La France modernise sa stratégie spatiale, notamment sur le volet militaire. Le 12 novembre, Emmanuel Macron a présenté les grandes lignes du plan. Au menu : des patrouilleurs dans l’espace, des lasers et des brouilleurs sur Terre, mais aussi des radars pour ne rien manquer.

Dans l’espace, personne ne vous entendra crier, mais tout le monde pourra vous épier. Du moins, si rien n’est fait sur le terrain de la défense spatiale. La France, à ce titre, n’entend pas rester les bras ballants face à la militarisation et l’arsenalisation de ce milieu particulier, qui débute à 100 km d’altitude et qui s’étend théoriquement à l’infini.

C’est dans ce cadre que le gouvernement a lancé, ce printemps, le chantier de la modernisation de sa stratégie spatiale nationale, et notamment son volet défense. C’était nécessaire : il faut remonter à juillet 2019 pour retrouver la dernière mouture de la stratégie spatiale de défense française. Or, en six ans, le paysage géopolitique a beaucoup évolué.

C’est d’ailleurs ce qu’a souligné Emmanuel Macron, le 12 novembre 2025. Le président de la République, en déplacement à Toulouse pour inaugurer le Commandement de l’espace, a présenté les grandes lignes du plan, tout en pointant la menace planant — littéralement — au-dessus de nos têtes. Et un pays en particulier a été pointé du doigt : la Russie.

« Nous vivons l’espionnage, par exemple par la Russie, de nos satellites par des vaisseaux patrouilleurs, les brouillages massifs de signaux GPS, les attaques cyber contre nos infrastructures spatiales, les essais de missiles antisatellites, et le développement d’armes antisatellites à effet de zone contre les constellations », a égrainé le chef de l’État.

Il a aussi cité, sans s’étendre, « la menace russe particulièrement choquante d’armes nucléaires dans l’espace, dont les effets seraient désastreux pour le monde entier ». Ce sujet, démenti par Moscou, avait défrayé la chronique début 2024, mais il reste d’actualité, en particulier à cause du profil douteux du satellite Cosmos-2553.

Développement d’une défense active

Cet accroissement des menaces vers, dans et depuis l’espace ne date pas de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, fin février 2022, mais il connait cependant une accélération depuis. Mais au-delà du cas particulier de la Russie, il y a aussi d’autres compétiteurs ou adversaires à contrer et, plus largement, la nécessité de garder une autonomie dans l’espace.

Or, pour être autonome dans l’espace, il faut pouvoir savoir ce qui s’y passe et, surtout, avoir les moyens d’être dissuasif et, le cas échant, d’intervenir. Le chef de l’État a donc évoqué plusieurs programmes pour l’avenir, qui seront soutenus en particulier par une rallonge de 4,2 milliards d’euros réservés au spatial pour la période 2026-2030.

Ce montant, acté lors de l’actualisation de la loi de programmation militaire, doit ainsi aider à « [investir] dans des moyens d’action depuis le sol et l’espace, en respectant le droit international, mais sans naïveté aucune », a déclaré Emmanuel Macron. Par exemple, pas question pour la France de se livrer à un tir antisatellite, comme la Russie.

démo toutatis vidéo
Vue d’artiste du projet TOUTATIS. // Source : Agence de l’innovation de défense

Ainsi, « la France continuera de promouvoir le respect des règles, l’usage responsable de l’espace, l’adoption de nouveaux principes de conduite », a ajouté le chef de l’État, citant le moratoire de 2022 sur les tirs antisatellites. On parle ici de missiles destructifs qui ont la fâcheuse tendance à générer des débris qui finissent par polluer l’orbite de la Terre.

À la place, deux axes d’effort sont poursuivis à court terme pour se doter d’une « défense active ». D’abord, les premiers satellites patrouilleurs français seront lancés en 2027, notamment Orbit Guard et Toutatis. Leur rôle : « surveiller, inspecter et, si nécessaire, contrer les menaces en orbite », a détaillé le chef de l’État.

Ensuite, Emmanuel Macron a aussi mentionné l’arrivée prochaine des « premières capacités d’action vers l’espace ». Ceux-ci seront à base de lasers et de brouilleurs, pour aveugler les satellites adverses ou les empêcher de fonctionner correctement. Cette piste n’est pas neuve : elle figure dans les annexes du projet de loi de finances pour 2026, par exemple.

Sur le volet de la surveillance de ce qui se passe dans le ciel, Emmanuel Macron a rappelé l’arrivée du radar Aurore pour la surveillance spatiale (qui viendra succéder au radar GRAVES) et le programme Jewel, en coopération avec l’Allemagne, afin d’avoir une capacité européenne d’alerte avancée face à un tir de missile, en vue de l’intercepter.

Car le chef de l’État en est convaincu : « La guerre d’aujourd’hui se joue déjà dans l’espace et la guerre de demain commencera dans l’espace. Soyons prêts. Ce sera une condition du succès des opérations militaires à terre, dans les airs et dans les mers. »

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+
Toute l'actu tech en un clien d'oeil

Toute l'actu tech en un clin d'œil

Ajoutez Numerama à votre écran d'accueil et restez connectés au futur !


Pour ne rien manquer de l’actualité, suivez Numerama sur Google !