Avec le Ford Edge Vignale 2017, le constructeur américain propose un état de l’art de ses dernières technologies. Nous les avons testées.

Il n’y a pas à dire, les SUV ont la côte. Le format qui donne un aspect cool et branché au monospace des années 1990 est un must-have pour tous les constructeurs, tellement populaire chez les clients qu’il est celui que Tesla a choisi pour son deuxième véhicule grand public. Et en effet, un SUV ressemble à une voiture longue distance idéale : son habitacle est démesuré et confortable, son coffre est énorme et les constructeurs essaient de lui donner une motorisation et des caractéristiques suffisante pour ne pas gâcher le plaisir de celui ou celle qui prend le volant.

En janvier 2017, Ford a sorti la version Vignale de son Edge, le SUV haut de gamme de la marque. Cette nouvelle finition est donc à peu près le haut de gamme du haut de gamme : elle embarque, dans une carrosserie mise à jour, à la fois la meilleure motorisation et les logiciels les plus avancés du constructeur. C’est ce qui nous intéresse particulièrement sur Numerama : nous avons demandé à Ford le véhicule le plus avancé de leur gamme qui s’impose, en quelques sortes, comme l’état de l’art de la technologie chez l’Américain.

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L’objectif, pour nous, est clair : il s’agit de voir comment des constructeurs qui ont plus de 100 ans d’expérience se positionnent derrière un Tesla qui mêle un plaisir de conduite inégalé grâce à un moteur électrique qui est une véritable fusée, des options d’assistance et de pilotage automatique en avance sur la concurrence et un système de contrôle entièrement déporté sur un grand écran tactile central. Le prix des véhicules entre aussi en considération : la Model S que nous testions en mai dernier avoisinait les 160 000 €.

Le Ford Edge Vignale 2017, dans la configuration testée (210 chevaux, toit ouvrant, sièges chauffants), coûte 58 950 €. Nous avons fait un trajet de Paris à Étretat par autoroute, puis d’Étretat à Paris en alternant petits chemins de campagne, nationales, départementales et rives de la Seine. En tout, nous avons fait à peu près 500 km. La note à la station d’essence au retour s’élevait à 62 € et il restait à peu près un quart du réservoir.

C’est grand

La première réaction quand on se trouve en face d’un Ford Edge Vignale répond à la taille de l’engin. Dans cette finition, avec un capot rehaussé, on a l’impression de se retrouver face à un pick-up qu’on croiserait sans hocher les sourcils dans le Texas, moins dans les rues de Paris. Le SUV est particulièrement bien fini, de la peinture à la carrosserie en passant par l’intégration de l’habitacle — tout est soigné et ajusté. On sent la maîtrise de Ford sur ces modèles et l’attention portée aux détails.

Alors qu’on se demande déjà comment on va bien pouvoir le garer dans les petites rues de la capitale française, on passe à l’intérieur qui est aussi… grand. L’habitacle 5 places est spacieux et le coffre va vous permettre de mettre des kilos de valises sans trop réfléchir. Si vous partez à deux, les sièges arrière peuvent se replier (un bouton est prévu) jusqu’à être en position horizontale. Nous n’avons pas essayé, mais à vue d’œil, cela permettrait sans trop de souci de mettre un matelas fin et de dormir à l’arrière. D’autant qu’avec le toit panoramique, cela peut permettre de faire une soirée à la lumière des étoiles sans s’embêter avec une tente.

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Le confort n’est pas non plus en retrait. Au poste de conduite et sur le siège passager, tout est réglable avec plusieurs poignées électroniques sur le côté du siège. La position est ajustable jusqu’à avoir un siège couché ou bien loin au-dessus du capot, histoire de voir très loin et très près sur la route. Le siège n’est pas massant à proprement parler, mais le bas du siège se gonfle : cela permet d’avoir une position très confortable, un poil cambrée et vraiment reposante au volant. On ne voit vraiment pas le temps passer et on sent bien moins la fatigue musculaire sur les longs trajets. Notez que par temps froid, les sièges chauffants / climatisants sont un régal, avec leurs trois niveaux de température.

Contrairement à Tesla qui avait été épinglé sur ce point, Ford multiplie les rangements intérieurs. Vous en aurez de tous les côtés : au milieu, entre les sièges, à droite et à gauche des places avant. Vous pourrez stocker tout et n’importe quoi — il y a même un espace plutôt grand au centre, sous un premier tiroir, qui peut servir de poubelle commune à tout l’habitacle.

Ford a prévu de nombreux rangements intérieurs

Il est possible de paramétrer les lumières d’ambiance, mais également l’ouverture du toit (ou du volet qui masque le toit panoramique). À l’intérieur, l’isolation par rapport à l’extérieur est bonne même si, moteur thermique oblige, le bruit n’est pas complètement annihilé par l’habitacle. Ford nous a affirmé sans que nous ayons bien pu le tester que ces modèles haut de gamme étaient équipés d’une technologie de réduction de bruit active — la même que l’on retrouve dans les casques de la plupart des constructeurs audio. Elle écoute ce qui se passe à l’extérieur et diffuse des fréquences inverses dans l’habitacle. L’effet est censé réduire les bruits sourds — notamment ceux des camions. En pratique, cela ne se perçoit clairement pas comme dans un casque où l’effet est flagrant.

L’assistance imparfaite mais intelligente

C’est en roulant avec les technologies des autres constructeurs qu’on se rend compte à quel point Tesla a de l’avance. Aucun concurrent, aujourd’hui, ne parvient à donner une confiance aussi grande au conducteur dans les capacités de son véhicule. Et c’est tout l’enjeu, au fond : c’est en vous apercevant de ce que la voiture peut faire que vous apprenez à lui faire confiance tout en gardant l’attention demandée par le constructeur. Tesla réussit un tour de force avec sa technologie Autopilote que les constructeurs plus anciens tentent tant bien que mal d’égaler.

Quand nous avons testé le Q7 d’Audi, il nous a semblé que l’Allemand mettait clairement en danger le conducteur avec ses assistants à la conduite. Entre les fois où la voiture accélérait au lieu de freiner et l’absurdité du fait de laisser le GPS guider les commandes (s’il vous détecte mal, il peut freiner sur l’autoroute en pensant que vous êtes sorti…), Audi a encore vraiment des progrès à faire. Ford, de son côté, est très loin également, mais signe une copie plutôt bien pensée.

En effet, nous avons trouvé que le constructeur amenait les assistances à la conduite de niveau 2 avec intelligence. La première assistance est le régulateur de vitesse adaptatif. Vous le réglez à une vitesse maximale (par exemple 130 km/h sur autoroute) et il va s’ajuster automatiquement à la voiture qui vous précède. Si elle va à 120, vous irez à 120. Il est possible de régler la distance à laquelle vous laisse le Ford Edge Vignale du véhicule qui le précède. Cette technologie s’appuie sur un système de radar et une caméra à l’avant, qui est positionnée à l’extérieur du véhicule.

Quand les conditions sont réunies, il faut reconnaître qu’elle fonctionne à merveille. Nous n’avons jamais été surpris ou effrayés par des mouvements brusques. Quand une voiture s’est rabattue un peu trop tôt, la Ford a ralenti doucement, sans jamais nous mettre en danger. Cela dit, Ford a fait une erreur de conception grossière en mettant sa caméra à l’avant du véhicule, sur la calandre. En effet, par temps de pluie, elle s’embue rapidement. Dès lors, le régulateur s’arrête sans crier gare et il est impossible de le remettre en marche même si le temps s’éclaircit : il faut s’arrêter pour « contrôler le matériel ». En pratique, passer un coup de chiffon suffit, mais on se demande bien pourquoi Ford n’a pas choisi de mettre cette caméra avant derrière le pare-brise, comme ses concurrents.

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La technologie de maintien de la voie, qui est aussi gérée par la caméra avant, a une philosophie inverse à celle de Tesla : ce n’est pas elle qui a besoin d’un conducteur en cas de problème ; elle a été pensée pour être la solution en cas de problème avec le conducteur. Quand elle voit les lignes de la route, des lignes vertes s’affichent sur le tableau de bord. Pas de son quand la fonction se désactive ni quand elle s’active : ce n’est pas vraiment un passage de relai à la voiture mais plus une manière de rester au milieu de la voie la plupart du temps. Nous n’avons pas du tout compris pourquoi, dans certains cas, la voiture ne voyait pas les voies alors que nous les voyions parfaitement — ni pourquoi elle voyait des lignes particulièrement effacées sous la pluie qui nous étaient au mieux indistinctes.

Pour corriger la trajectoire, la Ford Edge Vignale ne s’appuie pas sur un logiciel qui va la guider à suivre des courbes. Le matériel embarqué en serait très largement capable, mais Ford a choisi de fonctionner par coups : vous avancez en ligne droite dans un tournant et la voiture va faire comme si elle butait contre un mur invisible. Elle reste bien dans la voie, certes, mais en donnant plusieurs coups de volant pour se recentrer au lieu de rester au milieu dans une courbe parfaite. Signe qu’elle n’a pas été conçue comme une solution A s’appuyant sur le conducteur, la technologie de Ford vous alerte à la cinquième remise dans le droit chemin : « Conducteur fatigué ! Faites une pause ». Malheureusement, aucune mise à jour n’est possible sur cette partie-là, ni par l’utilisateur, ni par le concessionnaire.

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Mais toutes ces critiques mises à l’écart, on ne peut que reconnaître qu’à défaut d’être un bon autopilote, le système de Ford est un excellent copilote. Associé à des rétroviseurs qui indiquent les angles morts et un détecteur de collision qui positionne visuellement sur le tableau de bord et par un son spacialité les chocs à venir, il enlève bien des ennuis au conducteur. En conduisant un Ford Edge, on réfléchit moins, on se fatigue donc moins et on finit par être nécessairement plus attentif aux vrais dangers et plus efficace au volant.

La conduite est d’ailleurs loin d’être désagréable : le constructeur s’est plié aux règles sur l’émission de CO2 et le Ford Edge embarque donc un moteur à 4 cylindres accompagné de deux turbos. S’il est lent à l’accélération, une fois lancé sur autoroute, aucun dépassement ne devrait vous faire peur. On reste toutefois loin de la puissance jouissive d’une électrique en termes de ressenti — même en mode sport qui permet de passer les rapports manuellement grâce à des gâchettes sous le volant. Ford a promis son iconique Mustang en modèle tout électrique pour 2020 : nous avons hâte de l’essayer. Pour l’heure, le véhicule polluant au diesel et pépère sur la route reste une priorité rationnelle pour la marque.

Oh, et si vous vous demandez depuis le premier paragraphe comment nous avons réussi à garer ce monstre à Paris, la réponse est simple : il se gare tout seul. En bataille ou en créneau, vous parcourez simplement les rues avec la recherche de place activée. Quand il trouve un endroit à sa taille, il vous le signale, vous demande d’avancer et de lâcher le volant. Vous passez la marche arrière et vous n’avez plus qu’à lâcher le frein (et à l’arrêter au bon moment) : tout le reste est effectué par la voiture. La précision du véhicule est bluffante et il ne s’arrêtera pas avant d’être parfaitement aligné par rapport au trottoir.

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Sync 3, Android Auto, CarPlay : vous avez le choix

En proposant des mises à jour quasi-hebdomadaires à ses clients, Tesla a changé les standards de l’informatique embarquée à bord d’un véhicule. Ford était de l’ancienne école sur Sync 2 : vous achetez un véhicule avec un système d’exploitation fixe. Cette pratique a été abandonnée avec Sync 3 : les mises à jour du logiciel peuvent être téléchargées en Wi-Fi. Pour offrir des options logicielles mieux suivies à leurs clients, les constructeurs ont aujourd’hui la possibilité de rendre leur système de bord compatible avec CarPlay et Android Auto, les solutions d’Apple et de Google.

Le Ford Edge, livré avec la dernière version 3 de Ford Sync, est compatible avec les deux standards qui s’imposent petit à petit. Vous pouvez alors utiliser au choix le système embarqué ou, plus avantageusement, celui proposé par votre smartphone. Pour l’activer, il vous suffit de brancher votre smartphone en USB au véhicule : il va alors dupliquer son écran sur le tableau de bord. Ce n’est pas une fonction débloquée dans le véhicule, mais bien l’interface de votre smartphone : si vous changez d’application sur votre iPhone par exemple, CarPlay changera également d’affichage.

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En pratique, Sync 3 est bien pensé avec ses gros boutons, mais son interface gris-bleu fait penser à un truc de voiture. L’expression est venue en discutant avec un collègue de ces interfaces : elles ont un petit côté rassurant parce qu’elles sont ce que font les constructeurs depuis des années, mais elles sont complètement désuètes si on les compare aux standards actuels de l’informatique, fixe ou mobile. On préfère très nettement l’interface d’Apple, sobre, efficace et connue. Vous retrouverez toutes vos applications favorites et vous pourrez faire des actions sur votre iPhone et les retrouver sur votre tableau de bord immédiatement.

Le smartphone devient donc une sorte de périphérique de la voiture et c’est très bien comme cela : l’écran des Ford Edge est dans le haut du panier de ce que nous avons pu voir, mais il est en-dessous de la réactivité des smartphones. Exemple : impossible de faire un pincer et zoomer, l’écran n’étant pas multipoints. Notez que sur ce point, Tesla est à la ramasse aussi avec son système propriétaire qui en jette sur son écran de 17 pouces, mais qui contraste avec l’excellence du reste du véhicule avec ses lags. On préfère nettement la possibilité offerte par un CarPlay ou un Android Auto, qui transforme en plus toutes les actions disponibles en commandes vocales, exécutées par Siri ou Google Assistant / Now.

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De l’aveu de Ford, cette direction est une aubaine pour les constructeurs : la plupart des clients préfèrent les interfaces tactiles et les systèmes de type CarPlay ou Android Auto. Côté constructeur, c’est une double économie qui se profile : elle permettra à terme d’arrêter de multiplier les boutons physiques dans l’habitacle (qui coûtent une fortune à installer) au profit d’un écran tactile et de baisser l’investissement côté logiciel pour s’assurer de la compatibilité avec des partenaires technologiques.

C’est la direction la moins mauvaise pour ne pas se retrouver à la ramasse alors que les attentes des clients changent et que les technophiles commencent tout juste à s’intéresser à l’automobile.

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Photos, vidéos et gifs : Victoria Duchatelle / Louise Audry

Le verdict

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8/10

Ford Edge Vignale 2017

Avec sa révision 2017 du SUV Edge, proposé dans la gamme Vignale, Ford joue une très belle carte. Le véhicule est agréable à conduire et spacieux, les logiciels d'assistance à la conduite sont agréables et bien pensés et l'intégration de CarPlay et Android Auto changent radicalement l'expérience à bord. 

On regrette que Ford n'aille pas plus vite sur l'électrification de tels modèles ou que le constructeur fasse encore des erreurs bêtes sur certains points (la caméra avant à l'extérieur...). Mais pour un véhicule de son temps, le Ford Edge essaie et prend souvent la bonne direction. 


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