Louer une Tesla pendant ses vacances, bonne ou mauvaise idée ? À en croire les nombreuses publicités affichées chez les loueurs, les véhicules électriques de la marque californienne ont rarement été aussi plébiscités. Nombreuses sont les personnes qui succombent à l’appel de l’électrique le temps d’un week-end, afin de se faire leur propre avis sur la question. Les Tesla, réputées haut de gamme et extravagantes (conduite autonome, accélération de folie, coussin péteur intégré…), intriguent logiquement les Français. Même sans intention d’achat derrière, de plus en plus de conducteurs veulent essayer la voiture d’Elon Musk.
En avril 2023, Numerama avait fait partie de ces testeurs du week-end. Chez Carrefour Location, nous avions loué une Tesla Model 3 pendant trois jours, afin d’enfin essayer ce véhicule qui ne laisse personne indifférent. En août 2023, nous avons réitéré l’expérience chez Hertz pendant 4 jours, après avoir grandement étudié les offres de Sixt, Leclerc et OuiCar, qui permet de louer la Tesla d’un particulier. Voilà nos constats sur les bons et mauvais côtés de la location d’une Tesla électrique.
1. Rares sont les loueurs qui connaissent vraiment les Tesla
Premier constat, la plupart des loueurs traitent les Tesla comme n’importe quel autre véhicule. Difficile de le leur reprocher, leur métier est de louer des voitures, pas de connaître par cœur les spécificités de « l’ordinateur sur roues » d’Elon Musk. Cependant, cette situation crée quelques problèmes frustrants pour la personne qui veut louer une Tesla pour vraiment la tester, pas seulement rouler.
Nous avons, par exemple, remarqué qu’aucun loueur ne communique de détails sur la version de la Tesla qu’il propose. On loue une « Model 3 » sans savoir s’il s’agit d’une version Dual Motor, Grande Autonomie ou Standard. Chez Carrefour, nous avions ainsi eu droit à un modèle Dual Motor. Chez Hertz, il s’agissait d’une version Standard. Autre regret, aucun de ces deux loueurs intègre une option payante. On se contente du Pack Autopilot de base, sans possibilité de tester les fonctionnalités de conduite autonome avancée de Tesla (ou le stationnement automatique). La connectivité 4G, vendue 10 euros par mois aux propriétaires de Tesla, est également absente. Il vous faudra trouver comment faire un partage de connexion depuis votre smartphone pour accéder à Internet (et le partage de connexion est capricieux, les Tesla se déconnectent souvent).
Notons aussi que les véhicules sont rarement à jour, c’est à vous de le faire pour tester les dernières nouveautés… Bref, pour vraiment tester l’expérience Tesla, on vous conseille de vous renseigner sur ce que vous voulez tester avant, au risque de passer à côté de nombreux aspects que le loueur ne vous expliquerait pas.
2. Sans application, une Tesla n’est pas une voiture intelligente
Comme indiqué ci-dessus, la plupart des loueurs traitent les Tesla comme des véhicules classiques. C’est dommage, puisqu’il s’agit de voitures connectées qui se contrôlent normalement avec une application. Cette dernière permet de régler la climatisation (avant de rentrer dans le véhicule, par exemple), d’accéder à la batterie à distance, de planifier un itinéraire (pour juste avoir à démarrer quand on arrive), de recevoir des notifications sur l’état du véhicule ou de surveiller ce qu’il se passe autour grâce aux caméras. L’application Tesla fait partie de l’expérience, puisqu’elle sert aussi à déverrouiller les portes et à démarrer la voiture sans clé.
Le problème est que les loueurs professionnels ne laissent pas leurs clients utiliser l’application, pour « des raisons logistiques ». Pour ne pas avoir à communiquer un identifiant et un mot de passe à chaque locataire, Hertz, Carrefour Location et les autres se contentent de laisser le véhicule sans rien, ce qui lui fait perdre une grande partie de son intelligence. C’est extrêmement frustrant, puisqu’on a l’impression de passer à côté de quelque chose. Plusieurs fonctions comme le mode Sentinelle (qui surveille la voiture) deviennent alors inutilisables, tandis que l’on ne peut pas être averti lorsqu’il est temps de quitter un Superchargeur.
À noter que ce problème ne concerne que les loueurs traditionnels, qui ont un grand réseau de véhicules à gérer. Dans le cas de OuiCar, qui permet de louer les véhicules d’autres particuliers, on a accès à l’application la plupart du temps. C’est le propriétaire qui explique à son locataire comment faire.
3. Attention aux conditions des loueurs
Les conditions de location d’une Tesla peuvent être plus strictes que chez d’autres marques. Placée dans la catégorie « véhicules de prestige », une Tesla nécessite par exemple 10 ans de permis chez OuiCar, ce qui élimine de facto toutes les personnes de 18 à 28 ans.
Chez les loueurs traditionnels, la franchise est souvent plus grande, tandis que l’on peut vous demander plus de documents d’identité (pensez bien à avoir votre passeport ou votre carte d’identité sur vous, pas en photocopie). La quasi-totalité des loueurs limite aussi le nombre de kilomètres autorisés et fait payer au-delà, ce qui peut rapidement faire grimper la facture. Enfin, les loueurs peuvent vous demander de ramener le véhicule chargé. Pensez bien à le faire, au risque de vous voir imposer une pénalité parfois plus élevée qu’une recharge complète.
4. Comment déverrouiller et fermer une Tesla ?
Sans application mobile, comment déverrouiller une Tesla de location ? Puisque les clés sont vendues en option chez Tesla, il est probable que le loueur vous propose une carte magnétique à la place. Cette dernière doit être placée sous la caméra située entre la portière avant gauche et la portière arrière gauche pour déverrouiller la voiture. Les rétroviseurs se déplieront alors, au moment où vous entendrez un bruit de klaxon.
On finit par s’y faire, mais cet emplacement est tout sauf ergonomique. Le fait que le déverrouillage ne fonctionne qu’à gauche de la voiture est aussi très embêtant si on souhaite verrouiller la voiture lorsqu’elle est collée à un mur, par exemple. Bref, entraînez-vous bien à repérer le point de contact.
5. Pensez bien à créer votre propre profil utilisateur
Comme d’autres véhicules haut de gamme, les Tesla sont conçues pour plusieurs utilisateurs. Un système de profil permet d’adapter le siège, les rétroviseurs et le volant à sa taille, sans avoir à tout changer à chaque fois. Puisque la Tesla est une voiture « connectée », elle permet aussi d’aller plus loin. Chaque conducteur peut avoir sa propre connexion Bluetooth, son propre compte Spotify ou Apple Music, ses propres préférences d’accélération ou sa propre souplesse vis-à-vis des limites de vitesse. Il suffit de toucher son nom sur l’écran tactile et les réglages changent.
Là encore, vous risquez de passer à côté de cette fonction si vous ne le savez pas. Lorsque vous rentrerez dans votre Tesla pour la première fois, touchez le nom de l’utilisateur en haut de l’écran et allez dans Paramètres du Profil conducteur, puis Ajouter un nouveau conducteur. Configurez alors vos sièges et les rétroviseurs, puis cliquez sur Enregistrer. À chaque fois que vous toucherez votre nom, la Tesla s’adaptera alors à vous. Tous les autres réglages vous suivront aussi.
6. Comment activer la marche arrière ?
Autre question importante : comment passer de la marche avant à la marche arrière sur une Tesla ? Sans levier de vitesse, certains pourraient être perdus.
Dans les véhicules Tesla, les transmissions (D/N/R) sont sur le levier à droite du volant. Maintenez le frein et faites le monter ou descendre pour changer de mode, la lettre apparaîtra alors à l’écran. Pour se garer, il faut appuyer sur le petit bouton situé à droite du levier. La Tesla affichera alors la lettre P à l’écran.
Autre chose à considérer : par sa nature électrique, une Tesla est vive. En marche avant comme en marche arrière, allez-y toujours très lentement sur l’accélérateur, au risque de bousculer brusquement et de heurter un mur.
7. La pédale de frein ne sert à rien (enfin, presque à rien)
Dans le même style, sachez qu’une Tesla est configurée par défaut sur un mode de freinage régénératif. Concrètement, cela veut dire que la voiture s’arrête quand on lâche l’accélérateur, puisqu’elle utilise l’énergie produite pour recharger sa batterie. C’est extrêmement troublant au début. On se rend rapidement compte que la pédale de frein est complètement inutile la plupart du temps (alors qu’elle est indispensable sur les véhicules thermiques pour s’assurer de ne pas rouler dans le vide). Même en montée, lâcher l’accélérateur suffit pour que la voiture s’arrête sans chuter en arrière. Il n’y a que dans les descentes que le frein est utile, puisque la voiture continue de rouler lentement quand on lâche les pédales.
Si ce freinage régénératif ne vous plaît pas, il peut être désactivé dans les réglages du véhicule, pour que la voiture continue d’avancer quand on lâche l’accélérateur. Bon à savoir, mais on vous recommande de conserver l’option, rien que pour préserver l’autonomie.
8. L’Autopilot est une option à activer manuellement
Si vous louez une Tesla, vous connaissez sans doute ses capacités de « conduite autonome », qu’il faut bien entendu relativiser. Par défaut, l’Autopilot est surtout un régulateur de vitesse amélioré, qui place le véhicule au milieu des lignes blanches, l’adapte à la limite de vitesse en cours et freine automatiquement en fonction du rythme des véhicules devant. Il reste une attraction inévitable pour toute personne qui louerait une Tesla pour la première fois.
Problème : par défaut, l’Autopilot n’est pas activé sur les Tesla. Un choix hyper frustrant, puisqu’il est impossible à activer quand on roule. Au moment où vous prendrez votre Tesla pour la première fois, pensez bien à vous rendre dans les réglages, rubrique Autopilot puis à activer l’option « Assistance au maintien de cap (bêta) ». Après avoir accepté les conditions générales, l’Autopilot sera disponible sur votre profil utilisateur.
Pour activer l’Autopilot, poussez deux fois le levier à droite du volant vers le bas (oui, le même que pour la marche arrière). Sur l’écran, les lignes autour du véhicule deviendront alors bleues. Pour désactiver l’Autopilot, freinez légèrement ou utilisez le levier. Enfin, pour faire rire vos amis, appuyez 4 fois sur le levier pour activer le mode arc-en-ciel (1 appui permet d’avoir le régulateur de vitesse classique).
9. Attention en stationnement, une Tesla est difficile à garer
Ultra connectées, les Tesla intègrent une multitude de capteurs censés faciliter leur stationnement. Les voitures de la marque californienne peuvent biper de tous les côtés et diffusent ce qu’il se passe derrière sur l’écran, grâce à des caméras. Depuis 2023, la technologie Tesla Vision estime aussi en centimètres la distance entre chaque côté du véhicule et un obstacle.
Le problème est que toutes ces technologies peuvent être contreproductives. Tesla Vision est souvent imprécis, tandis que les bips peuvent rapidement faire peur pour rien. Comme si cela ne suffisait pas, sachez que toutes les Tesla sont longues et qu’il ne s’agit pas des véhicules qui braquent le mieux. Si vous n’avez pas l’habitude des grands véhicules (comme nous, avouons-le), vous pourriez parfois paniquer lorsque vous essayerez de garer votre véhicule sous la pression des conducteurs impatients derrière. Évidemment, c’est comme tout, on finit par s’y faire.
10. La recharge, le point fort de la Tesla
Enfin, la recharge est certainement un point qui vous inquiète si vous découvrez les véhicules électriques pour la première fois. On vous rassure : il n’y a vraiment pas de quoi paniquer. Le GPS de la Tesla intègre un planificateur qui vous dit quand s’arrêter pour charger. On vous recommande quand possible d’opter pour les Superchargeurs Tesla, plus rapides et super simples à utiliser puisqu’ils intègrent directement l’embout à brancher dans le véhicule. La facturation est alors envoyée au loueur, qui peut vous les facturer ou les intégrer au contrat.
Dans certains Superchargeurs Tesla, on vous recommande de bien vérifier ce qu’il y a écrit sur l’écran avant d’éventuellement quitter le véhicule. Certaines bornes ne rechargent pas à 100 % par défaut, il faut donc forcer la recharge intégrale sur l’écran (sans l’application, impossible de le faire a posteriori).
Enfin, si vous souhaitez recharger ailleurs ou à la maison, les câbles et adaptateurs sont généralement dans un des deux coffres (il y en a un devant et un derrière, ils peuvent être ouverts avec l’écran ou avec le contrôle vocal sur la molette droite du volant). Encore une fois, la principale limite vient de l’absence d’application. Impossible de suivre en temps réel sa recharge ou de recevoir une notification quand il est l’heure de repartir sans elle.
Bonus : ouvrez la ToyBox, pour le spectacle et les prouts
Dernière chose, les Tesla intègrent une application nommée ToyBox. Dans cette dernière, vous trouverez toutes les fonctionnalités improbables imaginées par les équipes d’Elon Musk. Changement de la couleur du véhicule sur l’écran, mode père Noël, mode Mars, autopilot en arc-en-ciel, mode dessin, mode romance… Il y a même une machine à prouts, pour faire des blagues à un ami, ou un mode spectacle, pour que la voiture vous fasse une chorégraphie quand vous êtes dehors. Ce serait bête de ne pas en profiter.
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