Quel est le meilleur service pour louer une Tesla ? Répondre à cette question n’est pas facile, puisque le nombre d’acteurs qui proposent des Model 3 et des Model Y en location est de plus en plus grand. En revanche, si vous vous demandez quel est l’acteur qui les loue au plus petit prix, la réponse est souvent la même. Carrefour Location, avec son offre à 79 euros par jour (129 euros le week-end), est généralement le mieux placé dans les services comparatifs. Avec en bonus, la promesse d’une recharge gratuite sur les Superchargeurs Tesla, qui permettent de récupérer un gros pourcentage de batterie en seulement quelques dizaines de minutes.
Du 7 au 10 avril, Numerama a profité du week-end de Pâques pour tester Carrefour Location avec une Tesla Model 3. Comment se justifient les prix plus abordables du géant de la grande distribution ? Les Tesla de Carrefour sont-elles aussi complètes qu’une Tesla vendue au prix fort ? C’est ce que nous allons voir.
Des Tesla chez Carrefour ?
Comment Carrefour, le géant des hypermarchés et des commerces de proximité, s’est retrouvé à louer des véhicules électriques haut de gamme ? Nous avons posé la question à Cyrille Bouleau, le patron de la branche Carrefour Location, qui compte 900 agences en France. Méconnu de nombreux Français (les personnes que nous avons sondées associent Carrefour Location aux véhicules utilitaires), le service propose aujourd’hui plusieurs marques, avec une grosse volonté de communiquer sur le pouvoir d’achat. « On a aussi bien la Dacia à 4 euros la journée que la Tesla à 79 euros », met en avant Cyrille Bouleau.
En décembre 2021, Carrefour Location dit être parti d’une « opportunité ». Après avoir sondé ses magasins sur leurs intérêts pour les véhicules Tesla, le groupe Carrefour a décidé d’acheter 130 voitures au constructeur américain (une majorité de Model 3, pour une trentaine de Model Y). Ces véhicules ont été répartis dans 90 magasins dits « premium », ainsi que dans des destinations touristiques.
Et c’est comme ça que je me suis retrouvé avec une Model 3 noire le 7 avril.
Une agence de location au milieu d’un hypermarché
C’est à Carrefour Montesson, à 40 minutes de Paris en transport en commun, que je suis allé récupérer une voiture le 7 avril. Néophyte en locations chez Carrefour, je me suis posé de nombreuses questions sur la route (y aura-t-il une vraie agence de location sur place ? Fera-t-on un tour du véhicule ? Les employés seront-ils formés aux spécificités du constructeur électrique ?). À mon arrivée, mes questions étaient d’autant plus grandes que le parking dédié aux véhicules de location semblait abandonné au milieu de nulle part, sans aucun point de vente autour.
Après avoir demandé de l’aide à un vigile, j’ai trouvé le centre « Location ». Situé au même endroit que l’accueil, au milieu du centre commercial, il ne ressemble pas à une agence de location traditionnelle. Toutefois, les employées au comptoir semblent habituées à la tâche. Après avoir donné mon permis de conduire, signé un contrat de location et prêté une caution de 2 000 euros, j’ai été escorté au véhicule (à quelques minutes de marche du centre donc).
Après avoir fait le tour de la Tesla Model 3, quasiment neuve malgré une petite rayure sur la portière, j’ai été rassuré par les connaissances de l’employée sur le véhicule. Utilisation de la carte pour déverrouiller la porte, contrôles sur l’écran tactile, câbles de recharge fournis… Même s’il est difficile d’affirmer que l’expérience est la même dans les 90 agences Carrefour Location avec des Tesla, celle de Montesson connaît aussi bien son véhicule que les agences plus traditionnelles.
Après avoir signé un dernier contrat et noté le kilométrage de départ (puisque le prix n’est que rarement définitif chez Carrefour, nous allons y revenir), j’ai pris la route vers l’ouest de la France.
L’expérience Tesla… à 80 %
Selon mes estimations, le modèle que j’ai loué chez Carrefour coûte un peu moins de 53 000 euros (Dual Motor Grande Autonomie, jantes et intérieur de série, pack autopilote de base…). Au vu de mes faibles exigences (j’ai été habitué à conduire des voitures très classiques, comme des Polo ou des Clio), difficile de ne pas être séduit. L’intérieur est beau, le grand écran est plaisant, la capacité d’accélération est incroyable et les fonctions intelligentes ont de quoi faire rêver le geek que je suis. Mais cet article n’est pas un test de la Tesla Model 3.
Pendant une grande partie de mon trajet, j’ai utilisé la fonction Autopilot, à activer manuellement dans les réglages, pour tester la conduite autonome à la sauce Tesla. Il suffit d’abaisser deux fois le levier à droite du volant pour le déclencher. Les caméras de la Tesla détectent alors les lignes au sol et ne débordent pas, tout en s’adaptant à la vitesse maximale autorisée et aux véhicules devant et derrière. Bluffant, quand on n’a pas peur.
Cependant, après avoir consulté l’avis de personnes qui connaissent très bien Tesla, j’ai compris que la « capacité de conduite entièrement autonome » inscrite dans les réglages est un peu mensongère. Même si Carrefour m’a indiqué proposer toutes les options liées à la conduite autonome, la Model 3 louée se contente des fonctions les plus basiques, celles incluses gratuitement avec toutes les Tesla. Le vrai Autopilot, avec la sortie de voie auto, le changement de voie, les fonctions de pilotage « Summon » et la lecture des feux et des panneaux, n’est pas disponible sur les voitures de location de Carrefour. C’est frustrant, d’autant plus que l’affichage dans les menus manque de clarté.
Il y a d’autres limites à l’expérience Tesla, qui rendent la location de la voiture haut de gamme un peu moins haut de gamme :
- L’application Tesla, qui permet de déverrouiller/verrouiller la voiture automatiquement, de régler la température à distance ou de contrôler la charge, n’est pas accessible des loueurs. Ce n’est pas vraiment la faute de Carrefour, mais c’est dommage. Puisqu’il faut utiliser une carte magnétique pour déverrouiller la voiture sans l’application, cela force à faire le tour entier du véhicule pour accéder au coffre ou à la portière droite. On adorerait un mode loueur pour accéder aux fonctions basiques de l’application. Autre possibilité pour Carrefour : créer un compte par voiture et le transmettre à chaque nouveau loueur, pour qu’il accède à l’application (Tesla a un fonctionnement similaire lors de certains prêts).
- Ma voiture de location était livrée sous une ancienne version du système d’exploitation Tesla. Plusieurs fonctions cool, comme la détection d’obstacles pendant le stationnement (Tesla Vision) ou l’application Apple Music, n’étaient pas disponibles à l’aller. Pour la mettre à jour, j’ai dû la connecter au Wi-Fi et patienter une bonne heure à l’arrêt. Un peu dommage que Carrefour ne systématise pas les mises à jour de ses véhicules de prêt, pour s’assurer que chaque nouveau client bénéfice de la dernière version.
Si l’on prend la totalité de la location, j’ai adoré conduire cette Tesla Model 3 (elle me manque déjà 😥). Aucun des défauts énoncés ci-dessus n’est vraiment critique, mais mieux vaut les connaître avant de louer le véhicule. Vous ne pourrez pas frimer en sortant votre Tesla Carrefour d’une place de parking avec son smartphone, mais est-ce vraiment grave ?
Attention, la location est limitée en kilomètres
Le prix est le point fort des locations de Carrefour, mais comment se justifie-t-il ? S’il y a évidemment l’argument du groupe présent sur plusieurs domaines (il est plus facile de casser les prix quand on propose plein de services annexes — on peut par exemple faire des courses avant de prendre la route), le modèle économique de Carrefour repose surtout sur les petites lignes de son contrat de location.
Par défaut, une location de tesla chez Carrefour inclut moins de kilomètres que ses concurrents. 150 km pour une journée, 300 pour deux, 400 pour trois… Si on veut aller loin, il est probable que ce ne soit pas assez (surtout dans le cas d’une Tesla, avec laquelle on a bêtement envie de jouer). Carrefour offre deux choix à ses clients : payer plus à la commande pour augmenter le forfait kilométrique, ou payer 50 centimes le kilomètre supplémentaire lors du retour du véhicule. Pour un gros usage, la facture peut quasiment doubler.
Avant de louer une voiture chez Carrefour Location, cet élément doit être absolument pris en compte. Pour beaucoup de route (un long week-end comme le nôtre), le forfait par défaut risque de ne pas suffire.
En fonction du surplus estimé, la location peut tout de même être rentable. 50 euros pour 100 kilomètres de plus n’est pas si énorme, surtout quand on prend en compte la recharge gratuite avec les Superchargeurs Tesla (le GPS de la voiture suggère automatiquement des points de pause). Interrogé par Numerama sur cette limite, le patron de Carrefour Location dit ne pas avoir eu de retours négatifs sur ce petit kilométrage inclus par défaut. Tout en ouvrant la porte à un changement : « Peut-être qu’on s’est trompés sur l’usage de la Tesla, c’est quelque chose qu’on peut changer.»
Je reviendrai chez Carrefour Location
Après 3 jours et demi en Tesla Model 3, suis-je convaincu par la voiture électrique et le service de Carrefour Location ? Malgré quelques petits bémols, la réponse est oui. Le service de Carrefour me semble être proposé à un tarif raisonnable pour une voiture haut de gamme, ce qui me donne envie de le réutiliser pour un futur week-end ou des vacances cet été. Difficile aussi de ne pas le recommander aux personnes qui se posent des questions sur l’électrique et qui veulent essayer l’expérience.
Il n’y a plus qu’à espérer que Carrefour, habitué des opérations promo, baisse encore plus les prix et ajoutent peut-être quelques kilomètres supplémentaires à l’offre de base. Dans ce cas, il serait difficile à battre.
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