TousAntiCovid se dote désormais d’indicateurs locaux pour signaler le niveau épidémique dans la région ou le département. L’application voit toutefois son rythme d’adoption nettement ralentir.

Il y a du changement dans l’application TousAntiCovid. Depuis le 25 novembre, l’outil de traçage des contacts pour alerter le public en cas de cas contact avec une personne malade inclut maintenant un indicateur sanitaire local basé sur le code postal. Avec lui, l’internaute peut connaître l’état de l’épidémie du coronavirus dans sa région ou son département.

Cet indicateur est totalement facultatif. Si vous choisissez de l’activer, l’application vous prévient également que son utilisation s’effectue uniquement dans votre smartphone, pour filtrer les statistiques de contagiosité en fonction de l’endroit où vous vivez. L’application précise que ce code postal n’est jamais envoyé au serveur central de TousAntiCovid. Il peut en outre être supprimé à tout instant.

TAC code postal

TousAntiCovid propose désormais une vue plus locale de la situation sanitaire, en se basant sur le code postal de l’internaute.

Six critères bénéficient de statistiques affinées : trois à un échelon régional et trois à un niveau départemental.

Pour les trois premiers figurent les tensions des réanimations (c’est-à-dire le taux d’occupation des lits de réanimation à l’hôpital, mais aussi en soins intensifs ou placés en surveillance continue), le nombre de patients en réanimation et le R effectif, c’est-à-dire le nombre de reproductions du virus. S’il se situe sous 1, l’épidémie régresse. Au-dessus, elle se développe.

Les statistiques pour le département couvrent le taux d’incidence (nombre de cas atteints par rapport à la taille de la population), le taux de positivité (même chose, mais pour les nouvelles personnes testées positives au coronavirus) et enfin les cas positifs prélevés J-3 (nombre de nouveaux cas testés positifs, avec un décalage de trois jours, pour avoir une photographie plus juste de la situation sanitaire).

Stagnation des téléchargements

Ayant succédé à l’application StopCovid le 22 octobre, TousAntiCovid a évolué pour être un véritable hub informatif et pratique pour le public.

TAC statistiques

Les statistiques de l’application, en date du 26 novembre, au matin.

Outre sa fonction de base de prévenir un individu qu’il a été en contact prolongé avec une personne malade, l’outil peut générer des attestations de sortie, fournit des informations sur l’état de l’épidémie, rappelle les gestes barrières et agrège diverses actualités sur la maladie. TousAntiCovid sert enfin à se signaler comme personne malade et peut signaler aussi les centres de dépistage à proximité.

Contrairement à StopCovid, qui avait largement été boudé par la population, la nouvelle version de l’application connaît une bien meilleure carrière opérationnelle — même si le niveau d’adhésion est un peu faussé par le fait qu’il inclut d’une part les chiffres obtenus du temps de StopCovid et par le fait qu’il n’est pas dit si le nombre d’enregistrements nets inclut les re-téléchargements de l’application.

Quoiqu’il en soit, les statistiques sont sans commune mesure avec celles observées du temps de StopCovid. Néanmoins, un ralentissement important de l’adoption du logiciel peut s’observer depuis plusieurs jours — et cela, malgré les relances régulières de Cédric O, le secrétaire d’État au numérique, qui pilote politiquement le projet, et même d’Emmanuel Macron, qui en a encore reparlé le 24 novembre.

Un exemple : l’application a gagné presque 1,7 million d’enregistrements en l’espace de dix jours, entre le 1er et le 10 novembre. Mais entre le 15 et le 25 novembre, soit un créneau de dix jours également, la progression n’a été qu’un peu supérieure à 770 000. Selon la mise à jour la plus récente de TousAntiCovid, survenue le 26 novembre à 10h40, il y a aujourd’hui un peu plus de 9,7 millions d’enregistrements.

Cette forte décélération n’est pas tout à fait surprenante : toutes les personnes qui étaient disposées à télécharger TousAntiCovid l’ont sans doute déjà fait. C’est désormais dans le vivier des personnes réfractaires qu’il faut que l’application parvienne à percer, mais c’est loin d’être acquis, dans la mesure où l’application continue de faire polémique (outre le fait qu’elle n’est pas interopérable et qu’elle n’est pas infaillible).

Objectif : 15 millions d’enregistrements

L’objectif du gouvernement est de parvenir à atteindre le seuil des 15 millions, comme le répète souvent Cédric O dans les médias et sur les réseaux sociaux. Pourquoi ? Car cela représentera alors 20 % de la population et, en se basant sur les modèles de l’INSERM. Alors surviendrait alors un « impact extrêmement significatif en termes de ralentissement de la propagation de l’épidémie ».

Mais pour avoir un tel impact, encore faut-il que l’application TousAntiCovid soit utilisée correctement en temps et en heure. Or, comme nous l’avions déjà souligné du temps de StopCovid, il y a une ribambelle de conditions préalables à respecter pour que ce traçage des contacts numérique fonctionne. Par exemple, il faut avoir un smartphone. Or, il y a en France une personne sur quatre qui n’en a pas.

Autre limite : les conditions de fonctionnement de TousAntiCovid.

Pour établir le degré de proximité entre deux personnes, l’application se base sur le signal Bluetooth envoyé d’un smartphone à l’autre. Le contact est validé lorsque la distance est d’un mètre ou moins et pendant un quart d’heure. Or, ce scénario avec un tiers qui n’est pas de son entourage est loin d’être d’être le plus courant. Ce sont plutôt des proches qui sont dans ce cas de figure.

Or, y aurait-il besoin d’une application mobile pour alerter votre famille ou vos amis que vous êtes malade ? Vous utiliseriez plutôt les réseaux sociaux, les mails, un coup de fil ou tout simplement la voix si vous partagez le même logement pendant le confinement. Et en plus, il ne faut pas oublier qu’il y a aussi un traçage des contacts plus artisanal, qu’effectue l’Assurance Maladie, en appelant les individus.


Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.