Des documents budgétaires pour 2026 évoquent des technologies d’armes laser, pour agir depuis le sol ou l’espace contre des satellites. Un développement pas nouveau, qui s’inscrit dans un contexte d’arsenalisation de l’espace.

Des tirs de laser pour détruire des missiles et des drones, c’est désormais une réalité sur le champ de bataille. Des pays comme Israël se sont équipés pour neutraliser ces menaces aériennes. Idem aux États-Unis, en Chine, en Australie ou au Royaume-Uni. Mais il y a aussi un autre type d’arme laser qui est en projet, pour viser cette fois une cible spatiale.

C’est ce que l’on peut voir en lisant les annexes du projet de loi de finances pour 2026, et plus spécifiquement celle liée à la défense. À la rubrique sur la « prospective et préparation de l’avenir », qui aborde plusieurs domaines (aéronautique, missile, renseignement, naval, technologie transverse, etc.), le spatial est mentionné, et notamment la lutte anti-satellite.

L’émergence d’une capacité de défense active dans l’espace

Sur ce terrain, l’annexe budgétaire mentionne « l’émergence d’une capacité de défense active dans l’espace ». Plus concrètement, l’annexe évoque des travaux qui « ont pour objectif de disposer, dans un proche avenir, d’une première capacité d’action dans l’espace ». Et cela inclut des technologies d’arme laser, depuis le sol, voire dans l’espace.

Le document n’élabore pas particulièrement au-là d’une observation générale. Il est ajouté que « des études d’évaluation de technologie d’arme laser, opérant depuis la surface vers une cible spatiale seront lancées. Par ailleurs, d’autres études portant sur une mise en œuvre d’armes laser de l’espace vers l’espace sont également lancées », lit-on encore.

Cette réflexion s’inscrit cependant dans un cadre où l’espace « s’arsenalise » : des systèmes placés autour de la Terre sont suspectés d’avoir des capacités d’action beaucoup plus offensives. La Russie, par exemple, a été accusée d’avoir envoyé une « arme nucléaire spatiale » et d’exécuter des manœuvres agressives avec certains de ses satellites.

La Pologne est victime d'un espionnage sur ses agences spatiales. // Source : ESA
L’espace n’est plus seulement militarisé ; il s’arsenalise. // Source : ESA

Cette arsenalisation est la suite logique d’une militarisation qui existait déjà, avec une variété de satellites capables de servir les forces armées pour avoir du renseignement (imagerie ou électromagnétique), communiquer de façon sécurisée, géolocaliser des troupes ou aider le guidage de certains systèmes d’armes (le GPS pour la navigation des missiles, par exemple).

La « défense active » de l’espace doit toutefois surmonter un problème : il faut éviter de générer des débris, car ceux-ci pollueraient sinon l’orbite de la Terre et cela nuirait finalement à tout le monde — y compris, en l’espèce, à la France. Pas question, donc, de tirer un missile pour détruire un satellite hostile. En tout cas, ça ne doit pas être l’option première.

Dès lors, quelles sont les alternatives ?

Un satellite kamikaze contre une cible provoquerait un souci analogue. Mais d’autres pistes « bavent » moins : un robot pourrait désorbiter de force un satellite. On peut aussi imaginer le brouillage des fréquences, la dispersion de produits chimiques pour abimer physiquement les composants ou l’émission de puissantes ondes radio. Et il y a aussi le piratage.

Et il y a le laser, qui peut aveugler les capteurs optiques d’un satellite ou, s’il est assez puissant, le brûler jusqu’à provoquer une panne. Le laser, qui est ici une arme à énergie dirigée, a la côte en ce moment. Son efficacité mise à part, il est économique : mieux vaut un tir de laser pour détruire un drone qu’un tir de missile coûtant des millions d’euros.

Des travaux exploratoires déjà existants

En réalité, tout cela n’est pas nouveau. Le projet TOUTATIS (Test en Orbite d’Utilisation de Techniques d’Action contre les Tentatives d’Ingérences Spatiales) est un démonstrateur impliquant deux nanosatellites. Le premier est un satellite guetteur pour surveiller l’espace en orbite basse. Le second, très manœuvrant, doit jouer des scénarios de coopération/opposition.

Dans une vidéo de présentation, on voyait ce que pourrait faire TOUTATIS, notamment l’un des deux engins tirer un faisceau laser pour éblouir les caméras de l’autre, et donc le neutraliser. L’ordre de tir est déclenché par un opérateur depuis un centre de commandement. Avant cela, d’autres pistes étaient précédemment explorées.

démo toutatis vidéo
Source : Agence de l’innovation de défense

Comme le notait Challenges mi-2019, des études existaient depuis quatre ans, par l’Office national d’études et de recherches aérospatiales (ONERA), en lien avec la Direction générale de l’armement (DGA), qui dépend du ministère des Armées.

Il a aussi été rapporté des tirs d’essai depuis le sol sur l’un des satellites de télédétection Spot, et appartenant à la France. Ils ont permis d’éblouir les capteurs de l’engin, le rendant de fait hors service pour un temps. De son côté, l’ONERA signalait aussi son « expérience significative », évoquant à ce sujet des « des essais grandeur nature de neutralisation de satellites en fin contractuelle de vie opérationnelle ».



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