En Chine, l’agence de planification économique alerte : le pays produit désormais trop de robots humanoïdes « très similaires », rapporte Bloomberg le 27 novembre 2025.

La Chine serait-elle en train de freiner dans l’un de ses secteurs technologiques les plus prometteurs ? Fait exceptionnel, Pékin a officiellement exprimé ses inquiétudes face à l’essor des robots humanoïdes. L’agence nationale de planification économique (NDRC) a publié un avertissement public concernant la prolifération de plus de 150 entreprises chinoises engagées dans la course aux bipèdes, rapporte Bloomberg le 27 novembre 2025.

Le robot A2 d'AgiBot, en pleine promenade. // Source : AgiBot
Le robot A2 d’AgiBot, en pleine promenade. // Source : AgiBot

Le secteur des robots humanoïdes confronté au « risque de bulles spéculatives »

Cette alerte n’émane pas de n’importe qui. La NDRC — la National Development and Reform Commission — occupe une place centrale dans l’appareil économique chinois. Placée sous l’autorité du Conseil des affaires d’État, l’institution est souvent décrite comme l’un des ministères les plus puissants du pays. Certains la surnomment même le « petit Conseil des affaires d’État ». Dans le domaine de la robotique, son influence est tout aussi déterminante : la NDRC agit simultanément comme architecte stratégique, investisseur public et garde-fou réglementaire.

« Les industries de pointe sont depuis longtemps confrontées au défi de concilier la vitesse de croissance et le risque de bulles spéculatives », a rappelé Li Chao, son porte-parole. Avant d’ajouter que « ce problème concerne désormais aussi le secteur des robots humanoïdes ». Une prise de position qui surprend, d’autant que la robotique humanoïde fait partie des six secteurs industriels que le Parti communiste a désignés comme moteurs de croissance prioritaires pour l’avenir — dans le cadre de son plan de développement de 2026 à 2030.

Mais pour la Chine, trop, c’est trop. « Plus de 150 fabricants de robots humanoïdes sont actifs en Chine et leur nombre ne cesse d’augmenter » a déclaré Li Chao. Problème : ces modèles se ressemblent tous plus les uns que les autres. La NDRC estime que le pays doit empêcher qu’un flot de robots « très similaires » n’envahisse le marché et disperse les ressources qui devraient être consacrées à la recherche, au perfectionnement technique et à l’innovation. En clair : Pékin dit oui à la croissance du secteur, mais non à la copie systématique.

La Chine demande moins de robots humanoïdes, plus d’innovation

L’arrivée massive de capitaux-risque et de subventions publiques pousse de nombreuses start-ups à se lancer à toute vitesse dans l’humanoïde — parfois davantage pour capter des financements que pour résoudre de véritables défis technologiques. Une dynamique qui alimente ce que la NDRC appelle une bulle de « redondance de bas niveau ». Résultat : des châssis humanoïdes très semblables, voire identiques, se multiplient tandis que les enjeux techniques les plus complexes sont mis de côté. Certes, quelques acteurs tirent leur épingle du jeu : Unitree avec son H1 ultra‑rapide (ou son G1 qui fait du kung-fu), Agibot avec des démonstrations techniques de plus en plus solides ou encore XPeng Robotics, qui capitalise sur son savoir‑faire automobile. Autour d’eux gravite toutefois une armée de nouveaux venus — Leju, Pudu, Robot Era, Dreame Intelligence et bien d’autres — dont les humanoïdes se ressemblent fortement, avec des conceptions mécaniques et des choix de composants souvent très proches.

Le Unitree G1 embarque jusqu’à 43 moteurs d’articulation. // Source : Unitree Robotics
Le Unitree G1 embarque jusqu’à 43 moteurs d’articulation. // Source : Unitree Robotics

Et cette mise en garde virulente n’est pas seulement symbolique : elle signe peut-être la fin du financement facile pour les jeunes pousses de la robotique chinoise. En voulant réguler pour empêcher que des entreprises fantômes ne fleurissent à profusion, la Chine semble bien vouloir éviter un scénario qu’elle a déjà connu. Les panneaux solaires, vélos, batteries ou véhicules électriques ont, eux aussi, bénéficié de subventions massives à leurs débuts, finissant par inonder le marché de copies. L’objectif n’est donc pas de freiner le secteur, mais plutôt de l’orienter pour ne pas avoir à répéter ces cycles d’excès d’investissement et de surcapacité. La NDLR garde son cap, mais définit une forme de discipline industrielle.

Les robots humanoïdes pas encore adoptés par le grand public

Autre chantier pointé par l’organe économique : accélérer l’application des robots humanoïdes dans la vie réelle. Car si certains modèles chinois montrent des prouesses indéniables — comme l’AgiBot A2, récemment entré au livre des records — leur utilisation concrète, au-delà des démonstrations virales, reste largement théorique. Un décalage qui n’empêche pas l’enthousiasme des analystes : Citigroup prévoit une croissance « exponentielle » de la production de robots humanoïdes en Chine dès 2026, rapporte Bloomberg. Même son de cloche du côté des investisseurs, dopés par l’attention médiatique autour des robots chinois. L’indice Solactive China Humanoid Robotics, qui suit les actions des entreprises liées à l’humanoïde, a bondi de 26 % cette année. Reste que cette valorisation dépend d’un facteur clé : la capacité réelle de ces entreprises à produire à grande échelle. Sans baisse drastique des coûts, l’adoption du grand public — et, par ricochet, la création de valeur — restera hors de portée.

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