Sur les réseaux sociaux, tout le monde se moque de Aidol, le premier robot humanoïde russe dévoilé au grand public.
Dans une courte vidéo largement partagée les 11 et 12 novembre, on découvre un robot humanoïde très disgracieux, avec un très mauvais équilibre, en train de marcher sur scène. Moins de 10 secondes après son arrivée, après avoir trop penché vers l’avant, il bascule et s’effondre. Une situation déjà drôle en elle-même, qui devient encore plus ridicule lorsque les employés de l’entreprise tentent de cacher le robot avec un drap noir, qui s’est emmêlé… Bref, tout est fait pour être comique, au point de créer des doutes sur la nature de la vidéo.
Selon le média russe VGTimes, la vidéo est bien réelle. Et le monde a sans doute tort de se moquer des Russes : cette première version d’Aidol ne rivalise pas avec les robots américains (Tesla, Figure, Neo) et chinois (Xpeng), mais révèle au monde que la Russie a des ambitions robotiques qui doivent être prises au sérieux.
L’Europe a pris du retard sur l’IA et ne semble pas encore sur le terrain des robots humanoïdes
Aux États-Unis et en Chine, l’innovation s’articule aujourd’hui autour de deux actes majeurs : l’intelligence artificielle générative et les robots humanoïdes. Ces deux secteurs, qui sont en réalité liés (il faudra des modèles physiques pour donner un cerveau aux robots), pourraient représenter la plus grande révolution industrielle du siècle. UBS pronostique qu’il y aura 300 millions de robots humanoïdes en circulation d’ici 2050, quand d’autres parient plutôt sur un milliard.
Pour des géants de la tech comme Jensen Huang (Nvidia) ou Elon Musk (Tesla), les robots humanoïdes seront un jour aussi importants que les voitures : tout le monde en aura un à la maison, pour les tâches domestiques notamment.

Pour l’instant, les principales entreprises de robotique humanoïde sont aux États-Unis (surtout en Californie) et en Chine. L’Europe, malgré son retard sur l’intelligence artificielle générative, ne semble pas avoir pris conscience de l’enjeu. Il n’existe pas de programme massif de financement de startups spécialisées dans la robotique ou de fleurons européens du secteur, façon Mistral AI. Ce retard n’est pas encore critique : les premiers robots seront livrés en 2026 aux États-Unis, mais seront encore très limités, parfois même téléopérés par des humains. Le « cerveau » n’est pas encore prêt.
Aidol, même s’il ne marche pas très bien aujourd’hui, devrait provoquer un sursaut européen. Pour la première fois, nous avons la preuve que les Russes misent eux aussi sur la révolution humanoïde, malgré les embargos américains sur de nombreux composants. VGTimes raconte que le robot Aidol peut se déplacer seul, manipuler des objets et communiquer avec les humains. 77 % de ses composants seraient russes, avec un fonctionnement autonome sans connexion Internet (ce qui implique que la Russie arrive à se fournir en composants clés). Une de ses innovations phares est son visage avec 19 servomoteurs, pour répliquer des expressions humaines.

Si Aidol est tombé lors de sa première démonstration, tout laisse penser que de futures présentations pourraient bien mieux se passer (Tesla, lui aussi, avait eu des problèmes avec la première version d’Optimus). La Russie, avec l’aide de la Chine, pourrait rapidement proposer des robots humanoïdes capables d’autonomatiser de nombreuses tâches et d’attaquer le marché grand public. Dans cette première forme, son robot serait notamment capable de se déplacer jusqu’à 6 km/h et de porter jusqu’à 10 kg avec des mains en silicone. C’est moins que les fleurons américains et chinois, mais ce n’est pas ridicule.
L’Europe, après avoir raté la révolution de l’IA et celle des véhicules autonomes (qu’elle bloque toujours), doit voir en Aidol la preuve que les robots humanoïdes ne sont pas qu’une mode pour faire de l’engagement sur les réseaux sociaux. Sans robots européens et sans modèles européens, elle se condamne à utiliser des robots américains et chinois, qui ne feront qu’accroître sa dépendance technologique. Elle doit à tout prix sortir de son image de territoire qui régule, pour être aussi celui qui innove. Personne ne lui reprocherait de faire chuter ses propres robots.
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