La voiture électrique est-elle vraiment un atout ? C’est le bronx dans la tête des Français, et ce n’est pas forcément leur faute. Cet article est extrait de notre newsletter « Watt Else ».

Pour s’abonner à la newsletter Watt Else de Numerama, c’est ici et c’est gratuit. Recevez chaque numéro, garanti 100 % sans langue de bois, dans votre boite mail tous les jeudis.

« Je peux charger mon iPhone ou ça va utiliser la batterie de la voiture ? », « Ah t’as dépensé que 20 % de batterie là ? », « C’est galère pour charger ? », « Sur l’autoroute tu charges en combien de temps, deux heures, trois heures ? ». Quand on conduit une voiture électrique au quotidien et que l’on prend des passagers non habitués, ces questions sont communes. Celles que vous venez de lire font partie de la quinzaine échangée lors d’un trajet en Tesla Model 3 le week-end du 3 juin. 

En tant que conducteur et early adopter (nous sommes encore moins de 200 000 à conduire une Tesla en France), j’y réponds avec plaisir, avec tout le sérieux et la sincérité que je puise apporter. L’électromobilité est une mission pour changer nos déplacements à grande échelle. Elle passera par les transports en commun, l’électrification du parc automobile et l’adoption de mobilités urbaines pertinentes pour les villes. L’éducation à ces nouvelles mobilités est, pour moi en tant qu’individu, pour Vroom en tant que rubrique et pour Watt Else en tant que newsletter, une véritable nécessité. Et la France semble en avoir bien besoin.

Breaking : la voiture électrique peut se recharger !

Dans un sondage organisé par le gestionnaire autoroutier Sanef, il apparaît que « pour 75 % des sondés, le principal frein identifié reste le manque d’autonomie. De plus, 71 % des Français et 42 % des propriétaires de véhicules électriques, pensent encore que les véhicules électriques ne sont pas « adaptés pour une conduite sur l’autoroute. » De cette information, on peut retenir deux choses :

  • D’une, les Françaises et les Français n’ont pas assez d’information sur les voitures électriques
  • De deux, même les conducteurs de ces véhicules ont intégré des idées reçues sur le véhicule qu’ils conduisent. 

Et pour cause, sur le sujet précis de l’autonomie, c’est tout un état d’esprit qu’il faut effacer : celui qui nous vient de l’ère smartphone et où l’on a intériorisé la batterie comme un problème. La notion de kilomètre d’autonomie est complètement galvaudée et ne se poserait jamais au sujet des voitures thermiques : « combien de kilomètres tu peux faire avec un plein ? 500 ? 600 ? Et après ? » Eh bien après, tu vas à une station service, tu refais un plein et tu repars. 

Tesla Model 3  // Source : Tesla
Une Tesla Model 3 // Source : Tesla

Il y a encore des progrès à faire

Le véritable enjeu n’est pas l’autonomie du véhicule, mais de savoir si au niveau du territoire, il y a suffisamment de points de recharge pour continuer son trajet. Ces dernières années, l’offre a explosé. Sur les autoroutes, mais également dans les villes. On compte 33 000 zones de charge en France, pour plus de 170 000 prises selon Chargemap. Pour les grands trajets, le territoire est maillé sur ses grands axes avec des bornes de charge rapide qui permettent aujourd’hui de recharger rapidement, le temps d’un déjeuner et d’une pause nécessaire, et de repartir. 

Évidemment, la source de cette méconnaissance vient de constructeurs qui brouillent les pistes, en vendant par exemple des modèles de véhicule sans charge rapide, qui ne sont évidemment pas adaptés à l’autoroute. Et des médias qui s’empressent d’utiliser lesdits véhicules pour créer des reportages à charge sur la galère des électromobilistes. Tout comme les opérateurs des réseaux de recharge n’ont toujours pas, en grande partie, facilité l’accès à la charge : ils demandent une app, une carte, un compte… pas aussi simple qu’une pompe à essence. 

Seul Tesla a compris ces écueils et les évite depuis la première commercialisation de ses véhicules : charge rapide, réseau simple d’usage (on branche, ça charge), planificateur de trajet entraînant un repos de l’esprit. Mais les erreurs de jeunesse du monde de la mobilité électrique n’auraient pas dû faire émerger un monde de contre-vérités. Il faudra du temps et de la pédagogie pour les sortir de la tête des gens.

 Où t’étais quand je mettais des 7 € d’électricité ?

Cette question de l’autonomie n’est, en plus, que l’arbre qui cache la forêt. « Combien ça coûte de charger ? » est aussi une grande question qui n’a jamais de réponse simple. Cela amène aujourd’hui à comprendre des notions que l’on ne regardait jamais avant sur sa facture EDF et notamment le prix du kWh. Si on charge à domicile, on charge au même tarif que pour charger son smartphone ou alimenter son frigo. Si on charge à l’extérieur, on dépend du prix de la borne : généralement, plus elle sera puissante, plus le coût au kWh sera élevé. On peut faire « un plein » de 10 € à 60 €. 

On vous l’a dit : changement de mentalité ! 

D’ailleurs, « le plein » est aussi une notion à revoir, puisqu’une voiture électrique charge très rapidement jusqu’à 80 % de sa batterie : inutile d’aller plus haut pour poursuivre un trajet sur autoroute. Il vaut mieux essayer d’arriver le plus bas possible à la prochaine station. On vous l’a dit : changement de menta… bref. 

En fin de compte, les Françaises et les Français ne sont pas anti-voiture électrique. Ils ont simplement été très mal informés par la grande majorité des acteurs du marché, des médias aux constructeurs. Il est grand temps de réapprendre les bases et de favoriser un discours simplificateur sur la voiture électrique, qui doit être aussi accessible qu’une pompe à essence dans une station service. C’est notre mission. Et c’est aussi la vôtre, si vous roulez déjà en voiture électrique.

Nouveauté : Découvrez

La meilleure expérience de Numerama, sans publicité,
+ riche, + zen, + exclusive.

Découvrez Numerama+

Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.