Nio a déjà fait un appel du pied aux autres constructeurs pour les convaincre de passer au « battery swapping » en décembre 2022. William Li renouvelle son invitation à utiliser ses stations d’échange de batteries, mais elle reste sans réponse des autres constructeurs pour le moment.

William Li, fondateur et patron de Nio, a pris la parole lors du forum China EV 100, qui s’est tenu à Beijing du 31 mars au 2 avril 2023. Cet événement a réuni certains des plus grands noms de l’industrie automobile chinoise. À cette occasion, Nio a pu faire un point sur les principales avancées de ses modèles sur le marché chinois et étranger. Les solutions de recharge développées par Nio ont également été à l’ordre du jour avec les bornes de recharge et les stations de « battery swap ».

Nio a déjà réalisé pas loin de 20 millions d’échanges de batteries dans ses stations automatisées. La marque est fière d’annoncer, qu’en moyenne, un véhicule Nio quitte une station d’échange de batteries avec une batterie entièrement chargée toutes les 1,9 seconde. Un succès qui n’incite pourtant pas les autres constructeurs à implanter le même système.

Nio confirme que son réseau d’échange de batteries est ouvert à tous

Nio avait déjà indiqué en décembre 2022 que les autres constructeurs pourraient avoir accès à ses stations d’échange de batteries. La première annonce n’a apparemment pas fait réagir les concurrents de Nio. Alors, face aux constructeurs chinois, lors du forum du mois d’avril, la marque a lancé un nouvel appel en réaffirmant que son réseau de stations de battery swap pouvait être ouvert à tous. William Li compare son service d’échange de batterie à n’importe quel autre service Cloud. C’est d’ailleurs pour ça qu’il l’a appelé « battery as a service ».

À l’heure actuelle, Nio a déployé 1 326 stations d’échange de batteries en Chine et a déjà commencé à implanter ses premières stations en Europe. Le constructeur prévoit déjà d’ouvrir 1 000 stations supplémentaires en Chine. L’implantation pourrait d’ailleurs aller encore plus vite si Nio arrivait à convaincre d’autres constructeurs de mettre la main au portefeuille. En parallèle, Nio a déjà établi un réseau de 14 000 bornes de recharges plus classiques en Chine, et commence l’introduction de bornes ultra-rapides allant jusqu’à 500 kW de puissance.

Le patron de Nio reste conscient qu’ouvrir ses stations de changement de batteries n’est pas aussi simple que d’ouvrir des bornes de recharge à toutes les marques : « 80 % de l’électricité de nos bornes de recharge est utilisée par d’autres marques. Il est un peu plus compliqué de remplacer la batterie. Elle doit être conçue en fonction des spécifications du pack batterie. »

Nio gère déjà deux générations différentes de batteries dans ses stations automatiques de changement de batteries. La marque considère qu’il est possible d’ouvrir le système à d’autres typologies et autres marques de batterie. Il faut toutefois que la station soit correctement programmée pour délivrer la bonne batterie au bon véhicule, ce qui prendra du temps selon Nio. C’est pour ça qu’elle propose le service dès maintenant aux autres constructeurs, afin de le rendre disponible d’ici 2 à 3 ans pour les marques concernées.

Les autres constructeurs misent plutôt sur la recharge rapide

L’avantage de la station d’échange de batteries repose sur la rapidité du système. En moins de 5 minutes, n’importe quel véhicule peut disposer d’une batterie rechargée pour poursuivre sa route. C’est moins que les 15 à 30 minutes nécessaires pour recharger de 20 à 80 % les principales voitures électriques sur des bornes rapides. Le système de battery swap est particulièrement intéressant pour les véhicules ayant une mauvaise efficience ou une recharge insuffisamment rapide, ce qui est encore souvent le cas des véhicules électriques chinois.

Nio ET7 et swap center // Source : Nio
Nio ET7 et swap center. // Source : Nio

Le principal inconvénient est que le réseau de stations d’échange doit être aussi particulièrement développé. Si les 15 à 30 minutes d’une recharge classique se transforment en 5 minutes de swap, mais incluent 35 minutes d’attente, cela n’est pas viable. Dans chaque station, il y a désormais de plus en plus de bornes, permettant de satisfaire les besoins de recharge simultanés de plusieurs véhicules. Ce n’est pas le cas du swap de batteries, qui ne traite qu’un véhicule à la fois.

Malgré les bénéfices théoriques apportés par le changement de batteries, les constructeurs ne se ruent pas réellement sur cette solution. Renault s’est déjà cassé les dents sur le sujet, en voulant être bien trop précurseur, alors que le réseau de bornes publiques n’existait pas encore. Même Tesla a fini par ranger le battery swapping dans le tiroir des projets non-viables.

Nio a bien compris que pour rendre rentable son service, il lui faudrait du soutien. Le dirigeant de Nio affiche d’ailleurs une certaine confiance auprès du média chinois The Paper : « Aujourd’hui, j’ai rencontré plusieurs patrons, et ils ont tous demandé comment coopérer. »

Il reste possible que certaines marques chinoises adoptent cette technologie pour le marché local. Aucune annonce n’a en tout cas a été formulée dans ce sens par les autres constructeurs chinois, malgré ce qu’affirme le patron de Nio. Pour le reste, les bornes de recharge et les charges à induction ont probablement plus de chance de se développer en Europe et aux USA que le changement de batterie. Surtout que le battery swapping impose forcément de louer la batterie de sa voiture, une solution que Renault a également abandonnée pour de bonnes raisons.

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