Nous sommes en marge du sommet de l’OTAN le 15 octobre 2025, et les ministres des Armées français et allemand signent conjointement l’accord de mise en œuvre relatif au projet Odin’s Eye.
Pas d’annonce en grande pompe pour la nouvelle ministre des Armées Christine Vautrin, mais une avancée significative dans un projet qui vise à donner à l’Europe la capacité de détecter rapidement d’éventuelles attaques de missiles.
Avant elle, Sébastien Lecornu avait notamment porté ce projet lors d’un déplacement en Allemagne.
Au-delà de sa dimension militaire, Odin’s Eye revêt une portée stratégique et géopolitique : s’affranchir de la dépendance européenne à l’égard des États-Unis dans le domaine de la surveillance militaire spatiale.
Ce que prévoit Odin’s Eye
Les documents de présentation du projet, datés de 2022, fixent un champ d’action relativement large : « l’alerte rapide, le renseignement technique, les systèmes de défense antimissile contre les menaces balistiques, hypersoniques et antisatellites, ainsi que la maîtrise de la prolifération ».
Pour remplir une partie de ces objectifs, Odin’s Eye reposera sur un ensemble de satellites équipés de capteurs infrarouges capables d’identifier la chaleur dégagée par les missiles balistiques ou hypersoniques dès leur lancement.
Imaginé comme un pilier stratégique de la défense européenne, le dispositif sera combiné à un réseau de radars basés au sol, développé parallèlement.
À terme, ces alertes devront s’articuler avec les différents systèmes déjà existants, comme le radar Nostradamus basé en Normandie, et permettre une réaction coordonnée plus rapide en cas d’attaque.
Aujourd’hui, la détection infrarouge en temps réel de l’Europe repose essentiellement sur les satellites américains du réseau SBIRS.
Au-delà des défis techniques
Si l’accord de mise en œuvre du projet Odin’s Eye témoigne d’une véritable volonté politique de coopération entre Paris et Berlin, la question demeure : se concrétisera-t-il réellement sur le plan industriel ?
Le pilotage du programme a été confié à l’industriel allemand OHB, tandis que les acteurs français ArianeGroup, MBDA, Thales Alenia Space entre autres y seront étroitement associés.
C’est justement le partage industriel qui fait vaciller d’autres programmes militaires communs des deux côtés du Rhin.
Le sujet a d’ailleurs gagné les plus hautes sphères politiques. Début octobre 2025, Emmanuel Macron rappelait que « c’est à nous [les autorités politiques, NDLR] de maintenir le cap de ce que nous considérons comme relevant de l’intérêt général franco-allemand, et de continuer à travailler à des solutions communes », alors que les tensions entre industriels ralentissent toujours le projet SCAF.
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