L’expression « jamais deux sans trois » semble aussi s’appliquer aux modifications des réglementations européennes. La surtaxe décidée par l’Europe pour sanctionner les véhicules électriques fabriqués en Chine pourrait être modifiée pour la troisième fois en trois mois, selon les informations publiées par Bloomberg le 10 septembre.
Cette inconstance dans les annonces commence à soulever des interrogations sur la manière dont la décision initiale a été prise. De plus, la Chine continue de faire pression sur l’Europe pour réviser cette décision. Rien ne semble encore complètement arrêté.
Imbroglio politique
L’Europe considère que la Chine a un avantage concurrentiel trop important sur la voiture électrique, mais étrangement pas sur la voiture hybride. Avec une politique nationale visant à pousser la transition vers les véhicules électrifiés, le gouvernement chinois aurait trop subventionné son industrie automobile et créé une concurrence déloyale par rapport aux constructeurs européens. Tant que les voitures électriques chinoises restaient sur le territoire national, cela ne posait aucun problème. Hélas, les constructeurs chinois ont voulu s’attaquer au marché européen, ce qui a poussé la Commission européenne à chercher une solution pour freiner cet éventuel essor. L’UE a donc lancé une enquête anti-subvention qui visait à imposer aux marques chinoises une surtaxe sur les droits de douane équivalente aux aides perçues.
Finalement, seuls les trois plus gros groupes automobiles chinois ont été observés en détails : BYD, Geely, SAIC. Les nombreuses autres marques chinoises, ainsi que les constructeurs étrangers produisant en Chine, se sont retrouvés avec un taux intermédiaire défini au doigt mouillé.
Entre les premiers chiffres préliminaires du mois de juin et leur officialisation le 4 juillet, les taux de surtaxe avaient déjà évolué. Entre temps, Tesla s’est plaint et a demandé une étude personnalisée pour obtenir un meilleur taux. C’est aussi le cas de Mini et Cupra. Mais tout cela ne serait pas encore terminé.
Taux de surtaxe au 20 août 2024 | Taux provisoire initial en juillet 2024 | Taux préalable juin 2024 | |
---|---|---|---|
Tesla | 9 % | 20,8 % | 21 % |
Groupe BYD | 17 % | 17,4 % | 17,4 % |
Groupe Geely (Volvo, Polestar, Lotus, Smart, Zeekr…) | 19,3 % | 19,9 % | 20 % |
Tous les constructeurs ayant coopéré à l’enquête | 21,3 % | 20,8 % | 21 % |
SAIC (MG, Maxus…) | 36,3 % | 37,6 % | 38,1 % |
Les constructeurs ayant refusé de coopérer à l’enquête | 36,3 % | 37,6 % | 38,1 % |
Tesla et d’autres constructeurs pourraient obtenir un taux encore plus faible
Les taux de surtaxe pourraient encore baisser de quelques pourcents, ce qui pourrait créer quelques centaines d’euros d’économie sur chaque voiture vendue en Europe, mais produite en Chine. Ces taux sont recalculés au fur et à mesure que l’UE étudie les documents fournis par les entreprises concernées. Il est quand même surprenant que les calculs des enquêteurs nécessitent autant de révisions en si peu de temps, alors que l’enquête n’a été lancée qu’en octobre 2023. Que se passera-t-il sur les cinq prochaines années de la mesure protectionniste ?
Des sources proches du dossier ont indiqué à Bloomberg que Tesla (Model 3) pourrait tomber en dessous de 8 % de surtaxe, avec un taux de 7,8 %. Le taux maximal des constructeurs ayant refusé de participer à l’enquête pourrait également baisser sensiblement jusqu’à 35,3 % au lieu de 36,3 %. Cela ne changera pas grand-chose aux conséquences pour les constructeurs concernés, comme MG, mais toute baisse est bonne à prendre dans la situation actuelle.
Il reste à voir si les constructeurs coincés avec un taux à 21,3 % vont être également gagnants sur les derniers ajustements. À la dernière modification, ils ont été perdants puisqu’ils ont vu leur surtaxe passer de 20,8 % à 21,3 %. Selon les indiscrétions récentes, ce taux baisserait à 20,7%.
De son côté, la Chine a renouvelé son offre de négociation avec la Commission européenne pour résoudre le conflit commercial. Le gouvernement chinois espère toujours atténuer, voire supprimer les droits de douane punitifs.
Si ces négociations échouent, il restera toujours un espoir à la Chine. Ainsi, les pays européens peuvent encore choisir de s’opposer à la mesure en octobre, lors du vote des sanctions définitives.
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