C’est une chose de le savoir. Ça en est une autre de le dire publiquement. Dans une prise de parole inédite à ce propos, Boris Pistorius, ministre allemand de la Défense, a directement dénoncé le comportement de la Russie dans l’espace. Il a affirmé en particulier que Moscou a utilisé deux satellites de reconnaissance pour aller espionner ceux de l’armée allemande.
Berlin critique Moscou et Pékin
Cette accusation, rapportée notamment par CNN et Sky News, a été formulée le jeudi 25 septembre 2025 lors d’une conférence sur l’espace, à Berlin. À cette occasion, Pékin en a aussi pris pour son grade, alors que le pays mène tambour battant la modernisation de son armée et de ses moyens de renseignement, y compris autour de la Terre.
Aux yeux du ministre, « la Russie et la Chine ont rapidement développé leurs capacités de guerre spatiale au cours des dernières années : [les deux pays] peuvent perturber le fonctionnement des satellites, les aveugler, les manipuler ou les détruire de manière cinétique ». Ils peuvent par ailleurs se rapprocher de leurs cibles.

D’après Boris Pistorius, les deux satellites russes mis en cause sont de la famille « Luch/Olymp » qui ont évolué à proximité des satellites Intelsat utilisés par les forces armées allemandes et par d’autres. L’interception des communications transmises par les satellites victimes n’est pas évoquée, ni si ce qui a été capté était exploitable ou non.
Jusqu’à aujourd’hui, l’intéressé n’avait jamais mentionné de tels incidents en citant ces deux puissances, ce qui constitue un certain revirement de la part de Berlin. Ces rapprochements hostiles en orbite de la Terre seraient assez récurrents, mais ces manœuvres à des fins d’espionnage ou de perturbation est la plupart du temps couverte par le secret défense.
La France a révélé aussi un incident
Il arrive cependant que des cas similaires soient déclassifiés. L’exemple clé en France est celui d’Athena-Fidus, un satellite géré par la France et l’Italie, lancé en 2014 et dédié aux communications militaires sécurisées. Fin 2018, la ministre des Armées d’alors, Florence Parly, révélait qu’un satellite russe Luch/Olymp s’était approché d’assez près d’Athena-Fidus.
L’affaire des satellites Intelsat serait assez ancienne — le site Sat Track Cam avait noté le mouvement en mars 2025, ajoutant que Moscou changerait de cible tous les deux à quatre mois. Le renseignement allemand devait, lui aussi, avoir connaissance de cela. Il revient à la fin au pouvoir politique de décider ou non de mentionner publiquement ces évènements.

La prise de parole de Boris Pistorius survient dans un contexte de tension importante entre l’Occident et la Russie en raison de la guerre incessante que Moscou mène en Ukraine. Le Kremlin est accusé de mener en parallèle des opérations de déstabilisation en Europe, avec un vrai agenda de conflit hybride, mais en restant sous le seuil d’un réel affrontement.
Ces dernières semaines, ces frictions se sont accrues avec la détection de drones russes dans le ciel polonais et des incursions de chasseurs russes dans l’espace aérien estonien. Et déjà, les survols de drones au Danemark sont suspectés d’être commandités par le Kremlin, peut-être à partir de bateaux croisant dans les parages.
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