bruxelles et serait sur le point de faire une offre de rachat.
Dans le contexte actuel, les mouvements des investisseurs chinois sont scrutés avec attention. Certains constructeurs chinois se sont déjà manifestés pour construire des usines en Europe afin d’assurer leur développement commercial sur le continent. C’est également un moyen d’échapper aux surtaxes douanières sur les voitures électriques produites en Chine. Mais, investir dans une usine de production n’est pas une décision qui se prend à la légère ou à la va-vite.
Que se passe-t-il à l’usine Audi de Bruxelles ?
Face à la faible demande pour le modèle Q8 e-tron, Audi a annoncé en juillet une restructuration de son usine de Bruxelles. C’est en tout cas la raison officielle avancée. La réalité est probablement plus complexe qu’un simple problème de ventes inférieures aux prévisions, comme c’est le cas pour l’usine produisant les Fiat 500e en Italie. Le groupe Volkswagen (dont Audi est une filiale) a depuis indiqué rechercher un investisseur pour l’usine.
Cette usine a l’avantage d’être déjà opérationnelle. Les salariés y sont déjà formés à l’assemblage de voitures électriques, ce qui pourrait intéresser des investisseurs étrangers. Cela représenterait un gain de temps indéniable pour une marque chinoise souhaitant s’implanter rapidement en Europe. Il ne serait pas étonnant qu’un constructeur chinois se porte acquéreur si le groupe Volkswagen n’est pas trop gourmand. Toutefois, ce ne sera pas le cas pour Nio, ce qui est parfaitement logique.
L’investissement n’est pas rentable pour Nio
Pour couper court aux spéculations, William Li a soulevé une question pleine de bon sens : « Comment Nio pourrait-il supporter le coût d’une usine qu’Audi ne peut pas se permettre ? »
Nio n’a commercialisé en Europe que 1 164 véhicules au cours des 8 premiers mois de l’année. Un seul des 5 modèles vendus en Europe a dépassé les 300 exemplaires vendus en 2024. C’est vraiment faible, même si la marque n’est présente que dans 5 pays. Nio vend 3 fois moins que son principal concurrent Xpeng.
Même si les ambitions de conquérir l’Europe demeurent intactes pour le patron de Nio, la réalité économique ne lui permet pas d’investir dans cette usine. Si Audi ne la rentabilise pas avec la production de 30 000 exemplaires de son Q8 e-tron à plus de 90 000 €, comment imaginer que Nio assume cela, s’il ne vend pas plus de 2 000 voitures par an en Europe ? Si l’usine était située dans un pays à bas coût, cela pourrait être envisageable. Mais, elle se trouve à proximité de Bruxelles, les coûts d’exploitation y sont forcément plus élevés.
Le message de William Li confirme ce qu’il répondait déjà aux investisseurs quelques mois plus tôt concernant l’implantation d’une usine en Europe : « Nio n’a pas l’intention de reprendre l’usine Audi, et l’entreprise est prudente en ce qui concerne les investissements en actifs fixes, à l’exception des stations d’échange de batteries. »
La marque privilégie le développement de ses stations d’échange de batterie (swap de batterie) en Europe, ce qui devrait accompagner une hausse des ventes de la marque, notamment avec l’ouverture de nouveaux marchés (dont la France). Nio va continuer à produire les voitures en Chine. La marque est très prudente sur ses investissements ; elle n’a pas d’argent à jeter par la fenêtre, et les ventes qui ne décollent pas en Europe constituent déjà un revers.
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