La filiale d’Alphabet (Google) revoit ses objectifs : les camions autonomes ne sont plus sa priorité. Officiellement, ils ne sont pas abandonnés. Dans les faits, toutefois, l’entreprise semble y renoncer pour de bon.

La voiture autonome, oui, les camions autonomes, non. Ou, du moins, beaucoup plus tard. Voilà en somme la décision que prend l’entreprise américaine Waymo, filiale de d’Alphabet, afin de recentrer ses activités dans la conduite sans pilote humain. Ce n’est pas un renoncement définitif, assure la compagnie, mais le reflet d’une redéfinition des priorités sur ce segment de plus en plus compétitif.

« Nous allons repousser le calendrier de nos efforts commerciaux et opérationnels sur le transport routier, ainsi que la plupart de nos développements techniques sur cette unité commerciale », annonce le groupe dans un communiqué le 26 juillet. Ses efforts vont se focaliser sur les « robotaxis », des véhicules individuels qui servent à du covoiturage, sans automobiliste à bord.

Waymo assure que ce n’est que partie remise : « Nous continuons à voir une opportunité commerciale future significative pour notre solution de camionnage ». En particulier, la collaboration avec Daimler Truck North America va se poursuivre « pour faire avancer le développement technique d’une plateforme de camion autonome. »

Une manière de tuer discrètement son activité ?

La communication de Waymo est toutefois remise en question par les actes de Waymo, que rapporte la presse américaine. Techcrunch et Ars Technica relèvent des indices suggérant que derrière la bonne figure que veut donner la société, c’est en fait la fin pure et simple du programme. L’annonce du 26 acterait le débranchement du projet, sans le dire.

Nos confrères pointent par exemple que l’essentiel du personnel a été réaffecté à d’autres tâches dans l’entreprise — seule une équipe résiduelle demeure, a priori davantage pour liquider ce qui reste des ambitions dans le camion qu’autre chose. Le site web a perdu les mentions relatives au camion — certaines pages ont également disparu, ce qui n’est pas bon signe.

Source : Waymo
Un camion Waymo. // Source : Waymo

Depuis l’émergence de la conduite autonome il y a un peu plus de dix ans, c’est dans le transport routier que des développements parmi les plus prometteurs étaient cités. Le secteur imaginait des flottes de camions circulant les uns à la suite des autres, comme des sortes de trains de marchandises, sur autoroute, avec le rêve de bouleverser la logistique et l’approvisionnement.

Les camions autonomes ont commencé à faire vraiment parler d’eux en 2017, avec des essais de plus en plus ambitieux, y compris sur route. Comme les voitures, les poids lourds étaient aussi largement équipés en capteurs et processeurs pour être en mesure de comprendre aussi bien que possible leur environnement immédiat et prendre des décisions efficaces, en temps réel.

L’autonomisation dans le transport routier soulève toutefois des problèmes sociaux importants. Rien qu’aux USA, on estimait en 2021 qu’il y avait un peu moins de 2,1 millions de personnes employées comme conducteurs de poids lourds et de semi-remorques, selon le Bureau of Labor Statistics. Autant de postes qui sont sous la menace d’une suppression, à plus ou moins long terme.

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